Des prévisions pessimistes pour l’économie mondiale

(VOVWORLD) - Les deux premières semaines de 2024 laissent peu de place à l’optimisme. Sécurité, climat, croissance économique… Les voyants sont d’ores et déjà au rouge pour cette année qui s’ouvre…      

Dans son «Rapport sur les risques mondiaux en 2024» publié le 10 janvier, le Forum économique mondial (WEF) mentionne toute une série de menaces sur la paix, la stabilité et la croissance de l’économie mondiale, tout en soulignant l’émergence des menaces non conventionnelles.

L’intelligence artificielle, la plus grande menace pour l’humanité

Des prévisions pessimistes pour l’économie mondiale - ảnh 1Photo d'illustration: CCO

Le Forum économique mondial a co-réalisé avec le groupe d’assurance Zurich un sondage auprès de 1.400 spécialistes, décideurs politiques et dirigeants économiques, tous secteurs confondus. De cette enquête, il ressort que les fausses nouvelles et la désinformation générées par l’intelligence artificielle  font partie des dix plus grandes menaces pour 2024. La directrice exécutive du Forum économique mondial, Saadia Zahidhi, semble partager ce constat… 

«Nous entamons cette année avec une perspective relativement pessimiste, d’autant que dans les 10 prochaines années, la situation risque de s’aggraver. Pour au moins les deux prochaines années, la désinformation produite par l’intelligence artificielle constitue l’une des plus grandes menaces à l’échelle mondiale», alerte-t-elle.   

D’après les experts du Forum économique mondial, l’intelligence artificielle, dont l’expansion est fulgurante, a des impacts de plus en plus importants. En 2024, environ 3 milliards de personnes, soit près de 50% de la population adulte, seront appelées aux urnes, que ce soit aux États-Unis, en Russie, en Inde, en Afrique du Sud, au Mexique ou encore au sein de l’Union européenne. Il est à craindre que l’intelligence artificielle ne vienne parasiter bien des campagnes électorales…  

Carolina Klint, chargée du Commerce en Europe pour l’agence Marsh McLennan, co-auteure du rapport du Forum économique mondial, affirme que l’intelligence artificielle est capable de créer des modèles sophistiqués susceptibles d’influencer l’électorat et de fragiliser les institutions démocratiques, ce qui pourrait, dans certains cas, provoquer des émeutes, voire des guerres civiles.

Des prévisions pessimistes pour l’économie mondiale - ảnh 2Le président du Forum économique mondial, Borge Brende. Photo: AVI

Outre l’intelligence artificielle, d’autres facteurs nuisibles à la stabilité et à la croissance mondiale inquiètent: les phénomènes climatiques extrêmes, les ségrégations sociales, les conflits armés entre États, la cyber-insécurité, la pollution... Le président du Forum économique mondial, Borge Brende, compte appeler les États à plus de coopération, notamment lors du Forum économique annuel qui se tiendra du 15 au 19 janvier à Davos, en Suisse.

«Nous avons constaté un déclin de la coopération internationale depuis 2016, et en 2020, elle a véritablement chuté. Le nombre de personnes contraintes de quitter leur foyer chaque année est passé de 40 à 100 millions en 2023. Nous avons aussi observé une multiplication par quatre des cyber-attaques... Par conséquent, nous avons invité à Davos des conférenciers spécialistes de toutes ces questions afin de relancer la coopération», a-t-il déclaré. 

Des prévisions peu optimistes

Le Rapport sur les risques mondiaux du Forum économique mondial est d’une tonalité bien pessimiste en ce qui concerne les prévisions socioéconomiques pour 2024.

À l’ONU aussi, que des bémols à la clé. Dans son rapport intitulé «Perspective économique mondiale pour 2024» publié le 4 janvier, elle prévoit en effet que la croissance mondiale sera pénalisée par un commerce fragilisé, par une hausse des taux d’intérêt et de la dette publique, mais aussi par des tensions géopolitiques accrues.

L’ONU table sur une croissance de 2,4% en 2024 contre 2,7% en 2023... Il faut dire que dans ce domaine, il n’y a pas de grandes performances à attendre de la part des grandes puissances comme les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et le Japon. Les États-Unis, première économie mondiale, obtiendraient une croissance de seulement 1,4%, soit beaucoup moins qu’en 2023 (2,5%).

En Asie de l’Est et de l’Ouest, en Amérique latine et dans les Caraïbes, les pays en développement pourraient eux aussi connaître des difficultés, en raison de la réduction des espaces financiers et de la stagnation des besoins du marché mondial...

En somme, le monde devra redoubler d’efforts pour revenir à son niveau d’avant-pandémie, c'est-à-dire générer une croissance moyenne de 3%.

La Banque mondiale a également annoncé que cette année, l’économie mondiale ralentirait pour la 3e année consécutive. Ayhan Kose, son économiste en chef adjoint, se montre fataliste…   

«L’économie mondiale montre une certaine résilience face aux chocs successifs, mais le niveau de la croissance devrait continuer à baisser. Cette année marquera la 3e année consécutive de réduction, avec une croissance de 2,4% contre les 2,6% enregistrés en 2023», constate-t-il. 

Il faut savoir que ce taux de croissance sur lequel table la Banque mondiale serait a priori le plus faible depuis la crise financière de 2009. Mais il faut aussi prendre en considération le fait que la population mondiale, elle, continue de croître... Il se pourrait qu’à ce rythme-là, fin 2024, les habitants de 25% des pays en développement et de 40% des pays à bas revenus soient plus pauvres qu’en 2019, soit avant la pandémie.

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