48h avec le Cheo

(VOVworld) - Jadis, à la fin des récoltes, les villages du delta du fleuve Rouge vibraient au son du Cheo, une sorte d’opéra folklorique datant du 11ème siècle. Mais au fil du temps, cette tradition est tombée en désuétude et aujourd’hui, le Cheo ne perdure que dans la mémoire de certaines personnes âgées, voire très âgées. Autant dire qu’il y a péril en la demeure, car le Cheo est tout de même l’un des arts scéniques les plus emblématiques du Vietnam. Heureusement, des jeunes se sont réunis pour fonder un groupe, le « National Cheo Graphics », dont l’ambition est justement de sauver cet art folklorique des oubliettes.

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Le gymnase de l’École de Cinéma et de Théâtre est depuis juillet investi par une vingtaine d’étudiants venant de différentes universités de Hanoi, réunis pour apprendre à chanter et interpréter le Cheo, dans le cadre du projet « Cheo 48h », un projet parrainé par l’organisation « Moi 20 » et par le Centre de préservation des chants traditionnels. 

« Nous espérons que grâce à notre projet, les jeunes connaîtront mieux le Cheo, qu’ils comprendrons mieux cet art folklorique qui fait partie de notre patrimoine national, dit Le Thi Huyen, membre du comité d’organisation. Nous voulons transmettre les connaissances que nous acquérons durant les cours avec des artistes de Cheo. Notre souhait le plus cher, c’est que le Cheo puisse perdurer et se développer. » 

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Une classe de "Cheo 48h"
(Source: Facebook "Cheo 48h")

Un récent sondage réalisé par le groupe « Cheo-48h » montre que 80% des lycéens hanoïens n’ont jamais vu de spectacle de Cheo et que la moitié d’entre eux y voient quelque chose de franchement ringard. Il faut reconnaître à leur décharge que même les livres d’Histoire ne font presque pas mention du Cheo. Portant l'esprit protestataire des paysans contre l'autorité despotique, le Cheo était l’apanage de la paysannerie et qui s’est transmis de bouche à oreille, de génération en génération, bien loin des raffinements de la Cour. Il faut reconnaître aussi que l’apparition des médias de masse aura contribué à donner le coup de grâce à cet art folklorique qui méritait - on ne le dira jamais assez - une tout autre considération.    

Le Chèo comprend de la danse, du chant, de la musique et des paroles… Autant dire qu’il faut des artistes complets : un défi qui, visiblement, n’aura pas fait peur à nos étudiants-amateurs, à qui 10 leçons auront suffi pour commencer à devenir crédibles, la principale difficulté résidant dans l’interprétation des personnages conventionnels du Cheo. Ngo Duc Nghia, qui joue le rôle du chef du village dans l'extrait « Xa truong, Me Dop » - « Le chef du village et la femme du crieur public », nous raconte :

« Le petit extrait que vous venez d’écouter ne dure que cinq minutes. Mais pour bien l’interpréter, nous devons apprendre et réapprendre comment marcher, comment tenir le bâton, comment prononcer chaque mot, chaque phrase. Je trouve que ce rôle est vraiment difficile. Personne ne veut se transformer en quelqu’un d’aussi idiot, arrogant et libidineux. C’est vraiment un casse-tête pour exprimer tous ces caractères du chef du village. »

Parviendront-ils, ces amateurs de Cheo, à interprèter ces personnages qui paraissent si éloignés de leur quotidien ? Le Tuan Cuong, du théâtre national de Cheo, indique :

« Ils ne sont pas professionnels, mais je sais qu’ils pourront parfaitement tenir leurs rôles. L’extrait qu’ils interprètent, « Le chef du village et la femme du crieur public », est une scène phare du répertoire. Ils sauront la jouer s’ils y mettent de la conviction. Mais je ne suis pas inquiet. Ils sont jeunes, passionnés et parfaitement crédibles sur scène. Je pense que le public ne s’y trompera pas et pourra très aisément reconnaître les personnages... « Ah voilà le chef du village, voilà Thi Mau !… »

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Les apprentis du projet "Cheo 48h" en costumes traditionnels
(Source: Facebook "Cheo 48h")

Comme il faut bien aller au bout des choses, nos étudiants-amateurs se rendront bientôt dans la province de Thai Binh, dans le village de Khuoc, qui passe pour être le berceau du Cheo, histoire de mieux comprendre, encore... Mieux comprendre, pour mieux aimer, et puis mieux préserver… car comme souligne Le Tuan Cuong, « Le Cheo est né des Vietnamiens, c’est notre responsabilité de le garder, le préserver. Si tous les Vietnamiens le sauvegardent, le Cheo existera pour toujours ».

  

Commentaires

Phoenix Vu

Cet article est tres interessant et me donne beaucoup d'informations sur la musique traditionelle du Vietnam!

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