La redistribution des terrains agricoles à Hanoi

VOVworld-Trois ans après le déclenchement de sa mise en oeuvre à titre expérimental dans un certain nombre de localités, le programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité se traduit par des objectifs déjà atteints pour la plupart d’entre eux. L’un de ces objectifs consistait à réunir des rizières et à procéder à des échanges de terrains pour mieux planifier les terres arables, une telle réorganisation devant permettre la mise en place de véritable zones de production agrico-marchande. Voyons donc tout de suite ce qu’il en est à Hanoi.    


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A Song Phuong, les rizières ont cédé la place, soit à des champs de fleurs, soit à des champs de légumes (Photo : Hanoimoi.com.vn)


Nous nous rendons tout d’abord dans le district de Dan Phuong, en banlieue de Hanoi, et plus précisement dans la commune de Song Phuong, l’une des fameuses communes-pilotes de ce programme national d’instauration d’une nouvelle ruralité. A Song Phuong, les chemins vicinaux sont désormais bétonnés, ce qui, bien évidemment, facilite grandement la circulation et les transports. Mais ce qui frappe le plus, c’est de voir qu’aujourd’hui, production agricole rime avec technologie avancée dans cette bourgade, qui se présentait jadis comme un écheveau de petits lopins de terre disséminés ça et là. Dans les hameaux de Thap et de Thu Que, on trouve maintenant de vastes champs de fleurs qui s’étendent à perte de vue, résultats d’une planification entreprise depuis quelques années, comme nous l’apprend Ta Thi Hai, qui n’est autre que la directrice-adjointe de la coopérative agricole de la commune. Dorénavant, chaque exploitation agricole ne dispose plus que de quelques champs, mais d’une superficie beaucoup plus importante, ce qui a permis la mise en place d’une horticulture moderne et à haut rendement, synonyme de bénéfices accrus. Les rizières ont donc cédé la place, soit à des champs de fleurs, soit à des champs de légumes. Mais pour en arriver là, il aura fallu aux autorités locales déployer des trésors de persuasion auprès des agriculteurs, dont l’attachement aux terres léguées par les ancêtres et aux vieilles coutumes est proverbial. Chu Duc Tri, secrétaire du comité du Parti du district de Hoai Duc : “Procéder à des échanges de terrains n’est pas une mince affaire ! Il y va de l’intérêt de chacun des agriculteurs concernés. Et dans certains cas, les superficies échangées ne sont pas absolument équivalentes ! Autant dire qu’il faut savoir se montrer persuasif !”   

Persuasif, oui, d’autant que tout ce qui touche à la planification est absolument primordial dans le programme d’instauration d’une nouvelle ruralité, en tout cas tel qu’il a été défini ! Les agriculteurs sont ainsi appelés à échanger des terrains pour créer des parcelles plus vastes, susceptibles d’être exploitées à grands renforts de technologies modernes. Ce n’est d’ailleurs qu’à ce prix qu’une production agricole à haute valeur marchande, contribuant à la protection de l’environnement et au développement durable, pourra être entreprise. Le problème numéro un reste donc de convaincre les agriculteurs du bien-fondé d’une préconisation qui, bien souvent, dépasse leur entendement, au départ, tout du moins. Il appartient donc à l’Etat de définir des orientations claires, et aux autorités locales d’en proposer des applications suffisamment incitatives. Lê Thiêt Cuong, chef du département du développement agricole de Hanoi, indique : "La redistribution des terrains agricoles donne lieu à un vote, et donc à des débats plutôt houleux au sein de la population, chacun essayant de tirer la couverture à soi. Mais si les cadres acceptent de montrer l’exemple, en sacrifiant un peu de leurs instérêt à l’intérêt collectif, les choses se passent beaucoup mieux, de manière beaucoup plus démocratique, en tout cas ! Je pense notamment à la coopérative de Hợp Thanh, dans le district de My duc, où les cadres ont été exemplaires."        

Cet exemple de Hop Thanh, qu’évoque Lê Thiêt Cuong, démontre bien que lorsque la  préconisation est juste et soutenue par la population, les difficultés finissent toujours par s’applanir. Duong Thi An, agricultrice à Hop Thanh, nous fait savoir : "Les terrains qu’on recevait autrefois n’étaient pas bien délimités. Maintenant, on a des outils de mesure qui permettent d’être précis et le cas échéant, la coopérative récupère les surplus. De toute façon, il ne faut pas s’attacher à ses petits intérêts personnels."  

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Champs de légumes bio à Song Phuong (Photo : hanoimoi.com.vn)

Ces 2 dernières années, Hanoi a donc commencé à instaurer une nouvelle ruralité dans certaines de ses communes de banlieue, comme Thuy Huong, dans le district de Chuong My, Đai Ang, dans le district de Thanh Tri, Mai Dinh, dans le district de Soc Son, et donc Song Phuong, dans le district de Dan Phuong. A ce jour, la commune de Thuy Huong a atteint 18 des 19 normes prescrites pour la nouvelle ruralité. Son taux de croissance économique annuel atteint les 23 %, et le revenu annuel par tête est de 21 millions de dongs, soit deux fois plus qu’en 2009. Quant à sa structure économique, elle a évolué dans le bon sens : entendons par là que le poids des services prestataires et de l’industrie augmente tandis que celui de la culture et de la pêche se réduit. Pour cette année, il reste   à Hanoi à achever la redistribution des terrains agricoles pour pouvoir entrer de plein pied dans cette nouvelle ruralité que tout le pays appelle de ses voeux.


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