(VOVWORLD) - Le then est un chant rituel pratiqué
par les Tày, les Nùng et les Thai, des minorités ethniques vivant dans les
régions montagneuses du Nord. Le dernier festival national de then, qui s’est
tenu du 12 au 14 mai dans la province de Hà Giang, a attiré des centaines de
chanteurs venus de 14 provinces du pays, ce qui est un signe encourageant pour
la valorisation de cet art ancien.
Le sixième festival national de then s’est
tenu du 12 au 14 mai dans la province de Hà Giang - Photo baohagiang.vn
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De 10 à 90 ans ou plus, il n’y a pas d’âge
pour chanter le then. Les participants au festival de Hà Giang l’ont prouvé. Du
haut de ses 19 ans, Trân Thanh An compte cinq ans de pratique à son actif. Il
fait partie de la troupe artistique populaire de la province de Cao Bang.
«J’écoute du
then depuis que je suis tout petit», nous dit-il. «J’ai vraiment ça dans les veines… Plus ça va, plus j’aime ça, en
fait. Et finalement, j’ai décidé d’apprendre à chanter le then et à jouer du
tinh. J’ai la chance d’avoir une mère Tày et de vivre dans la province de Cao
Bang, ça facilite beaucoup l’apprentissage.»
Photo quangninh.gov.vn
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Le festival qui vient d’avoir lieu à Hà
Giang était le sixième organisé au niveau national. En collaboration avec
les localités ayant une forte tradition de then, le ministère de la Culture,
des Sports et du Tourisme a aussi organisé des séminaires et des tables rondes
dans le but de trouver des moyens de valoriser ce patrimoine musical.
«Ce qu’on
peut constater, à travers ce festival, c’est que la population a pris
conscience de la nécessité de préserver des airs anciens. Les chanteurs âgés
ont transmis leur savoir aux jeunes, qui se montrent très responsables», se félicite Triêu Thi
Tinh, directrice adjointe du service de la Culture, des Sports et du Tourisme
de la province de Hà Giang.
Photo H.M/congluan.vn
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Entre 2002 à 2016, l’Association des
arts folkloriques du Vietnam a décerné le titre d’artiste folklorique à
plusieurs chanteurs de then. Depuis 2015, certains chanteurs sont décorés du titre d’artiste émérite. De
leur côté, les professionnels ont identifié, répertorié, collecté, enregistré
et filmé des chanteurs chevronnés. Les paroles des chansons répertoriées ont été
traduites en vietnamien et plusieurs objets liés au then sont exposés dans des
musées locaux. Les autorités locales ont quant à elles organisé des ateliers de
formation où on apprend à chanter le then et à jouer du tinh, l’un n’allant
jamais sans l’autre. Ce qui est encourageant, c’est que ces activités ont lieu
non seulement dans les 14 provinces abritant une importante communauté Tày,
Nùng et Thai mais aussi dans d’autres localités, comme l’a fait remarquer le
professeur associé Dang Hoành Loan, ancien directeur de l’Institut
national de musicologie.
«Tout ce que
vous avez entendu lors du festival de Hà Giang, c’est de la crème du then», affirme-t-il. «Je me réjouis de constater que la
préservation du then n’est plus un casse-tête. Il est bien préservé et a
retrouvé ses lettres de noblesse. Nous sommes certains que tôt ou tard,
l’Unesco inscrira le chant then sur la liste représentative du patrimoine culturel
immatériel de l’humanité. Et c’est grâce à des festivals comme celui-ci que
nous avons vu naître une jeune génération de chanteurs qui est particulièrement
prometteuse.»
Le chant then fait partie du rite
éponyme qui réunit différentes expressions culturelles: musique, poésie,
performance, décoration, pratiques religieuses...
Des efforts encore plus importants
seront nécessaires pour préserver ce rite dans son intégrité. La tâche s’avère
d’autant plus urgente que les traditions culturelles des minorités ethniques se
trouvent face à la menace de perdre de leur attraction, en raison du processus
de modernisation et des interférences culturelles auxquelles elles doivent
désormais faire face.