(VOVWORLD) - Cette semaine, nous allons hisser
les couleurs - fête nationale oblige. Plus exactement, nous allons aller à Tu
Vân, un village situé à 30 kilomètres au sud de Hanoï, qui a ceci de particulier
que l’on y confectionne des drapeaux vietnamiens à la pelle. Et ce n’est pas
d’aujourd’hui que date cette tradition ô combien patriotique puisque le 2
septembre 1945, les drapeaux qui flottaient sur la place Ba Dinh au moment de
la proclamation de l’indépendance étaient déjà l’œuvre d’artisans de Tu
Vân.
Tu
Vân, un village situé à 30 kilomètres au sud de Hanoï
|
La broderie, le tissage et la
couture sont des traditions solidement ancrées à Tu Vân : depuis le 16e
siècle, à en croire les seniors du village qui font état d’une renommée artisanale
dépassant même les frontières du pays. On ne s’étonnera pas, dès lors,
d’apprendre que plusieurs habitants de Tu Vân aient voulu tenter leur chance à
Hanoï.
Mais c’est en août 1945 que les
artisans de Tu Vân entrent véritablement dans l’histoire. Nous sommes alors à
la veille de l’insurrection générale et le comité de résistance, qui a besoin
de symboles marquants, se tourne vers eux, vers ceux d’entre eux qui se
trouvent à ce moment-là rue Hàng Bông, dans le vieux Hanoï. Leur mission ?
Confectionner des milliers de drapeaux rouges à étoile jaune… Pour le tissu, le
village de La Khê est mis à contribution, et pour les vignettes, celui de Triêu
Khuc. Et c’est ainsi que Tu Vân devient un village d’artisanat…
patriotique.
L'atelier de Nguyên Van Phuc |
Et il l’est encore, de nos jours.
C’est en tout cas ce que nous explique Nguyên Van Phuc, qui y tient un atelier
de couture.
« Ici, il y a facilement une
dizaine d’ateliers qui se consacrent presque exclusivement aux drapeaux
nationaux », nous dit-il. « Et il
faut bien reconnaître qu’il y a largement de quoi faire, entre le 2 septembre
et la rentrée scolaire. Et c’est sans compter les banderoles qu’on fait pour
encourager l’équipe nationale de football… Moi, c’est mon père qui m’a tout
appris. Mais à son époque, le travail était manuel. Maintenant, il y des
machines qui permettent d’accroître considérablement la productivité. »
Contrairement à ce que l’on
pourrait imaginer, confectionner un drapeau vietnamien digne de ce nom n’est
pas si simple : c’est un travail de précision, ne serait-ce qu’en raison
de sa valeur symbolique.
« Pour confectionner des
drapeaux, il faut d’abord choisir un beau tissu, puis le découper soigneusement.
Il faut bien mesurer, bien soigner les bords et l’étoile, qui doit être
parfaitement centrée. Moi, j’arrive à faire de 200 à 300 drapeaux par jour », nous raconte Nguyên Thi Thao, une couturière “à
l’ancienne”.
Force est de constater en tout
cas que les drapeaux nationaux rapportent un revenu stable à celles et ceux qui
les confectionnent. Et puis… quelle fierté, pour tous ces artisans de Tu Vân,
que de voir leurs drapeaux accompagner chaque grand évènement de la nation.
« Les services étatiques
nous passent des commandes », nous indique Nguyên
Van Phuc. « En ce qui me concerne, j’ai été invité à réaliser le
drapeau de 54m2 qui se trouve à Lung Cu, dans la province de Hà Giang à
l’extrême nord. 54m2, c’est en référence aux 54 ethnies du pays. Mais avec des
dimensions pareilles, vous avez intérêt à faire quelque chose de solide, qui
résiste bien au vent. Sinon, je suis membre de l’association des artisans du
village. »
Les drapeaux nationaux
confectionnés par les artisans de Tu Vân sont en vente non seulement à Hanoï
mais aussi dans différentes localités du pays. Les villageois en sont fiers,
d’autant plus fiers qu’ils ont ainsi le sentiment de défendre l’indépendance et la souveraineté du
Vietnam.