(VOVWORLD) - Celles et ceux qui connaissent bien les régions
montagneuses du Nord savent bien à quel point les marchés qui s’y tiennent
jouent un rôle important dans la vie des ethnies minoritaires. Véritables
caravansérails à la vietnamienne, ces marchés sont certes des lieux de négoce,
mais aussi des espaces de rencontres et d’échanges culturels. Magazine Culture
nous emmène cette semaine à Bac Hà, un district de la province septentrionale
de Lào Cai, pour y découvrir qui l’un des marchés hebdomadaires les plus
authentiques et originaux qui soient: celui de Côc Ly.
Photo: Duc Quy/VOV
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C’est au bord de la rivière Chay, au
fond d’une vallée isolée, que se tient ce fameux marché. Tous les mardis, dès
potron-minet, les montagnards issus des ethnies Mông, Dao, Nùng et Tày revêtent
leurs plus beaux costumes traditionnels et se mettent en route. A pied, à moto,
à cheval… Peu importe. Ces jours-là, tous les chemins mènent à Côc Ly, et tant
pis s’ils sont sinueux ou escarpés, ce qui est le cas de la plupart d’entre
eux.
Photo: Duc Quy/VOV
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"On habite loin d’ici et on est à
pied, alors forcément, ça nous oblige à nous lever très tôt, nous confie Lùng
Thi Dung, une Mông bariolée. C’est mon mari qui fait le «mèn mén». Moi, je
m’occupe des foulards et des autres
objets de décoration… Vous savez, si on vient ici, c’est bien évidemment dans
l’espoir de vendre quelque chose, ou d’échanger des marchandises, mais c’est
aussi pour rencontrer d’autres montagnards
comme nous. On boit, on mange, et ça, on adore!"
Petite parenthèse, avant de
poursuive: le "mèn mén" est une sorte d’alcool de maïs…
Si vous êtes un touriste, eh bien là aussi, aller à
Côc Ly, ça se mérite… Si vous partez de Hanoï, il vous en coûtera 7 heures de
train de nuit - arrivée à Lao Cai à 5
heures du matin - et un petit trajet d’une cinquantaine de kilomètres en bus ou
en voiture. Si vous partez de Sapa, c’est quand même un peu plus simple: départ
à 7 heures du matin pour un trajet d’environ 90 kilomètres.
Ça se mérite, c’est vrai, mais les paysages traversés
valent bien quelques sacrifices: des rizières en terrasses, des collines de
théiers, d’ananas et de bananiers… Vous y ajoutez quelques maisons sur pilotis
et là, vous comprenez immédiatement ce que signifie l’expression "ça vaut le
détour"…
Mettons que vous arrivez vers 8-9 heures. Le marché
est déjà en pleine effervescence.
Photo: baolaocai.vn
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Et on y trouve de tout: des fruits et des
légumes, des vêtements et des étoffes, des ustensiles ménagers, des outils
agricoles, des animaux domestiques… C’est un joyeux déballage multiforme et
surtout multicolore, eu égard aux costumes des autochtones. On s’en met plein
la vue, plein le nez aussi, tant il est vrai que de tout ce grand bazar
rustique se dégagent des senteurs parfois surprenantes. Et forcément, les
réactions des touristes français sont à l’avenant…
Des outils agricoles... (Photo: Duc Quy/VOV)
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Des chapeaux et des étoffes... (Photo: Duc Quy/VOV)
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"Je n’aurais jamais pensé trouver
un marché de ce genre au beau milieu des
montagnes. C’est très surprenant, toutes ces vieilles coutumes… Mais
très séduisant aussi: il y a de la couleur, de la vie…", nous confie Geneviève Gauvrit.
"J’ai essayé de saisir des instants
qui m’ont plu, de communiquer aussi à travers des photos, avec des personnes
que j’ai vues et appréciées", dit Sylvie Jovier.
"C’est la grande fête ! Il y a
tout le temps des gens en train de manger… Toutes ces bonnes odeurs, partout…", indique Bruno Gautier.
Des pipes et du tabac rustique (Photo: Duc Quy/VOV)
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Des couleurs, des odeurs… A Côc Ly,
les stands les plus visités sont bien évidemment ceux où l’on trouve des objets
faits à la main.
Parures, foulards, costumes, étoffes… Difficile de résister… Il faut négocier, bien sûr, mais les acheteurs
se prêtent volontiers au jeu, d’autant plus volontiers que ça fait partie de
l’expérience. Florilège…
"On a vu des choses multicolores,
avec des gens qui bougent constamment, beaucoup de bruit, beaucoup de
négociations au niveau des prix, continuellement même, puis des dames qui sont
là aussi, pour vendre partout… Ça nous change de chez nous parce que chez nous,
les gens aussi, ils sont comme chez vous, ils ont des choses à vendre avant
mais ils attendent les acheteurs, ils ne négocient pas. Et puis pour nous, le prix
est le prix et on achète. Et là, c’est particulier. Ça nous change un petit
peu. C’est folklorique, on va dire. Et puis on a découvert des choses nouvelles qu’on n’a pas chez
nous...", nous confie Claude Bernard.
(Photo: Duc Quy/VOV)
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"En voyant tous ces vêtements, j’ai
pensé à mes petits-enfants. J’ai pris une robe pour ma petite fille et j’espère
bien que je vais trouver autre chose pour mon petit-fils. Il y a tellement de
belles choses, ici !", dit Geneviève Gauvrit.
Photo: baolaocai.vn
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A Côc Ly, on ne fait pas son marché.
C’est le marché qui nous fait ou qui nous défait et on en ressort avec
l’impression étrange que c’était… bien plus qu’un simple marché!