(VOVWORLD) - Le premier semestre de 2019 aura été marqué par une coopération particulièrement fructueuse entre le Vietnam et la France en matière de défense, de formation et d’éducation, d’adaptation au réchauffement climatique et notamment d’édification de l’e-gouvernement. À l’occasion de la fête nationale française, le 14 juillet, Bertrand Lortholary, l’ambassadeur de France au Vietnam, a accordé à VOV5 une interview pour parler des relations bilatérales qui, selon lui, ont rarement été aussi fortes.
Photo: Duc Quy/VOV5 |
Nous avons célébré l’année dernière le 45e anniversaire de nos relations diplomatiques avec un échange de visite au plus haut niveau entre la France et le Vietnam. Et cet élan de 2018, il se poursuit cette année. Nous avons accueilli il y a quelques semaines en France Madame Nguyên Thi Kim Ngân, la présidente de l’Assemblée nationale du Vietnam. Nous accueillons des visites importantes dans les jours et les semaines qui viennent. L’intensité, la fréquence des contacts à haut niveau entre la France et le Vietnam a rarement été aussi élevée. Je crois que cela témoigne de l’intérêt que se porte aujourd’hui nos deux pays qui est toujours très fort. L’intérêt est sans doute aujourd’hui encore plus fort parce que la France et le Vietnam partagent beaucoup de visions communes, de leur rôle respectif dans le monde d’aujourd’hui, avec en particulier un attachement au multilatéralisme, au commerce et au libre-échange dans un contexte où ces valeurs ne vont plus au temps de soi qu’il y a encore quelques années.
VOV5: Après près de 10 années de négociation, le 30 juin dernier, le Vietnam et l’Union européenne ont signé l’Accord de libre- échange (EVFTA) et l’Accord de protection des investissements (EVIPA). D’après vous, quels seront les impacts de ces accords sur les échanges bilatéraux?
La signature de l’Accords de libre échange (EVFTA) et de l’Accord de protection des investissements (EVIPA). Photo: vinanet.vn |
Ces deux accords marquent un changement profond et de nature stratégique entre l’Union européenne (UE) et le Vietnam. Les deux parties ont décidé de faire un choix politique majeur l’une envers l’autre en renforçant cette relation qu’ils entretiennent pour ce qui concerne spécifiquement le commerce. Cela veut dire que chacun des deux partenaires va pouvoir commercer davantage avec l’autre, davantage de produits en provenance de l’UE qui sont des produits demandés par les consommateurs vietnamiens de plus en plus vont pouvoir être disponibles sur le marché vietnamien à des conditions plus favorables aujourd’hui. Et réciproquement, cela veut dire que 99% des produits vietnamiens vont pouvoir trouver des débouchés en Europe dans un contexte où les consommateurs européens apprécient eux aussi de plus en plus ces produits fabriqués ici au Vietnam.
VOV5: L’application de ces accords nécessitera du Vietnam d’importants efforts pour répondre à leurs normes élevées en termes de garantie de la sécurité au travail, de protection de l’environnement et des consommateurs. À votre avis, quelles devraient être les priorités du Vietnam?
Ce que je peux vous dire, c’est que l’engagement du Vietnam dans cet accord de libre-échange est un engagement important qui suppose que sur un certain nombre de domaines du droit vietnamien, il y a des ajustements qui puissent être entrepris pour permettre au Vietnam de profiter au maximum de toutes les opportunités offertes par cet accord de libre-échange. De ce point de vue, c’est la raison pour laquelle, l’UE a proposé une assistance technique aux autorités vietnamiennes pour, justement, permettre à cet accord d’être utilisé au mieux par le Vietnam dans l’avenir de ces relations avec l’UE.
VOV5: La France est connue comme l’un des pays les plus performants en matière de gouvernance électronique. Quelles expériences pourrait-elle partager avec le Vietnam dans ce domaine?
