Chaque soir de semaine, au cœur du Complexe No1 de la rue Tây Son, dans le quartier de Dông Da, une magie particulière opère. Dès 20 heures précises, dans une salle discrète, sous les lumières tamisées, une communauté éclectique se rassemble autour d’une passion commune: le swing. Vietnamiens et étrangers, novices et confirmés, tous viennent puiser dans cette danse née dans l’Amérique des années 1920 une énergie nouvelle pour échapper au tumulte urbain.Lê Xuân Tùng, membre du comité d’organisation, nous explique cette philosophie d’ouverture: 

«Ici, on vient avant tout pour partager la joie: celle de la musique, celle du mouvement, et surtout celle de la rencontre. Le swing a cette beauté particulière d’être totalement démocratique. Peu importe votre niveau, votre âge ou d’où vous venez, il y a une place pour vous sur cette piste ». 

Photo: Kim Lieu/VOV5

Au programme: lindy hop, balboa, jive... autant de styles qui puisent leurs racines dans l’héritage jazz américain. Mais le lindy hop reste le roi de la piste. Cette danse exige avant tout une connexion authentique entre les partenaires. Elle privilégie l’improvisation et la spontanéité sur la technique pure.

Trân Thu Thuy enseigne au club depuis cinq ans. Pour cette passionnée, le swing va bien au-delà des pas de danse: 

«Cette danse m’a littéralement transformée. Elle m’a ouvert des portes vers d’autres univers, d’autres passions que je n’aurais jamais imaginé explorer. C’est pourquoi j’ai à cœur de transmettre cette richesse. Aux nouveaux arrivants, je dis toujours: oubliez vos complexes! Le swing ne demande pas d’être parfait, il demande d’être présent. Venez avec votre curiosité, votre envie d’apprendre, et laissez-vous surprendre ».

L’effet est souvent immédiat. Nombreux sont ceux qui poussent la porte par simple curiosité et se retrouvent pris au jeu. Bùi Thanh Tâm se souvient encore de sa première soirée: «L’accueil a été incroyable. Tout le monde rayonnait de bonheur, ça m’a tout de suite mise à l’aise malgré mon trac. Moi qui suis plutôt casanière et pas très sportive, j’ai découvert quelque chose d’extraordinaire: on peut communiquer par le corps, créer des liens sans même parler. C’est un double plaisir – bouger sur la musique tout en tissant de vraies amitiés», confie-t-elle.

Le club attire aussi une grande communauté d’expatriés. Zuzanna, Polonaise installée à Hanoï, a trouvé dans cette danse un moyen unique de s’intégrer: 

«Les danseurs expérimentés prennent naturellement les débutants sous leur aile, sans jugement. Pour quelqu’un qui découvre une nouvelle ville comme moi, c’est un beau cadeau. Je recommande vivement cette expérience à Hanoï!», partage-t-elle.

Même les touristes de passage succombent à l’atmosphère. Noah, Canadien découvrant le Vietnam, témoigne de cette attraction irrésistible: 

«Je cherchais un moyen authentique de rencontrer des Hanoïens, pas seulement dans les bars touristiques. Le swing a dépassé toutes mes attentes! C’est fascinant comme cette danse joue sur tous les registres – tantôt on se rapproche dans une mélodie douce, tantôt on s’éclate sur des rythmes effrénés. Mais dans tous les cas, on crée quelque chose ensemble. Ces connexions de quelques minutes sur la piste ouvrent souvent sur de longues discussions après ».

Dans une métropole en perpétuelle effervescence comme Hanoï, le swing offre ce paradoxe rare: créer de l’intimité et de la connexion humaine au cœur même de l’agitation urbaine. Chaque soir, ces mélodies d’un autre temps continuent de rassembler et de faire vibrer, prouvant que certaines musiques sont véritablement universelles.