Vọng Nguyệt, un village situé en bordure de la rivière Cầu

(VOVworld)-« Vọng Nguyệt » pourrait se traduire en français par « contemplation de la lune ». Un nom bien poétique pour ce village situé en bordure de la rivière Cầu, qui semble tout droit sorti d’un conte, avec ses vieilles bâtisses rongées par l’humidité. Mais Vọng Nguyệt doit aussi sa réputation au tissage de la soie, le métier traditionnel qui s’y pratique depuis la nuit des temps et qui, selon la légende, y aurait été introduit par une princesse. De nos jours, la physionomie du village a bien sûr beaucoup évolué, mais on y trouve ce qui fait l’essence-même de ces petites bourgades qui abondent dans la littérature populaire.

Vọng Nguyệt est un village de la province de Bac ninh. D’habitude, on le compare à une bande de soie étalée le long de la rivière Cầu, entourée de rizières et de champs de mûriers verdoyants. Non loin de Vọng Nguyệt, se trouve un site historique: l’embarcadère de Như Nguyệt. C’est là qu’il y a mille ans, Ly Thuong Kiêt a repoussé les envahisseurs chinois de la dynastie Song, avec une déclaration restée fameuse. « Les monts et les vaux du Sud sont le domaine du roi du Sud, ceci est déjà prescrit dans le registre céleste. Pourquoi vous enfreignez cette règle ? Cela ne vous attire que la défaite. », se serait-il écrié.

Dans la région de Kinh Bac, Vọng Nguyệt est un village nanti d’un certain nombre de vestiges qui témoignent de ce qu’auront été les vicissitudes d’une communauté vivant de la riziculture. L’un de ces vestiges est tout simplement le temple de Vọng Nguyệt, dans lequel on peut trouver une stèle érigée en 1642, relatant toute l’histoire du village. On y vénère la princesse Lý Nguyệt Sinh, une femme qui s’est illustrée aussi bien dans les arts martiaux que dans la littérature et qui a beaucoup contribué à lutter contre les envahisseurs et à développer le village. Ngô Văn Thị, l’un des aînés du village, nous raconte : "Après avoir repoussé les envahisseurs, elle est revenue à Vọng Nguyệt, qui était son village natal, pour y apprendre l’élevage des vers à soie et le tissage de la soie à la population sur les 2 rives de la rivière Cầu. Ce sont des métiers qui se pratiquent encore, de nos jours."  

Vọng Nguyệt, un village situé en bordure de la rivière Cầu - ảnh 1

Une fête à Vọng Nguyệt


Mille ans se sont donc écoulés, avec tout ce que cela suppose de péripéties de toutes sortes, mais le temple se tient toujours là, immuable, avec ses volutes de fumée d’encens. L’histoire de Vọng Nguyệt est avant tout l’histoire d’une communauté villageoise soudée et solidaire. Aux hommes, les travaux des champs, et aux femmes, l’élevage des vers à soie et le tissage de la soie : cet ordre, qui semblait si solidement établi a été ébranlé par la guerre. Il a fallu attendre les années 80 du siècle passé pour que certains villageois comme Ngô Văn Thị ou  Chu Văn Biền s’attèlent à restaurer ce qui avait été le métier traditionnel des générations précédentes. Et très vite, il ont été suivis dans un grand enthousiasme populaire. Les jeunes femmes et les personnes âgées ont retrouvé le chemin des fours pour s’adonner à la filature, pendant que les hommes sillonnaient les provinces avoisinantes - Bac Giang, Vinh Phuc, Nam Dinh, Thai Binh - pour faire le commerce des fils de soie. Et Vọng Nguyệt a résonné à nouveau du bruit des filatures et du va-et-vient des navettes : toute une rumeur délicieusement artisanale ! Dans le village, une bonne centaine de foyers vivent désormais du métier de leurs ancêtres. Ngô Văn Hành fait partie d’une longue lignée de tisseurs de soie, à Vọng Nguyệt. Son atelier de traitement des fils de vers à soie est l’un des plus actifs du village. Hanh a hérité d’un savoir-faire qui lui a été légué par ses ascendants et qu’aujourd’hui encore, son grand père Ngo Van Thị s’évertue à transmettre, malgré ses 90 ans. Ngô Văn Hành nous fait savoir : "Autrefois, le travail était fait essentiellement à la main. Le rendement était évidemment assez faible. Depuis l’introduction des machines, le rendement a augmenté de 3 ou 4 fois et la qualité des fils s’est améliorée,  répondant ainsi aux demandes du marché.  Toutefois, certains produits sont toujours manufacturés à la demande des clients qui tiennent à voir apparaître certains petits détails comme des points de jointure qui donnent un cachet authentique. Donc, vous voyez, il y a certains procédés manuels qui subsistent encore, de nos jours. " 

Avec des chaînes mécaniques pouvant produire chaque jour 300 kilos de fils de toutes sortes, la famille de Hanh donne de l’emploi à une dizaine de travailleurs. Pour Hanh comme pour beaucoup d’autres, c’est un métier qui exige que l’on s’y attache avec beaucoup de conscience. En tout cas, c’est une activité enthousiasmante, et qui contribue pour beaucoup à donner au village son caractère poétique. Dans ses conversations, Hanh note souvent qu’une femme est d’autant plus charmante qu’elle est parée de soierie. On peut dès lors imaginer à quel point il a été fier de représenter Vọng Nguyệt pour offrir de la soie à la ville de Hanoi à l’occasion du millénaire de celle-ci. Une fierté qu’il partage avec les autres villageois lorsque telle ou telle reine de beauté apparaît dans un vêtement taillé dans de la soie de Vọng Nguyệt, à l’image sans doute de cette princesse qui, jadis, leur a apporté son savoir-faire.  

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