(VOVWORLD) - Dix ans… Voilà dix ans que les campagnes vietnamiennes vivent au rythme de la nouvelle ruralité, avec tout ce que cela suppose de modernisation…
Certaines communes sont rapidement devenues de véritables vitrines de cette nouvelle ruralité. C’est le cas de Viêt Dân, une commune de la province de Quang Ninh qui a fait peau neuve pour le meilleur… et pour le meilleur !...
La commune de Viêt Dân est nichée au pied du mont Yên Tu. C’est la bonne saison pour s’y rendre : les rizières ont cette couleur mordorée qui annonce les récoltes et qui enchante les photographes... Mais ce n’est pas tout. Des deux côtés de la route principale - bétonnée comme il se doit en contrée néo-rurale ! -, le vert des arbres fruitiers le dispute à l’éclat des fleurs…
Photo: VOV |
Dès 2013, la commune était aux normes de la nouvelle ruralité, ce qui ne l’a pas empêchée de poursuivre sur sa lancée et de s’imposer comme un exemple à suivre. Aujourd’hui, cultiver aux normes nationales VietGap est devenu une chose absolument naturelle à Viêt Dân. Sinon, en guise d’or vert, la localité peut compter sur les pommes cannelles, qui y abondent autant qu’elles sont synonymes d’abondance. Et ce n’est certainement pas Chu Thi Dua, l’heureuse propriétaire d’un verger de 12.000 m2, qui nous prétendra le contraire.
«Avant, on empochait environ 30 mille dôngs pour un kilo de pommes cannelles», se souvient-elle. «Mais maintenant qu’on s’est mis aux normes Vietgap, ça peut grimper jusqu’à 50 mille le kilo… C’est bien simple. A chaque récolte, je me fais environ 700 millions de dongs!... »
Effectivement… Sachant que 700 millions de dôngs font environ 27 mille euros… C’est incontestablement ce qu’il convient d’appeler une jolie somme…
Qui l’eût cru, pourtant, il y a encore dix ans, à l’époque où Viêt Dân n’était encore qu’une localité qui vivotait plus qu’elle ne vivait de la riziculture ? Il aura fallu tout le dynamisme des autorités locales et des habitants pour que les choses changent du tout au tout. Le fait est qu’aujourd’hui, la commune récolte les fruits de la croissance, au sens propre - les pommes cannelles, les oranges et les pamplemousses lui assurent de solides revenus - comme au sens figuré. Si en 2013, le revenu annuel moyen était déjà estimé à plus de 27 millions de dôngs (plus de mille euros), il avoisine à présent les 56 millions (2100 euros) !... Il va presque de soi qu’à ce régime-là, le taux de foyers pauvres a été ramené à zéro, ce qui est évidemment une excellente nouvelle et la preuve, s’il en fallait une, que la nouvelle ruralité est génératrice de bienfaits.
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Mais ce qui est remarquable, à Viêt Dân, c’est que cette éclatante réussite n’a visiblement pas fait tourner la tête des habitants. Lucides et pragmatiques, ces derniers ont bien compris qu’il n’y aurait pas de véritable essor économique si celui-ci ne rimait pas avec protection de l’environnement. Aussi les déchets sont-ils dûment triés, collectés et ensuite traités. Quant au pesticides et autres engrais chimiques, ils n’ont tout simplement pas droit de cité. Pour Nguyên Thi Minh Tu, qui est le chef du village de Phuc Thi, tous ces changements prennent racine dans un solide sens du collectif.
«Les membres du Parti et les associations ont évidemment joué un rôle pionnier dans le reboisement et le nettoyage des chemins vicinaux. Mais ils ont aussi pu compter sur un large soutien de la population» , constate-t-elle.
Sur le plan socioculturel, là encore, c’est l’embellie. Tous les établissements scolaires sont aux normes nationales. Chaque village dispose de sa propre maison culturelle...
Tant d’efforts valaient bien une récompense. C’est chose faite depuis juillet 2019, date à laquelle Viêt Dân a très officiellement été reconnue comme étant une commune néo-rurale exemplaire. Il faut dire qu’elle ne lésine pas sur les moyens : en 2017 et 2018, elle a mobilisé 67 milliard de dôngs (soit 2,6 millions d’euros) pour la nouvelle ruralité. Il faut savoir d’ailleurs que près des deux tiers de la somme provenait des habitants eux-mêmes, ce qui donne une assez bonne idée du degré d’implication de tous. Nguyên Ngoc Tiên, le vice-président du comité populaire communal, est bien sûr le premier à s’en féliciter.
«L’Union fait la force ! Quand nous avons lancé les mouvements de quartiers et de rues exemplaires, les habitants ont aussitôt collecté de l’argent pour construire les maisons culturelles», nous explique-t-il.
Un exemple, donc, qui devrait être suivi, et d’abord par la municipalité de Dông Triêu, dont dépend Viêt Dân, et qui entend bien devenir elle aussi une localité néo-rurale exemplaire, et ce dès 2020. Pour Nguyên Van Ngoan, le vice-président du comité populaire de Dông Triêu, il s’agit surtout d’améliorer le niveau de vie de la population.
« La nouvelle ruralité, c’est un processus de longue haleine qui implique toute la population. Dans l’immédiat, il va falloir songer à accroître la production, de façon à améliorer le niveau de vie de tous», nous dit-il.
Nouvelle ruralité, nouvelle prospérité, a-t-on envie de dire, devant l’insolente réussite de Viêt Dân, réussite dont on ne peut qu’espérer qu’elle soit contagieuse.