Hanoï du temps du rationnement vue par un diplomate britannique

(VOVworld) – « John Ramsden et Hanoï - quand la terre devient une partie de l’âme », c’est le nom d’une exposition qui vient d’avoir lieu à Hanoï. John Ramsden, c’est un Britannique qui a été vice-ambassadeur de son pays au Vietnam, entre 1980 et 1983, en pleine période de rationnement, avant le renouveau. L’exposition présentait donc 200 des plus de 1800 photos qu’il a prises à Hanoï durant cette période.

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Exposition du diplomate britannique John Ramsden

 

Des vélos qui avancent lentement et calmement, des tramways bondés mais sans aucun signe de précipitation, des files amassées devant des magasins, ou des touques qui « faisaient la queue » devant un robinet à la place de leurs propriétaires… autant d’images immortalisées par le diplomate britannique. En 1980, aussitôt arrivé à Hanoï en tant que vice-ambassadeur, il a été enchanté par la beauté simple d’une ville qui se rétablissait peu à peu après la guerre. John Ramsden :« Avant d’arriver ici, je savais peu de choses du Vietnam et Hanoï, pour moi, était un mystère. Alors j’ai voulu découvrir la ville grâce à la photographie, qui est ma grande passion. En faisant le tour de Hanoï, j’ai découvert beaucoup de beaux paysages et j’ai été vraiment impressionné par la force et la vaillance dont faisaient preuve les habitants dans leur vie quotidienne. C’était vraiment un sujet excitant pour l’amateur de photographie que je suis. »

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30 ans après, John Ramsden est donc revenu à Hanoï pour présenter ses photos. Il a eu une discussion pour le moins nostalgique avec des témoins de l’époque. Nguyen Van Son habite rue Trieu Viet Vuong:« J’ai l’impression de revivre cette période de rationnement. Toutes ces images me paraissent tellement familières. Pour certaines d’entre elles, je n’ai pas besoin de lire la légende pour savoir exactement où elles ont été prises. Elles reflètent exactement cette époque telle que nous l’avons vécue. A mon avis, nous devons respecter ces images de Hanoï parce que pour les générations futures, ce seront de beaux témoignages.»

Même émotion chez Bui Thi Cuc, une autre Hanoienne :« Ces images me rappellent notre vie d’il y a 30 ans. Notre ville, Hanoï, était si belle, si calme. Maintenant, c’est bien plus moderne. Je trouve ces images d’autant plus précieuses qu’elles ont été prises par un étranger. »

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Les photos exposées touchent le cœur de ceux qui ont vécu cette période, mais aussi des jeunes. Nguyen Hoang Son, 26 ans :« Je suis né en 1987, juste après le lancement du renouveau. Je voulais en savoir plus sur les années du rationnement que mes grand-parents et mes parents m’ont racontées. Ces photos m’apprennent beaucoup sur le paysage urbain, sur la façon dont les gens travaillaient et vivaient. Je pense que j’ai de la chance d’être né en pleine période de renouveau, lorsque les choses commençaient à s’améliorer. Mais j’éprouve aussi un certain regret de n’avoir pas pu vivre moi-même cette période difficile. »    

Plusieurs étrangers sont venus voir l’exposition. Ella vient de Suède : « C’est une exposition intéressante grâce à laquelle on peut comparer la ville d’hier à celle d’aujourd’hui. Ce qui m’intéresse, c’est l’angle de vue d’un étranger venu au Vietnam après la guerre. »

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John Ramsden dit avoir fait un long parcours plein d’émotion avant de pouvoir présenter au public vietnamien ses photos. La première fois que celles-ci ont été exposées, c’était lors des journées culturelles vietnamiennes à Copenhague, au Danemark. Et c’était grâce à VietPro (l’association des jeunes intellectuels vietnamiens au Royaume-Uni) et notamment à Kreu, son groupe d’architectes et de designers qui opèrent au Vietnam et au Royaume-Uni, qui était aussi à l’origine de la deuxième exposition à Londres, en avril dernier. Le succès de ces expositions a encouragé John Ramsden à présenter son travail aux Vietnamiens du pays:« J’ai eu une discussion avec des jeunes étudiants au Royaume-Uni. Ils se sont montrés très émus. J’éprouvais vraiment le besoin d’exposer mes photos au Vietnam. Car je sais que les jeunes ne connaissant cette période qu’à travers ce que leurs grand-parents et leurs parents leur ont raconté. Il fallait qu’ils voient les photos pour s’en faire leur propre idée. Grâce à l’aide des jeunes Vietnamiens, toutes les difficultés liées à cette exposition au Vietnam ont été réglées, de la recherche de financements à la demande de permis. Mes remerciements vont également à l’ambassade du Royaume-Uni au Vietnam, à l’ambassade du Vietnam au Royaume-Uni et au ministère de la Culture, sans lesquels cette exposition n’aurait pas été possible. »

Une période de privation mais pleine d’optimisme, c’est ce qui ressort des photos de John Ramsden qui reste encore, 30 ans après, profondément marqué par son expérience hanoienne./.
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