Des turbulences politiques en Italie, un casse-tête pour l’UE

(VOVWORLD) - La scène politique italienne tremble. La victoire de l’extrême droite aux élections législatives anticipées du 25 septembre devrait avoir des effets sur l’orientation et la politique générales de l’Union européenne, dans laquelle ce pays occupe un rôle et une position géostratégique importants.
Des turbulences politiques en Italie, un casse-tête pour l’UE - ảnh 1Les élections générales anticipées se sont déroulées dimanche 25 septembre en Italie. Photo: AFP/ TTXVN

Les élections législatives anticipées en Italie ont eu lieu le 25 septembre, deux mois après la démission du Premier ministre Mario Draghi, en raison des pressions internes. Selon les résultats publiés le 26 septembre, l’alliance des droites dirigée par le parti Fratelli d’Italia (FDI) a remporté la majorité des sièges dans les deux chambres du Parlement. L’alliance de centre-gauche formée par le Parti démocrate (PD) a reconnu sa défaite, soulignant qu’elle serait la plus grande force d’opposition.

Des changements notables…

Selon les analystes, ces résultats étaient prévisibles, dès le moment où le Premier ministre Mario Draghi et son Cabinet ont été contraints d’annoncer leur démission en juillet dernier. L’alliance des droites était en effet toujours en tête des sondages menés par diverses organisations avant l’élection. L’équilibre des forces dans l’arène politique italienne a radicalement changé. C’est désormais à l’extrême droite de prendre le pouvoir, de former le gouvernement, et de contrôler les deux chambres du Parlement. Tout laisse à penser que la dirigeante de ce mouvement, Giorgia Meloni, deviendra la Première ministre. 

En fait, la montée de l’extrême droite dans un pays souvent soumis à de grandes turbulences politiques comme l’Italie, n’a rien de surprenant. Ce pays a eu 43 Premiers ministres depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et est sur le point d’avoir un 4e gouvernement en seulement 4 ans. Ce qui interpelle l’opinion publique, c’est le contexte dans lequel interviennent les turbulences politiques actuelles. L’Europe toute entière traverse une crise sérieuse en raison de la hausse sans précédent des prix alimentaires et énergétiques mondiaux, causée par le conflit russo-ukrainien.

Des turbulences politiques en Italie, un casse-tête pour l’UE - ảnh 2Les résultats quasi définitifs montrent que l’alliance des droites, dirigée par le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, a remporté les élections. Photo: Reuters

Les préoccupations de l’Europe

Les analystes estiment que l’Union européenne a des raisons claires d’être préoccupée par les changements politiques en Italie.

Sur le plan économique, en 2021, l’Italie est le membre qui bénéficie le plus du parquet européen de soutien, une dotation qui s'élève à 750 milliards d’euros, adopté suite à la pandémie de Covid-19. La façon dont cet argent est utilisé en Italie a donc un impact certain sur l’efficacité de la mesure dans toute l’Union européenne. En outre, lors de sa campagne électorale, la dirigeante du parti FDI, Giorgia Meloni, avait annoncé à plusieurs reprises que son pays renoncerait aux réglementations européennes sur la discipline budgétaire. Cette discipline veut que le déficit budgétaire ne dépasse pas 3% du PIB et la dette publique (de l’État et des administrations publiques) ne dépasse pas 60% du PIB. De toute évidence, l’éventuelle désobéissance du futur gouvernement italien augmentera la pression sur l’UE alors que celle-ci s’emploie à maîtriser une inflation jamais vue depuis des décennies.

Sur le plan diplomatique, la position des droites italiennes sur le conflit russo-ukrainien est clairement différente de celles de la plupart des États membres de l’UE. Silvio Berlusconi, leader du parti Forza Italia et Matteo Salvini, leader du parti Ligue italienne, qui pourraient tous deux intégrer le nouveau gouvernement, s’opposent aux actions catégoriques et aux sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie. C’est dire que l’Europe serait prochainement plus divisée sur le traitement des questions liées au conflit russo-ukranien. Sur les questions migratoires, le ton des futurs gouvernants d’Italie est également différent de celui de Bruxelles. L’alliance des droites italienne prône en effet une politique ferme sur l’accueil de migrants étrangers. Compte tenu de la position géographique importante de l’Italie sur la carte migratoire mondiale, la mise en œuvre de cette politique exercera une pression supplémentaire sur la stratégie d’accueil de l’UE.

Néanmoins, certains experts estiment que la formation d’un nouveau gouvernement en Italie pourrait créer un changement positif en Europe. Ils pensent que les efforts visant à promouvoir une solution diplomatique avec la Russie pour résoudre la crise russo-ukrainienne, ainsi qu’à redynamiser les relations UE-Russie, seront renforcés. C’est notamment la position de la Hongrie, le membre de l’UE le plus fervent défenseur d’une solution diplomatique avec la Russie. Les dirigeants de ce pays estiment que seul le dialogue avec la Russie peut résoudre de manière satisfaisante la crise à laquelle toute l’Europe est confrontée aujourd’hui.

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