Phuoc Hau : les Chams retroussent leurs manches

(VOVworld)-C’est dans la province de Ninh Thuan que nous nous rendons, aujourd’hui, et plus précisément dans la commune de Phuoc Hau, une commune rattachée au district de Ninh Phuoc, qui a ceci de particulier qu’elle abrite une importante communauté Cham. Comme partout ailleurs, l’heure est à la nouvelle ruralité, à Phuoc Hau. Il n’est que de voir les kilomètres de chemins vicinaux qui y ont été bétonnés, ces derniers temps, pour comprendre que la population a décidé de retrousser ses manches et de se lancer dans une véritable course au progrès.


 Phuoc Hau : les Chams retroussent leurs manches  - ảnh 1
Les chams de Ninh Thuan avec leurs métiers artisanaux
(photo : cinet.vn)


La commune de Phuoc Hau, donc : 3500 foyers pour 19200 habitants, dont une bonne moitié de Chams. Depuis maintenant un peu plus d’un an, la localité est en train de faire peau neuve. Premier signe tangible de cette mutation en cours : on voit de plus en plus de maisons aux toitures de tuiles rouges émergeant des rizières. Quant aux voies de communication qui relient entre eux les sept hameaux de la commune, ils n’ont plus rien à voir avec les ornières boueuses en saison des pluies et poussiéreuses en saison sèche qu’ils étaient. Ils sont désormais recouverts d’asphalte. Pareil pour les chemins qui quadrillent les rizières : ils ont été bétonnés et même élargis, ce qui facilite d’autant les transports. C’est bien simple : en tout, ce sont plus de 17 kilomètres de routes intercommunales qui ont pu ainsi être recouverts d’asphalte ou de béton, et ce, grâce aux investissements de l’Etat. Les portes d’entrée des villages ont également été reconstruites, avec même des inscriptions en écriture cham pour certaines d’entre elles. Mais à Phuoc Hau, cette mise en valeur de la culture cham ne s’arrête pas là puisque de nombreux rites traditionnels reviennent au goût du jour, notamment en ce qui concerne les mariages ou les obsèques, et que, de manière générale, la solidarité est de mise entre les diverses communautés.  

Ba Binh Loi appartient à l’ethnie Cham. Il est domicilié au hameau de Phuoc Dong. Ses 76 ans ne l’empêchent pas de déployer un activisme remarquable pour contribuer à la nouvelle ruralité. Non content d’avoir offert une bonne centaine de mètres carrés de terrain et un mois de pension de retraite, il s’emploie à persuader les siens de s’impliquer davantage.

Il faut dire qu’au départ, les habitants de Phuoc Hau ne prêtaient qu’une oreille assez distraite à cette nouvelle ruralité dont ils ne comprenaient pas les enjeux. Il a fallu toute la force de persuasion des autorités locales et des patriarches pour que les Chams acceptent de s’y mettre, et que le scepticisme fasse très vite place à un bel enthousiasme. Et puis, comme nous le rappelle très judicieusement Ba Binh Loi, pour ce qui est d’oeuvrer à l’amélioration des conditions d’existence en milieu rural, l’exemple vient de haut.    

Nous vivons de la terre, nous rappelle-t-il. De son vivant, l’Oncle Ho était très attaché aux agriculteurs. Il n’hésitait pas à prendre la pioche et à participer aux travaux d’irrigation des rizières pour donner l’exemple. En tant que dirigeant, il a toujours été l’un des grands soutiens du monde rural. Et aujourd’hui, cette nouvelle ruralité, c’est pour améliorer nos conditions de vie, alors pourquoi ne pas y contribuer activement ? Je dois donner l’exemple pour encourager les autres à suivre le mouvement.

La commune de Phuoc Hau ne s’est pas contentée d’améliorer ses infrastructures. Elle s’est aussi lancée dans la culture d’une variété de riz bien spécifique, qui a la vertu d’être moins nécessiteuse que d’autres en termes de semis, d’engrais, d’insecticides ou d’eau. Les deux premières récoltes qui ont eu lieu sur 10 hectares au village de Truong Tho ont d’ailleurs donné des résultats significatifs : le rendement a atteint les 90 quintaux par hectare, soit une augmentation de deux quintaux. Quant à la qualité, elle est bel et bien au rendez-vous.

Dans la commune, on dénombre en tout 20 moissonneuses batteuses, ce qui suppose un réel effort de gestion. Mais qu’on se rassure, plusieurs coopératives sont en train de voir le jour. A noter, par ailleurs, qu’en dehors de ses 900 hectares de rizières, Phuoc Hau possède une bonne centaine d’hectares de vergers, plantés de jujubiers, qui donnent chaque année 350 millions de dongs par hectare.

Sur les 19 critères de la nouvelle ruralité, Phuoc Hau en a déjà atteint 6. D’ici la fin de l’année, la commune fera construire un nouveau centre administratif communal et un nouveau marché. Mais surtout, elle va continuer de tisser des liens entre ses agriculteurs et les entreprises de traitement de produits agricoles pour qu’à la fin de l’année 2015, 15 critères aient été atteints.

Dans les temps qui viennent, nous allons mettre l’accent sur la sensibilisation, nous indique Hua Van Bao, le président du comité populaire de Phuoc Hau. Il faut que chacun comprenne les enjeux de cette nouvelle ruralité et s’implique pleinement : pas que l’Etat !

Forte de ses atouts et des efforts de l’administration, la commune de Phuoc Hau est désormais, elle aussi, lancée sur la voie du progrès, un progrès bénéfique à tous.

Commentaires

Autres