(VOVworld) - Le premier mois du nouvel an lunaire est toujours celui des festivités dans les villages du nord du Vietnam. En dehors des cérémonies et des manifestations culturelles, il y a toujours des jeux folkloriques, chaque village se targuant de posséder le sien. Magazine culture de cette semaine nous emmène à Hanoï, au village de Cao Trung, un village du district de Hoài Đức, rattaché à la commune de Đức Giang, où se pratique une sorte de colin-maillard d’un genre bien particulier.   

Photo: VOV/Thuy Hang

 

Réagissant à un long coup de sifflet de l’arbitre, trois jeunes hommes aux yeux bandés escaladent la haie de l’écurie qui se trouve au milieu du terrain. Ils inclinent la tête, essaient d’entendre les bruits que font les quatre sabots d’un bouc tout en tâtonnant dans une ambiance tumultueuse. Tout autour, la foule est enthousiaste. Ça siffle, ça rit, ça crie… Mais qui est la vedette qui suscite une telle furia ? L’un des trois jeunes hommes ? Non. C’est le bouc ! Eh oui, le bouc ! Ce jeu, c’est en fait une partie de colin-maillard qui consiste à attraper le bouc les yeux bandés.  C’est d’ailleurs la spécialité de Cao Trung. Le règlement du jeu ? Très simple, les participants ont cinq minutes, pas une de plus, pour attraper l’animal à l’aveuglette. Quant au trophé du vainqueur, il consiste en une somme de 200.000 dongs, à quoi s’ajoutent les applaudissements de la foule. Nguyễn Duy Dần, membre du comité organisateur, nous confie : « C’est notre jeu folklorique. Tout le monde peut y participer, sans distinction d’âge ou de sexe. Si les joueurs sont heureux, c’est tant mieux ! ».

On ne peut pas parler du jeu sans parler de sa vedette : le bouc. Alors, bien sûr, le bouc, la chèvre, c’est pareil. En fait, le jeu est organisé avec l’animal sacré de l’année. Cette année, c’est l’année de la chèvre, alors… Pourquoi pas une chèvre, alors ? Eh bien, là encore, la prédominance du mâle… Mais pardon, je risque de m’attirer les foudres de quelques auditrices… Quoiqu’il en soit, l’animal est très rigoureusement sélectionné, comme nous l’explique  M.Dần : « Ça nous a pris beaucoup de temps, plusieurs mois même, pour trouver l’animal. Quand c’est un bouc, on en choisit un qui pèse entre 45 et 50 kilogrammes et qui vient de la province de Ninh Binh. La rapidité du bouc et les indications des spectateurs sont la clef du jeu. Comme vous voyez, avec des yeux bandés, chaque chasseur attrape souvent les autres à la place du bouc et ça fait se marrer les spectateurs. Pour pouvoir être le vainqueur, le chasseur doit attraper n’importe quelle partie du corps du bouc et puis le soulever à 20 cm au dessus du sol.

 

A droite ! Non, à gauche !... Oui, oui, l’attraper, vite, vite ! Chaque fois que l’un des joueurs se rapproche de l’animal, les sons des gongs et des tambours se font plus tumultueux. Lê Đình Hùng, 24 ans, est aujourd’hui un chasseur :

« Oh là la ! On ne voit rien ! J’ai même attrapé l’arbitre ! Il faut dire que les spectateurs m’ont trompé exprès ! Mais j’adore ce jeu et aussi son ambiance ».

 

Petit à petit, ce jeune homme a bien tiré ses expériences.

« Oui, je suis le vainqueur. Mon secret ? J’agraffe tout d’abord les pattes arrière de l’animal. Ensuite, il faut attendre jusqu’à ce qu’il soit épuisé pour pouvoir le soulever au dessus du sol. Le bouc de cette année est vraiment difficile à vaincre. »

Photo: Internet

Avec le bouc blanc dans ses mains, Hùng est devenu un héros aux yeux des gamins du village, lesquels ne rêvent que d’une chose : attraper à leur tour l’animal de la fête. Et c’est comme ça que se perpétue la tradition, d’année en année… Et d’ailleurs, l’année prochaine, ce sera… voyons voir… l’année du singe ! Voilà qui promet ! Cela étant, je serais très curieux de savoir ce qui se passe lorsque c’est l’année du dragon…