Donald Trump au Royaume-Uni: façonner les relations futures

(VOVWORLD) - Le président américain effectue sa deuxième visite d’État outre-Manche, dans un contexte de relations transatlantiques fragilisées par les divergences sur l’Ukraine et les enjeux commerciaux.
Donald Trump au Royaume-Uni: façonner les relations futures - ảnh 1Le président américain Donald Trump. Photo: TTXVN

Arrivé le 16 septembre au soir à Londres, Donald Trump a été accueilli avec tous les honneurs pour une visite de deux jours. Un événement inédit: jamais un président américain n’avait été convié deux fois pour une telle visite au Royaume-Uni.

Le protocole royal en grand apparat

Le 17 septembre, le château de Windsor déploie tout son décorum pour recevoir Donald Trump et son épouse. Sous la conduite du roi Charles III, la cérémonie respecte les traditions monarchiques les plus solennelles. Le président américain dépose une couronne sur la tombe de la reine Elizabeth II, avant d’assister à une prestation de la chorale de la chapelle Saint-Georges.

Point d’orgue de ce déploiement symbolique: le banquet royal offert le soir même au palais de Windsor. Dans leurs allocutions, Charles III et Donald Trump saluent les liens historiques et l’alliance singulière entre les deux pays.

Au-delà du cérémonial, Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer mènent des discussions bilatérales approfondies, couvrant un large éventail de dossiers déterminants pour la relation américano-britannique comme pour le rapport de Washington avec ses alliés européens. Ces entretiens interviennent alors que l’alliance transatlantique traverse une phase de turbulences, affaiblie par le redéploiement des priorités stratégiques américaines et par des divergences persistantes sur plusieurs dossiers internationaux majeurs.

Pour nombre d’observateurs, cette visite survient à un moment sensible, porteur de possibles inflexions décisives pour les relations entre Londres et Washington, mais aussi pour l’ensemble du bloc occidental. Conscient de l’enjeu, le gouvernement britannique mise sur la solennité des cérémonies royales pour faciliter un rapprochement, misant sur l’attrait bien connu de Donald Trump pour le faste monarchique. 

«C’est la première fois qu’un chef d’État est invité directement par lettre du souverain britannique. Le geste reflète de nombreux calculs politiques», analyse Robert Lacey, historien de la famille royale.

Dans le même esprit, Olivia O’Sullivan, directrice du programme Le Royaume-Uni dans le monde à Chatham House, souligne que Londres doit composer avec les orientations imprévisibles de l’administration américaine. La visite de Donald Trump devrait ainsi donner à Keir Starmer l’occasion de clarifier la position de Washington sur plusieurs dossiers clés, qu’il s’agisse du commerce, de la sécurité ou de l’énergie.

«Inviter deux fois un président américain pour une visite d’État est exceptionnel. Le Royaume-Uni veut obtenir quelque chose de stratégique et de significatif de cette visite», indique Olivia O’Sullivan.

La technologie au centre des discussions

Parmi les priorités que Londres entend défendre lors de la visite de Donald Trump, l’investissement occupe une place centrale. En amont de cette rencontre, le Royaume-Uni et les États-Unis ont conclu un accord dans le domaine du nucléaire civil, prévoyant une reconnaissance mutuelle des standards de sûreté appliqués aux petits réacteurs modulaires (SMR). Le 11 septembre, le gouvernement britannique a également officialisé un contrat de 400 millions de livres sterling (543 millions de dollars) avec Google Cloud. Cet accord, qui vise à renforcer le partage d’informations classifiées et à sécuriser les canaux de communication transatlantiques, vient s’ajouter à la coopération déjà étroite dans le domaine du renseignement.

Le ministère britannique de la Défense précise que ce partenariat entraînera des investissements supplémentaires de plusieurs millions de livres et s’accompagnera du recrutement, au Royaume-Uni, d’une équipe d’experts par le géant technologique américain. Au-delà de ces annonces, Londres cherche à attirer des capitaux américains dans les secteurs financier et technologique, avec un accent particulier sur l’intelligence artificielle, les supercalculateurs et l’informatique quantique.

Les grandes questions géopolitiques figureront également au cœur de la visite de Donald Trump au Royaume-Uni: le conflit en Ukraine, celui à Gaza et le projet, porté par Londres et plusieurs capitales européennes, de reconnaître l’État palestinien. Ces derniers mois, Keir Starmer a multiplié les démarches diplomatiques, aux côtés d’autres dirigeants européens, pour tenter de convaincre Washington d’adopter une ligne plus ferme à l’égard de Moscou et d’ouvrir la voie à de possibles négociations rapides en vue d’un règlement du conflit. Mais malgré les déclarations américaines sur un éventuel renforcement des sanctions, la position de l’administration Trump n’a pas évolué dans la mesure attendue par les Européens.

«Les États-Unis et leurs alliés européens, dont le Royaume-Uni, affichent aujourd’hui des divergences significatives sur ces dossiers», observe Olivia O’Sullivan. Dans ce contexte, le Premier ministre britannique devra aborder ces questions avec son interlocuteur américain avec une grande prudence diplomatique.

«C’est un exercice d’équilibre délicat pour Keir Starmer. Londres veut des investissements dans les technologies de pointe, mais Washington peut exiger des concessions en retour», a-t-elle expliqué.

Les différends commerciaux viennent compliquer encore ce tableau. Les États-Unis maintiennent une politique tarifaire ferme, y compris vis-à-vis du Royaume-Uni. Plus récemment, Washington a pressé ses alliés européens et de l’OTAN d’imposer des droits de douane élevés à la Chine et à l’Inde pour accroître la pression sur Moscou.

Ces tensions économiques menacent d’affaiblir les ambitions plus larges que Londres et Washington veulent tirer de cette visite. Le gouvernement britannique se retrouve pris entre ses aspirations d’investissement et les exigences souvent contradictoires de son partenaire américain.

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