(VOVWORLD) - Le Sommet de l’APEC, point culminant de la Semaine de haut niveau du Forum de coopération économique Asie-Pacifique, organisé cette année en République de Corée sous haute surveillance internationale, alors que Donald Trump et Xi Jinping doivent se retrouver pour des échanges jugés déterminants pour l’équilibre économique mondial.
Inaugurée le 27 octobre à Gyeongju (Sud-Est) par la session de clôture des hauts officiels (CSOM), la Semaine de haut niveau du Forum de coopération économique Asie-Pacifique 2025 revêt une importance particulière: il s’agit du premier sommet réunissant les dirigeants des 21 économies membres depuis le retour de Donald Trump à la présidence américaine. Ses politiques tarifaires, relancées dès le début de l’année, ont profondément bouleversé l’équilibre du commerce mondial.
Des face-à-face très attendus
Tous les regards se tournent vers une possible rencontre entre Donald Trump et le secrétaire général du Parti communiste et président chinois Xi Jinping, la première depuis le retour du président américain à la Maison Blanche. Stephen Nagy, professeur à l’Université chrétienne internationale du Japon, souligne:
"Les membres de l’APEC seraient très heureux de voir les présidents Trump et Xi renouer le dialogue. Peu importe qu’ils abordent ou non les questions commerciales, l’essentiel est de voir les relations sino-américaines retrouver une certaine stabilité et de relancer les mécanismes de concertation économique et sécuritaire abandonnés sous la première administration Trump."
D’autres rencontres attirent également l’attention. Le président sud-coréen Lee Jae-myung devrait, pour sa part, chercher à conclure un accord commercial avec Washington, tout en profitant de la visite à Séoul de Xi Jinping – sa première en onze ans – pour renforcer les liens bilatéraux.
La Première ministre japonaise Sanae Takaichi effectuera, quant à elle, ses premiers entretiens directs avec les dirigeants régionaux, dont ceux de la Chine et de la République de Corée. Par ailleurs, Donald Trump a lui-même évoqué l’hypothèse d’une rencontre surprise avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, sur le modèle de celle de 2019, bien que les observateurs jugent peu probable la tenue d’un tel sommet.
Créée en 1989 pour rapprocher les économies riveraines du Pacifique, l’APEC a servi de socle à plusieurs accords commerciaux importants, dont le Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) et le Partenariat économique régional global (RCEP).
Sur le plan géopolitique, l’APEC s’est imposé comme une plateforme de choix pour les échanges au sommet entre nations aux relations bilatérales difficiles.
Dans un contexte d’incertitude et de tensions, le monde entier guette un accord – ou au minimum un compromis – entre Washington et Pékin pour désamorcer les tensions qui pèsent sur le commerce international.
L’APEC à un tournant historique
Pour John Delury, expert des relations sino-américaines et des questions relatives à la péninsule coréenne à l’Asia Society, l’APEC traverse "l’un des tournants les plus décisifs de son histoire", conséquence du désengagement américain des institutions multilatérales. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a multiplié les retraits des forums internationaux, préférant une diplomatie bilatérale fondée sur la négociation d’intérêts immédiats.
"En se désengageant de forums tels que l’APEC, l’administration Trump met en lumière, paradoxalement, la nécessité de rassembler à nouveau les dirigeants de la région Asie-Pacifique autour des valeurs historiques du forum, comme le libre-échange et la coopération économique", souligne Delury.
Au-delà des tractations diplomatiques, la semaine de Gyeongju affiche un agenda chargé. Du 29 au 30 octobre, la Réunion ministérielle rassemble les chefs de la diplomatie et du commerce des 21 économies membres autour des enjeux régionaux: coopération numérique, sécurisation des chaînes d’approvisionnement et expansion commerciale. Le Sommet des entreprises de l’APEC, organisé du 29 au 31 octobre, réunira les dirigeants des plus grandes entreprises de la planète, parmi lesquels Jensen Huang, directeur général du fabricant américain de puces Nvidia. Le Sommet de l’APEC, clou de la semaine, devrait sceller une "Déclaration de Gyeongju" – un signal fort à l’heure où libre-échange et multilatéralisme vacillent.