Le 30 juin dernier, à Hanoï, le ministre et chef du bureau gouvernemental, Mai Tiên Dung, a signé avec le directeur exécutif de l’Agence française de Développement, Jean-Pierre Marcelli, une convention de coopération dans le développement du gouvernement électronique au Vietnam (Photo: TTXVN) |
La gouvernance électronique est devenue un axe de coopération très important entre la France et le Vietnam. Nous avons beaucoup travaillé dans notre pays depuis plus d’une dizaine d’années sur ce sujet de la gouvernance électronique. Aujourd’hui, et là je vous parle en tant que citoyen français, la majorité des rapports que les citoyens entretiennent avec l’administration se font en ligne en matière fiscale, d’état civil ou bien d’autres aspects de la vie quotidienne. C’est vraiment cet axe-là qui a été choisi par les autorités françaises. Ce que nous avons proposé, et que, je crois, le Vietnam souhaite de son côté, c’est que nous puissions précisément partager cette expérience. Notamment au moment où le Vietnam est en train de travailler à la mise en place de son propre portail de service public. Cet outil permettra aux citoyens vietnamiens de pouvoir effectuer une grande partie, peut-être même presque la totalité de leurs démarches administratives en ligne. Nous avons un savoir-faire et c’est ce savoir-faire que nous souhaitons partager.
VOV5: Sur le plan diplomatique, peut-on s’attendre à des échanges de visites de haut niveau entre les deux pays d’ici à la fin de l’année?
Il y a entre la France et le Vietnam des échanges de plus en plus réguliers à un niveau élevé. Comme nous sommes à la veille de notre fête nationale, je suis heureux de vous dire que nous accueillons précisément dans les prochains jours le groupe d’amitié France-Vietnam de l’Assemblée nationale française qui sera conduit par la présidente de ce groupe, madame Stéphanie Dô qui est une députée française, elle-même d’origine vietnamienne, et qui constitue un lien supplémentaire entre nos deux pays. Nous allons accueillir la semaine prochaine madame Valérie Pécresse, qui est la présidente de la région Ile-de-France. La région entretient avec la ville de Hanoi, depuis bientôt trente ans, un partenariat exemplaire et madame Pécresse vient célébrer le trentième anniversaire de ce partenariat. Apres l’été, ce sera le groupe d’amitié France-Vietnam du Sénat français qui sera en visite. Mais ces rencontres ne viennent pas que de la France, nous en avons beaucoup d’autres qui viennent du Vietnam vers la France et qui nourrissent ces échanges très réguliers. Par ailleurs, le président de la République française a annoncé son intention de se rendre au Vietnam lorsqu’il a accueilli l’année dernière le Secrétaire général et désormais Président de la République socialiste du Vietnam, monsieur Nguyên Phu Trong. C’est une échéance qui sera majeure aussi pour les relations entre la France et le Vietnam.
VOV5: À l’occasion du 14 juillet, il y a beaucoup de préparatifs dans les jardins de l’ambassade. Pourriez-vous partager avec nous les nouveautés de la fête organisée par votre ambassade pour la fête nationale française?
Nous avons souhaité cette année choisir pour thème de la célébration de notre fête nationale les régions de France et plus particulièrement les partenariats entre les régions de France et les provinces du Vietnam. Nous avons célébré au moment de la visite de Madame Nguyên Thi Kim Ngân en France ce que nous appelons les assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne, c’est-à-dire la réunion de toutes les collectivités locales françaises et des provinces vietnamiennes qui ont des accords de partenariat. Cette réunion à Toulouse a été un très beau succès. C’est pour cette raison que nous avons souhaité de mettre un coup de projecteur pour cette fête nationale aux régions de France qui sont présentes ici au Vietnam. Nos invites pourront profiter d’un petit parfum de Bretagne, de Provence, et d’autres très belles régions de France, avec, bien entendu, la gastronomie de chacune de ces régions. Nous espérons donc que nos amis vietnamiens seront nombreux à nous rejoindre non seulement pour célébrer la fête nationale française mais également la force de l’amitié franco-vietnamienne.
VOV5 : Pourriez-vous partager avec les auditeurs de VOV5 vos impressions sur votre premier mandat en tant qu’ambassadeur au Vietnam?
Je suis au Vietnam depuis bientôt trois ans. Je crois que c’est une chance et un privilège pour un diplomate français que de servir son pays ici au Vietnam. D’abord parce que le Vietnam et la France ont une histoire commune qui est extraordinairement riche et qui est faite de beaucoup d’intérêts communs. Mais aussi, je crois, plus profondément que ça, de fascination et d’attachement l’un pour l’autre. Je suis toujours frappé et je l’ai été au fil de ces trois années, de voir la chaleur avec laquelle nos amis vietnamiens nous parlent de la France, nous parlent de la relation entre nos deux pays et qui renvoie à ce que les Français disent spontanément quand ils parlent du Vietnam. Pour les Français, le Vietnam n’est pas un pays comme les autres. C’est un pays qui est un peu plus près de leur cœur.