(VOVworld) - Les Gie Trieng sont un groupe ethnique composé de plus de 33.000 personnes vivant essentiellement à Dak Glei et Ngoc Hoi, deux districts rattachés à la province de Kon Tum, sur les hauts-plateaux du Centre, qui se situent en fait le long de la route Ho Chi Minh, à la frontière avec le Laos. Côté vietnamien, les Gie Trieng habitent depuis des générations aux alentours du mont Ngoc Linh. Ils sont aussi disséminés dans tout le sud-est du Laos.
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Photo : Viet Ton |
Autrefois, le village était l’unique unité sociale des Gie Trieng, une unité dont la direction était confiée à un patriarche. A l’instar des autres peuples des hauts-plateaux, les Gie Trieng sont polythéistes. Ils sont en outre convaincus que chaque chose a une âme. Yang - le ciel, en français - est leur divinité suprême. Leurs activités rituelles sont nombreuses et diversifiées, de même que les tabous et les contraintes qu’ils se sont eux-mêmes imposés, comme nous l’explique A Bê, un membre de cette ethnie:
“Auparavant, nous avions énormément de tabous et de contraintes liés à toutes sortes d’événements: une chienne qui mettait bas, un buffle, un boeuf ou un homme qui mourait… A l’époque, lorsqu’un homme mourait noyé, personne ne venait à son enterrement à part sa famille… Maintenant, des soldats sont venus et nous ont convaincus d’abandonner plusieurs de ces coutumes désuètes. Ils avaient raison et nous les avons écoutés.”
Voilà pour les coutumes qualifiées de désuètes. Pour ce qui est des traditions encore pertinentes, les Gie Trieng y tiennent absolument. Grâce aux autorités locales, chaque village Gie Trieng dispose de sa propre maison communautaire. Duong Ton Bao, un chercheur ès cultures ethniques des hauts-plateaux:
“Les Gie Trieng ont réussi à préserver bien des traditions anciennes. Dans la musique par exemple, ils conservent leur orchestre original baptisé Dinh Tut, qui est un ensemble composé de six hommes, tous habillés comme des femmes. Pour ce qui est des fêtes traditionnelles, les plus importantes visent à célébrer le riz nouveau, la maison communautaire nouvelle…”
Photo : internet
Depuis 1991, date à laquelle la province de Kon Tum a été séparée de la province de Gia Lai-Kon Tum, la vie des Gie Trieng s’améliore à vue d’oeil. Il faut dire que la présence de la route Ho Chi Minh a permis à cette ethnie de commercer avec d’autres peuples. Outre la culture du manioc et du riz de montagne, les Gie Trieng savent désormais pratiquer la riziculture inondée, planter des hévéas et des caféiers. Beaucoup se sont enrichis.
Mais modernisation ne rime pas obligatoirement avec perte des traditions. Les Gie Trieng utilisent toujours leur langue mon-khmère dont l’écriture a été latinisée. Certains habitent dans des maisons modernes mais d’autres tiennent toujours à leurs maisons sur pilotis, à leurs foyers, à leurs couvertures ou à leurs hottes traditionnelles…