Le roong poc, la descente aux champs des Giay

(VOVworld) - Chez les Giay, le roong poc est une grande fête agricole qui a lieu tous les ans, au cours du premier mois lunaire : l’occasion de clôturer en beauté les festivités printanière et d’entamer une nouvelle année sous de bons auspices.

Le  roong poc, la descente aux champs des Giay - ảnh 1

Les Giay ont coutume de s’en remettre aux divinités et aux fées, en tout et pour tout. C’est donc tout naturellement qu’ils consacrent une fête aux forces célestes dont ils espèrent ainsi s’attirer la protection.

« Par la même occasion, on rend hommage au génie tutélaire du village. De manière générale, on invoque les divinités dans l’espoir de rester en bonne santé et de bénéficier d’un temps clément et propice à l’agriculture. » nous dit San Chang, un Giay de Sapa.

Pas d’invocation aux divinités sans offrande. Le jour J, les dignitaires se rendent chez le chef du village pour préparer un plateau composé d’un canard, d’un coq, d’un jeune porc et de riz gluant, le tout étant ensuite disposé sur un grand autel, lequel est érigé sur un carré de terrain fertile.

« Les génies sont accompagnés par de jeunes servantes auxquelles il convient aussi de rendre hommage, indique Sang Chang. Le chef du village doit leur préparer des bijoux, des feuilles de bétel, des noix d’arec et des oeufs colorés. Quant aux divinités, il faut bien sûr leur offrir de la nourriture, mais aussi un fagot de bois pour faire la cuisson et un monceau de paille réservés à leurs chevaux. »

Le  roong poc, la descente aux champs des Giay - ảnh 2


Les cérémonies commencent lorsque le soleil atteint son zénith. Le maître des rituels brûle des bâtonnets d’encens et se met à invoquer les divinités.   

« Le maître des rituels invite les divinités à redescendre en ce bas monde et leur demande leur bénédiction. Les villageois espèrent ainsi s’attirer une moisson abondante. »     

C’est aux rythmes du tambour et du  pi le, une sorte de bombarde, que les rites se terminent pour céder la place à des jeux folkloriques. Lancer de balle d’étoffe et de bâton, tir à l’arbalète ou à la corde...  autant de divertissements qui sont au rendez-vous.

D’abord, on érige un mât d’abricotier au sommet duquel est accroché un cercle recouvert de papier rouge d’un côté - symbole du soleil, et jaune de l’autre - symbole de la lune. Deux équipes se forment : une équipe féminine et une équipe masculine. Le jeu est simple : il s’agit d’envoyer une balle d’étoffe à l’équipe adverse en perforant le papier !... C’est de bon augure pour la moisson paraît-il. Van Van Ngan, de la province de Lào Cai : « Le mât d’abricotier mesure entre 10 et 20 mètres de haut, alors que le cercle symbolisant le soleil et la lune est très petit : 50-60 centimètres de diamètre, pas plus ! Et il faut absolument réussir à le perforer, sinon, le village sera hanté de la malchance. »

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Le tir à la corde voit lui aussi s’affronter deux groupes : les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Ces derniers, qui symbolisent le soleil, sont toujours les vainqueurs !... Allez savoir pourquoi !... Cette règle, très incorrecte politiquement parlant à l’heure où il est de bon ton de lutter pour l’égalité des sexes, est en fait dictée par le rapport entre le yin et le yang. Si l’on veut que les récoltes soient abondantes, il faut que le yang l’emporte sur le yin, le soleil sur la lune, la force de l’homme sur... Mais pardon, je m’égare... Que les auditrices me pardonnent cet accès de virilité absolument incongru, j’en conviens.  

J’allais en oublier de vous raconter comment se termine la fête. C’est simple : deux jeunes hommes accompagnés de deux buffles descendent aux champs pour y tracer les premiers sillons. Ça y est ! Une nouvelle saison agricole a commencé !   

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