(VOVWORLD) - Les impacts du changement climatique sont déjà bien visibles, au Vietnam. Dans la province de Dak Lak, sur les Hauts plateaux du Centre, les caféiculteurs s’adaptent… plutôt bien que mal. C’est sur la polyculture qu’ils misent désormais pour s’assurer des revenus plus stables.
Mai Dinh Phuong à côté d’un durianier. Photo: VOV
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Mai Dinh Phuong est caféiculteur à An Phu, un village rattaché au district de Cu Mgar. C’est sa principale activité agricole, mais pas la seule car il a désormais une deuxième corde à son arc : la fruiticulture. Il faut dire qu’au bout de trente ans d’exploitation, ses caféiers commençaient à perdre en rentabilité. Aussi a-t-il décidé de planter des arbres fruitiers pour diversifier sa production : un choix qui s’est révélé judicieux…
« Il faut savoir qu’avec un hectare de caféiers, on ne peut produire que de 2,5 à 3 tonnes de café par an, et qu’en plus, les prix ne cessent de baisser », nous explique-t-il. « C’est pour ça que je me suis mis à planter des durianiers, des poivriers et des avocatiers. Et pour l’instant, je m’en sors plutôt pas mal… »
Duong Van Thao est lui aussi caféiculteur, mais à Ê Cham, un village situé dans le district de Krông Ana. Tout comme Mai Dinh Phuong, il a choisi de miser sur la polyculture. Bien lui en a pris car son exploitation de 4 hectares lui rapporte de 300 à 400 millions de dôngs (de 12 à 16 000 euros) chaque année.
« On assiste à une véritable chute des cours du café sur les Hauts plateaux du Centre, ces derniers temps... Je me demande bien comment je pourrais m’en sortir si je ne pratiquais pas la polyculture. Ça me permet non seulement de compenser les pertes occasionnées par le café, mais aussi de renforcer mon exploitation », nous dit-il.
Ces 5 dernières années, l’association caféiers-arbres fruitiers est devenue la norme dans la province de Dak Lak. Photo: VOV |
Mai Dinh Phuong et Duong Van Thao ne sont pas des cas isolés, loin s’en faut. Ces 5 dernières années, l’association caféiers-arbres fruitiers est devenue la norme, dans la province de Dak Lak. Les caféiers profitent de l’ombrage généré par les arbres fruitiers - des durianiers, des avocatiers, des arbres de macadamia, mais aussi des poivriers et des sennas siameas - qui font office de parasol autant que de paravent. En période de changement climatique, cette protection naturelle est tout à fait appréciable, ce qui n’a pas échappé à Pham Công Tri, de l’Institut des Sciences et des Techniques agro-sylvicoles des Hauts plateaux du Centre.
« On est en train de créer un système de production agricole qui est finalement assez proche de ce qui se fait en sylviculture », observe-t-il. « Vu l’efficacité du modèle, il faudrait maintenant passer à la vitesse supérieure et établir des zones de polyculture durable, avec à la clé, des produits bio ».
Petit à petit, le concept de polyculture s’impose comme une réponse particulièrement pertinente aux aléas du changement climatique. Il nous montre en outre que, pour peu qu’on lui fasse confiance, la nature fait très bien les choses…