La mémoire de l'odeur

(VOVWORLD) - L'homme se distingue de l'animal à partir du moment où il sait manger cuit... C’est ce qui explique que la gastronomie soit devenue une culture, voir même une culture de l'identité. Chaque peuple, chaque région a sa propre gastronomie qu'on peut définir comme un «code culturel». Une table-ronde est organisée le 22 novembre à L'Espace - Institut français de Hanoï.
La mémoire de l'odeur - ảnh 1Photo Anh Tuan 

La table-ronde était animée par Nguyên Quang Thiêu et Di Li, deux auteurs d’ouvrages gastronomiques.

Pour Nguyên Quang Thiêu, l’auteur de Goût de la mémoire, la gastronomie parle d'elle même. Et chaque plat a sa propre histoire à raconter, une histoire qu'on peut transmettre de génération en génération...  

«Nous vivons actuellement dans un monde moderne qui se transforme à chaque minute.», constate-t-il. «Nous avons tendance à vivre plus facilement et à manger des plats qui ne nous coûtent aucun effort de préparation, mais sur le plan culturel, c’est une forme de régression… Beaucoup de restaurants renommés du monde offrent du coup des plats très basiques, mais qui ont un succès phénoménal. En dégustant ces plats, on retrouve des saveurs qui ont marqué notre enfance, notre vie... En écrivant ce livre, j’ai voulu  raconter mon passé, dans les années 50-60, qui pour moi auront été des années de disette. Pour vivre, nous mangions de tout: des légumes et des fruits sauvages, des insectes.» 

Goût de la mémoire regroupe 18 histoires reflétant la nostalgie de l’écrivain pour les plats typiques de Chua, un village de la banlieue de Hanoï où il a vécu son enfance. Plutôt rustiques, les plats présentés nous ramènent à des années de pénurie. Mais le lecteur peut aussi imaginer ce qu’était la vie d’un village à cette époque-là.      

«Chez moi, je prépare souvent les plats de mon village.», nous raconte Nguyên Quang Thiêu. «C’est une façon de transmettre à mes enfants l’amour de la terre de leurs ancêtres, bien sûr. Mais je trouve aussi que c’est une cuisine très diététique. En général, les plats qui ont survécu à l’épreuve du temps sont les meilleurs !... Je note d’ailleurs qu’actuellement, on a tendance à retourner aux plats traditionnels, y compris dans des restaurants de luxe.» 

La mémoire de l'odeur - ảnh 2Photo Anh Tuan  

Si pour Nguyên Quang Thiêu, la gastronomie est un voyage dans le temps, pour Di Li, la gastronomie est ouverture sur le monde.  

«La gastronomie contient un code culturel. Manger, c'est aller à la découverte… A la découverte d’une culture…  Je fais beaucoup de voyages et je peux dire qu'il n'y a aucune région qui ressemble à une autre. Chacune a sa spécialité emblématique : pour le Japon c’est le sushi, pour la Turquie le kebab, pour l’Inde le thé… A chaque fois, c’est une expérience inédite !», nous confie-t-elle.      

Tout en célébrant la gastronomie internationale, Di Li fait une place de choix à la gastronomie vietnamienne, et notamment aux plats de Hanoï, où elle est née et a vécu.

«La gastronomie tient une place importante dans la culture vietnamienne.», note-t-elle. «Elle est présente dans les chansons folkloriques et les proverbes. Et pour pouvoir identifier et déchiffrer une gastronomie ou un code culturel, il faut tout d'abord comprendre le sien. Il n'existe pas d’arbre sans racine, et nous appartenons toujours à une gastronomie précise».  

La gastronomie est un univers vaste et passionnant. Cela étant, la littérature gastronomique n’est pas un genre très répandu au Vietnam. Seuls quelques noms surgissent comme Thach Lam, Nguyên Tuân, Vu Bang, Bang Son… «La gastronomie n’est pas un sujet large. L’important, c’est la façon de l’exploiter et la façon d’écrire.», nous assure Di Li.

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