(VOVWORLD) - L’artisanat est depuis toujours un secteur dynamique de Hanoï. Cependant, la concurrence des produits industriels oblige les artisans à diversifier leurs produits pour mieux répondre au goût de la clientèle. Valoriser le savoir-faire traditionnel tout en recourant aux technologies de pointe semble être un choix judicieux.
Trân Thi Thuy Lan, directrice adjointe du comité de gestion du lac Hoan Kiêm et du vieux quartier de Hanoï. Photo: VOV |
Qui dit artisanat dit Hanoï. En effet, la capitale vietnamienne est connue pour ses 36 rues et corporations. Dans le temps, chaque rue était spécialisée dans un métier artisanal, auquel elle devait son nom qui commence, dans la quasi-totalité des cas, par le mot «Hàng»: Hang Thiêc, Hang Bac, Hang Hom... Ces noms de rues ont survécu aux affres du temps, et ce même si l’on ne pratique plus forcément le métier en question. Aujourd’hui, presque toutes les façades des maisons du vieux quartier de Hanoï ont été transformées en boutiques ou en restaurants. D’après Trân Thi Thuy Lan, directrice adjointe du comité de gestion du lac Hoan Kiêm et du vieux quartier de Hanoï, la ville explore des mesures pour perpétuer ces métiers artisanaux.
«Dans le vieux quartier de Hanoï, peu de familles pratiquent encore leur métier ancestral. Elles y vendent plutôt des produits artisanaux importés d’ailleurs... Nous essayons ainsi de mettre en relation les commerçants et les villages de métiers traditionnels afin que les produits vendus ici soient des produits typiques tant en qualité qu'en design et qui répondent mieux aux goûts très variés des touristes», indique-t-elle.
Aujourd’hui, les produits artisanaux traditionnels de Hanoï font face à une concurrence acharnée face à ceux industriels ou importés de l'étranger, qui sont parfois vendus à très bas prix, comme l’a constaté Nam Chi, un artisan des estampes de Hang Trông.
“Les estampes de Hang Trông, avec leurs modèles traditionnels, ne répondent malheureusement plus à la demande de plus en plus diversifiée du marché. On a donc inventé de nouveaux modèles, notamment avec des thèmes historiques ou de la vie quotidienne. On a même appliqué de nouvelles techniques telles que le meulage et le placage d'or sur les estampes pour mieux s'adapter aux goûts de la clientèle”, fait-il savoir.
Des estampes de Hang Trông version moderne. Photo: VOV |
La ville de Hanoï s’applique actuellement à constituer une base de données pour son artisanat traditionnel, facilitant ainsi la préservation de ce patrimoine. Un fonds a d’ailleurs été créé dans cette optique afin de financier des projets permettant de créer de nouveaux produits à partir de ces savoir-faire ancestraux.
«Les produits faits main sont tellement plus beaux que ceux fabriqués à la machine. Aujourd’hui, à Hang Bac, on utilise les machines et les technologies, mais l'art industriel et l'art artisanal sont différents. Nos produits sont faits à la main. Je suis heureux quand je confectionne un bon produit de mes mains et que notre client en est satisfait», fait savoir le bijoutier Nguyên Chi Thanh habitant dans la rue Hang Bac.
En outre, de l’avis de Dô Diêu Linh, qui travaille pour le centre de recherche et de valorisation du patrimoine de Hanoï, le fait que les artisans ouvrent la porte de leur atelier aux touristes participe également au processus de préservation de leur métier ancestral.
“Il faut raconter aux visiteurs des anecdotes mais aussi l’histoire des coopérations et des métiers artisanaux pratiqués autrefois et qui existent encore aujourd’hui et ce, par le biais de photographies et de vidéos, notamment… En outre, des activités comme des expositions ou des ateliers où les visiteurs peuvent fabriquer eux-mêmes un produit artisanal peuvent être organisées dans les temples dédiés aux fondateurs du métier, par exemple», propose-t-elle.
Sur les près de 5.400 villages de métier au Vietnam, Hanoï en compte un tiers avec environ 1.350 villages. À la fin de 2021, la ville recensait 318 villages d'artisanat traditionnel reconnus.