Photo: LanAnh/VOV5

La grande originalité de la compétition réside dans son caractère à la fois sportif et spirituel. Sportif évidemment, parce que participer à une course de cette envergure nécessite un entraînement d’un mois au minimum, et spirituel parce que ce sont uniquement les fidèles des pagodes qui s’affrontent. La tradition veut que la course ait lieu au milieu du 10^ème mois lunaire.

Depuis deux semaines déjà, les jeunes pagayeurs se donnent rendez-vous à la pagode Tam Soc, dans le district de My Tu pour s’entraîner. Agriculteur de son état, Danh Thieu défend les couleurs de la pagode Tam Soc depuis cinq ans. Même terriblement occupé, il répond toujours présent quand le bonze gérant l’appelle pour une nouvelle compétition.

«Pagayer est ma passion. Je m’arrange pour finir les travaux plus tôt, afin de pouvoir m’entraîner avec l’équipe tous les après-midi. C’est un sport qui fait appel à la solidarité. Le pratiquer me rend heureux et fier», a indiqué Danh Thieu.

Fiers, Danh Thieu et ses camarades peuvent l’être car leur équipe compte parmi les plus performantes de la province de Soc Trang, voire de tout le delta du Mékong. Elle a concouru à l’étranger, au Cambodge, à Singapour, en Thaïlande et en Chine, notamment. Cette année, la pagode Tam Soc a sélectionné une centaine de pagayeurs expérimentés, indique Danh Can, le capitaine de l’équipe.

«Cette année, nous sommes encore plus déterminés que les autres années. Nous sommes  60 à 70 à venir nous entraîner chaque après-midi. Nous visons très haut pour la course 2017 », a-il-souligné.

L’équipe de la pagode Tum Nup, dans le district de Chau Thanh, est tout autant déterminée. Les fidèles se préparent à la course depuis un mois déjà. Le village vit au rythme des entraînements et encourage, à grands cris, les pagayeurs et les pagayeuses. Eh oui, les pagayeuses aussi, car cette année, la pagode a décidé d’envoyer, en plus de son équipe masculine, une équipe féminine. Mais la vraie nouveauté, c’est que la pirogue pluriséculaire Ke Hau a été restaurée pour la circonstance et sera remise à l’eau pour permettre à des dignitaires bouddhistes de suivre leur équipe pendant la course, explique le bonze Lam Hiep, gérant de la pagode Tum Nup.

«Nous sommes très fiers que notre équipe ait participé à toutes les courses depuis une cinquantaine d’années alors même que parfois, la vie n’a pas été facile pour nous, bouddhistes. Mais in fine, l’esprit sportif, la passion et la volonté de préserver l’identité khmère finissent toujours par l’emporter », a dit le bonze.

C’est justement grâce à cette volonté largement partagée que la course de pirogues Ok Om Bok est aujourd’hui un événement culturel majeur de la province de Soc Trang en particulier et du delta du Mékong en général.