(VOVWORLD) - Dès la chute du régime génocidaire de Pol Pot en
1979, le gouvernement cambodgien a demandé au Vietnam de l’aider à rétablir la
radio de Phnom Penh. Bien que se relevant avec peine de nombreuses années de
guerre et de pénurie, la Voix du Vietnam n’a pas hésité un instant et s’est
empressée d’envoyer une délégation de reporters et de techniciens au Cambodge.
Les anciens experts de VOV mis à l’honneur
par le gouvernement cambodgien en décembre 2017. Photo : Huong Giang
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Il y a donc 40 ans, une première délégation d’experts de
la Voix du Vietnam, conduite par Huynh Ngoc Ân, à l’époque chef adjoint du département
des techniques de radiodiffusion, arrivait au Cambodge. Tout était à reprendre,
quasiment au point zéro. Il a fallu quelques jours à nos experts pour
comprendre comment pouvait fonctionner le dispositif de la radio de Phnom Penh.
Mais les difficultés ne faisaient que commencer. Dào Tiên Ngo, qui faisait partie
de ce contingent d’experts, n’a rien oublié de ces premières journées.
«Il fallait qu’on initie nos confrères
cambodgiens à la technologie analogique. Mais là où les choses se sont
compliquées, c’est qu’aucun de nous de parlait khmer et qu’aucun d’entre eux ne
parlait vietnamien!... Finalement, en baragouinant un peu d’anglais, on s’en
est sorti», nous raconte-t-il.
Parallèlement, les experts de
la Voix du Vietnam ont aussi aidé la radio de Phnom Penh à établir un réseau de
haut-parleurs. Ces outils de propagande ont été installés dans toutes les rues
pour vulgariser les préconisations et les politiques du Parti et du
gouvernement cambodgien.
En dehors de ces assistances techniques, les reporters de
la Voix du Vietnam ont aidé leurs collègues cambodgiens à organiser leurs
émissions et à améliorer leur niveau journalistique et radiophonique. Ensemble, ils ont vécu des heures parfois difficiles. La nuit,
ils ne dormaient que d’un œil, redoutant à tout moment d’être attaqués par des
polpotistes. Nguyên Van Khiêm,
qui était à cette époque rédacteur de l’émission en français de la station
des émissions internationales, a été envoyé au Cambodge de 1980 à 1984. Il en
reste marqué à tout jamais.
«Les
polpotistes nous ont attaqué par suprise dans la nuit, alors que nous dormions
encore. Nous avons aussitôt dit à tout le monde de se tenir loin des fenêtres
et de se coucher par terre.», se souvient-il.
Durant
toute une décennie, les spécialistes de la Voix du Vietnam ont aidé le Cambodge
à former un contingent de journalistes capables de présenter des émissions en
anglais, en français, en thaïlandais, en laotien et en vietnamien. Le fait de
vivre toutes ces années difficiles au Cambodge aura permis aux spécialistes
vietnamiens de tisser de solides liens d’amitié. Lors d’une visite de travail
au Vietnam en décembre 2018, le ministre cambodgien de la Communication et de
l’Information, Khieu Kanharith, leur a d’ailleurs fait part de toute la
gratitude de son pays.
«Nous remercions beaucoup les experts
vietnamiens pour les aides précieuses qu’ils ont apportées à notre pays en
termes de communication et d’information du notre pays. Mais aujourd’hui
encore, certains radios locales du Cambodge souhaiteraient se mettre à l’école
vietnamienne!...», avait-il alors déclaré.
40 années se
sont écoulées. Aujourd’hui, chacun des deux pays est sur la voie de son
développement, mais ces aides apportées à un moment de si grande fragilité
demeurent le ciment d’une amitié indéfectible.