Sò Thi Chuyên, une brodeuse du village Xi Thoai

Créé en 1945, Xi Thoai est le premier village d’artisanat traditionnel de la région, une région peuplée de minorités ethniques. Au départ, les brocatelles étaient destinées à l’usage quotidien, et non au commerce. Mais petit à petit, elles ont commencé à intéresser quelques connaisseurs, et le cercle des amateurs s’est rapidement élargi, d’abord à l’ensemble de la commune de Xuân Lanh, qui est celle à laquelle est rattaché Xi Thoai, puis aux districts de Son Hoa et de Song Hinh... Sò Thi Chuyên, elle, passe sa vie à confectionner des brocatelles. Elle connaît la valeur de l’artisanat avec un A majuscule…                              

«Ce qui distingue les brocatelles de Phu Yên, c’est qu’elles sont tissées à la main et qu’elles présentent deux faces. Les hommes et les femmes portent les mêmes motifs sur leurs vêtements, mais les hommes portent des vestes à manches courtes, tandis que les femmes portent des robes à manches longues. Les femmes portent aussi un chapeau avec une ficelle pour enrouler leurs cheveux», nous explique-t-elle. 

Depuis une bonne vingtaine d’années, maintenant, les autorités locales s’emploient à valoriser le savoir-faire traditionnel des tisseuses de brocatelles. Créé en 2000 avec seulement 16 membres, le groupe de brodeuses du village de Xi Thoai en compte aujourd’hui plus de 40. La maison communale du village a du reste été transformée en atelier, de façon à permettre à ces brodeuses de transmettre leur savoir-faire aux jeunes, comme nous l’indique La O Thi Tim, une villageoise.

«Je suis très heureuse de voir que la culture de mon ethnie est encore bien vivante… C’est un savoir-faire qui se transmet de mère en fille, et pour ma part, je compte bien transmettre le flambeau», nous confie-t-elle. 

Les brocatelles du village Xi Thoai

En 2023, Xi Thoai a été officiellement reconnu par le comité populaire de la province de Phu Yên comme étant un village d’artisanat traditionnel. Les brodeuses peuvent d’ailleurs compter sur le soutien des autorités locales qui les aident à développer leur production, comme aime à le rappeler Trân Quôc Huy, le vice-président du comité populaire du district de Dông Xuân.

«Nous avons invité les artisanes à participer à des ateliers dans d’autres localités. Nous les avons également aidées à entrer en contact avec des entreprises qui assurent l’écoulement de leurs produits», nous dit-il. 

Récemment, à Hanoï, le comité de la gestion du lac Hoàn Kiêm et du Vieux quartier a pris contact avec le service du tourisme de la province de Phu Yên pour organiser une présentation de l’artisanat de Xi Thoai, de façon à permettre aux habitants de la capitale et aux visiteurs de passage d’en découvrir toute l’originalité.

Trân Doàn Lâm et Ta Van Quang sont deux experts en la matière. Ils nous livrent leurs commentaires…

«Les costumes ethniques sont à la fois un patrimoine culturel et une part de l’identité de telle ou telle ethnie. On ne peut pas confondre la tenue traditionnelle des Bahnar avec celle Mông: ils ont une manière bien à eux de combiner les accessoires et les bijoux, et même de porter le vêtement…», précise le premier.   

«Les visiteurs peuvent essayer les costumes des Bahnar. C’est une expérience intéressante, qui permet de prendre toute la mesure de la richesse artisanale de tous ces vêtements», ajoute le second. 

La province de Phu Yên envisage désormais de développer le tourisme communautaire au sein du village de Xi Thoai: c’est l’évolution la plus logique, la plus dans l’air du temps...