(VOVWORLD) - C’est par un acronyme, AEUMC, qu’est désigné
l’accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada, qui remplace l’ALENA,
l’accord de libre-échange nord-américain vieux de 24 ans. Il a été obtenu in
extremis au bout de 13 mois de négociations intenses. À première vue, on
pourrait penser que toutes les parties sont gagnantes, mais en fin de compte,
il semble qu’il y ait bel et bien un grand gagnant, et que ce grand gagnant
soit les États-Unis.
Photo d'illustration
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Des
compromis…
Américains, Mexicains et Canadiens ont publié
une déclaration commune affirmant que le nouvel accord avait des normes élevées
et qu’il devrait donc garantir des échanges commerciaux plus équitables, ouvrir
de nouveaux débouchés et dynamiser la croissance économique dans la région. Les
principaux bénéficiaires seront les ouvriers, les agriculteurs, les fermiers et
les entrepreneurs.
Mais l’AEUMC devrait également profiter à la
classe moyenne en apportant des emplois mieux rémunérés, et, d’une manière
générale, à toute la population de l’Amérique du Nord, soit 500 millions de
personnes et 1000 milliards de dollars de dépenses annuelles.
Avec cet accord, les États-Unis, le Mexique et
le Canada ont pu régler plusieurs problèmes de longue date dans leurs relations
commerciales. Ils ont décidé de sanctions pénales à l’égard des violations de
droits d’auteurs sur les films en ligne, les livres et la musique
électroniques, les logiciels et les jeux électroniques… Le nouvel accord
devrait mieux protéger la propriété intellectuelle, notamment les brevets
d’invention en termes de biotechnologie et de services financiers.
Cependant, d’un point de vue global, l’AEUMC
profite plus aux États-Unis qu’aux deux autres pays concernés. En effet, il va
finalement ouvrir le marché du lait canadien aux agriculteurs américains, ce
dernier point ayant été la principale pomme de discorde dans les négociations
entre Washington et Ottawa. Si en vertu de l’ALENA, le précédent
accord, le Canada limitait les importations de lait, de fromage et
d’autres produits laitiers en provenance des États-Unis, dans ce nouvel accord,
il accepte d’importer davantage de lait, de volailles et d’œufs américains. En
outre, le Canada a supprimé un dispositif lui permettant d’abaisser le
prix du lait diafiltré, dispositif qui jusque-là encourageait les
transformateurs et producteurs du Canada à choisir un produit canadien plutôt
qu’américain.En échange de ces concessions
canadiennes, les États-Unis ont accepté d’importer plus de produits
laitiers, des cacahuètes et leurs produits dérivés, ainsi qu’une certaine
quantité de sucre du Canada.
Le Mexique, lui aussi, a fait d’importantes
concessions qui devraient permettre aux États-Unis de réduire leur
déficitcommercial.
…
susceptibles de créer de nouvelles barrières commerciales?
L’obtention de l’accord de libre-échange avec
le Mexique et le Canada a été un soulagement pour les entreprises américaines,
surtout dans le secteur laitier. Les autres, notamment celles des secteurs de
l’acier et de l’automobile, y mettent un gros bémol. En effet, le nouvel accord
comprend de nouvelles règlementations sur l’origine des automobiles, ce qui
devrait avoir pour effet de créer davantage d’emplois aux États-Unis mais aussi
de faire augmenter le prix des véhicules qui y sont fabriqués. En ajoutant des
clauses fiscales dans le nouvel accord, l’administration Trump espère limiter
les exportations d’automobiles, par le Mexique et le Canada, vers les
États-Unis. Néanmoins, aucune différence ne devrait être visible dans le court
terme, tant que le Département américain au Commerce n’aura pas fourni son
rapport sur les impacts du nouvel accord sur la sécurité nationale américaine,
et que la demande américaine en automobiles mexicaines et canadiennes restera
importante.
De leur côté, les professionnels de l’acier du
Mexique et du Canada ont appelé leurs gouvernements à régler les disputes
fiscales avec les États-Unis avant la signature officielle de l’AEUMC, prévue
fin novembre.
Les dirigeants des États-Unis, du Mexique et
du Canada ont tous affiché leur satisfaction d’avoir finalisé leurs
négociations sur ce nouvel accord, le considérant comme une bouée de sauvetage
pour le commerce nord-américain. Mais la valeur réelle de l’accord ne sera
prouvée qu’une fois celui-ci entré en vigueur.