Un festival de Bai choi à Hanoi

 (VOV)- Les premiers jours d’une nouvelle année sont toujours marqués par une atmosphère de fête, à Hanoi en tout cas, où un festival de bai choi a été organisé au théâtre Kim Ma. Qu’est-ce que le Bai choi, allez-vous me demander? Eh bien, c’est tout simplement un genre de musique folklorique, que l’on trouve habituellement au Centre méridional.

Un festival de Bai choi à Hanoi  - ảnh 1

C’est une étrange animation qui règne au théâtre Kim Ma : des chants, de la musique, des démonstrations d’arts martiaux… Il y a du monde, dans la salle, des Hanoiens bien sûr, mais aussi des gens qui sont juste de passage dans la capitale. Les tambours mènent la danse, avec les cloches de bois et les cithares, électrisant l’atmosphère. Pour le public de Hanoi, c’est une découverte : le bai choi appartient au folklore du Centre méridional. C’est en voisin que Nguyen Ngoc Ly s’est rendu au théâtre, et apparemment, il ne regrette pas le déplacement : "J’avais entendu dire que le bai choi était très intéressant. C’est pour ça que je suis venu ici avec mon petit-fils. La scénographie est très originale, je trouve, et puis c’est vrai que c’est très intéressant, comme style de musique ! Je pense notamment que les chants patriotiques qui font l’éloge des insurgés de Tay Son sont vraiment très bien."

Une scénographie originale, c’est vrai ! Dans l’enceinte du théâtre, neuf estrades de bambou sont disposées tout autour du public en forme de U : quatre de chaque côté, et une au fond. C’est là que sont installés les musiciens. Sur l’estrade du fond, qui est parfaitement visible des huit autres, deux écriteaux : l’un invite les musiciens à être attentifs aux coups de cloche de bois, l’autre invite le public à faire des voeux dans le roulement des tambours.

Les organisateurs du festival ont vraiment voulu reproduire aussi fidèlement que possible tous les rites festifs qu’accompagne traditionellement le bai choi, depuis l’ouverture de la fête jusqu’à la remise des récompenses, en passant par la procession. Les chanteurs et les musiciens, qui sont au nombre de 14, viennent tous de la province de Binh Dinh. Ils ont été dûment sélectionnés pour venir se produire dans la capitale. Certains sont jeunes et apportent une touche de fraîcheur, d’autres, plus âgés, apportent un savoir-faire et une virtuosité qui est le fruit de toute une existence de pratique : ils sont même capable d’improviser des paroles en s’adaptant au contexte. Nguyen An Pha, ancien directeur adjoint du Service culturel de la province de Binh Dinh, indique : "Notre ambition, c’est tout simplement de faire connaître le bai choi au plus grand nombre, et notamment aux ethnomusicologues. Mais nous nous adressons aussi, et c’est bien naturel, aux personnes originaires de Binh Dinh qui vivent à Hanoi." 

Le jeu, car le bai choi, se présente sous forme d’un jeu, commence lorsque le meneur, vêtu d’une tunique traditionnelle et coiffé d’un turban, donne à chacun des musiciens perchés sur leurs estrades trois plaquettes de bambou sur lesquelles sont gravées des figures d’hommes, d’objet ou d’animaux, qui correspondent chacune à l’un des chants. C’est le meneur de jeu qui entonne les chants. Il suffit alors au musicien de tendre l’oreille et de donner un coup de cloche de bois lorsqu’il entend le chant qu’il croit être celui qui correspond à l’image de sa plaquette. Et lorsqu’il a épuisé ses 3 plaquettes, il frappe le tambour, signe qu’il est le vainqueur!      

Le professeur Hoang Chuong, directeur du Centre d’études, de préservation et de valorisation de la culture nationale a tenu à nous rappeler que le choix du théâtre Kim Ma pour y organiser ce festival n’est pas anodin : c’est là qu’autrefois, des centaines de milliers de soldats des Tay Son sont tombés pour défendre la patrie.  "Nous organisons ce festival à Kim Ma pour honorer la mémoire des soldats des Tay Son. Il faut savoir que lorsqu’ils montaient au front, c’était au son du bai choi. Le bai choi les a galvanisés. C’est ce qui nous a poussé à présenter au public de la capitale cet art folklorique dont on entend souvent parler sans jamais avoir la chance d’assister à une représentation", a-t-il souligné.  

Récemment, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme s’est lancé dans l’élaboration d’un dossier sur le bai choi, dossier qui sera ensuite soumis à l’UNESCO pour une éventuele reconnaissance du bai choi comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

VOV

 

Commentaires

Autres