Bateaux de pêche à l’ancre au village de pêcheurs de Mui Ne, province de Lâm Dông. Photo: Doan Si / VOV–Hô Chi Minh-Ville

Nous revenons aujourd’hui sur les actions marquantes de ces forces dans la lutte contre la pêche illicite: longues patrouilles en mer, contrôle rigoureux dans les ports, opérations de sensibilisation auprès des pêcheurs… Autant d’actions qui nourrissent une détermination commune: lever le «carton jaune» européen et bâtir une pêche vietnamienne durable, responsable et pleinement intégrée à l’économie mondiale.

Un changement positif dans les mentalités

Bateaux de pêche à l’ancre au port de Tinh Hoa, province de Quang Ngai. Photo: Thanh Thang / VOV–Centre

Au poste de garde-frontière de Sa Huynh, dans la province de Quang Ngai, le modèle du «haut-parleur anti-INN» a permis d’améliorer nettement le respect des règles de pêche.

Les messages juridiques diffusés chaque jour finissent par s’ancrer dans les mémoires. Après sa journée au port, Vo Thi Hông Hai, de la commune de Duc Phô, les répète à son mari. Résultat: leur bateau fait partie des unités exemplaires dans le respect des réglementations.

«À force d’écouter ces messages, j’ai pu les transmettre à mon mari: ne pas pêcher dans les eaux étrangères, présenter tous les documents au retour, maintenir le contact radio et laisser la balise de surveillance allumée», précise Hai.

Un habitant effectuant les formalités pour que son bateau accède à la zone du Poste de contrôle frontalier de Sa Ky. Photo: Thanh Thang / VOV–Centre

Dans toutes les provinces côtières, les haut-parleurs fonctionnent efficacement. Les unités de garde-frontière organisent également des patrouilles, distribuent des dépliants et expliquent clairement aux pêcheurs que l’absence de journal de bord ou le franchissement de la frontière maritime peuvent nuire autant à leurs propres activités qu’à la réputation de tout le secteur halieutique vietnamien.

Le navire BP-09-12-01 de l’Escadron frontalier 2, Commandement des gardes-frontières de la province de Quang Ngai, prêt pour les missions de lutte contre la pêche INN. Photo : Thanh Thang / VOV–Centre

Autrefois, certains voyaient le journal de bord ou la balise VMS (système de surveillance des navires par satellite) comme de simples formalités. Aujourd’hui, ils en comprennent l’importance.

«Pour partir en mer, il faut désormais le certificat de conformité, l’autorisation de pêche, la surveillance du navire, la localisation, les communications… Tout doit être clair. Les pêcheurs ont des responsabilités et doivent être équipés comme il faut. Ce n’est plus comme avant», déclare un pêcheur.

«Nous respectons les règles. Nous ne pêchons que dans les zones autorisées et nous ne franchissons pas la frontière. L’État nous soutient, alors nous nous efforçons de rester en mer tout en contribuant à défendre la souveraineté maritime du Vietnam», ajoute un autre.

«À chaque sortie, nous déclarons notre bateau à la Garde-frontière. J’assiste à toutes les réunions. Avec le système de surveillance, personne n’ose plus franchir les limites. Nous respectons très bien les règles», affirme un troisième.

«Je dois remplir le journal de bord pour le présenter à la Garde-frontière en arrivant au port. Cela facilite la vente des poissons. Et la balise VMS doit rester allumée 24 heures sur 24», dit un armateur.

Bùi Van An (deuxième à partir de la gauche) convaincu par les agents du Poste frontalier de Nhon Ly de ramener son bateau au port en attendant les procédures. Photo: Nguyen Thao / VOV–Tây Nguyên

Depuis 36 ans, Bùi Van An, 60 ans, du village de Ly Hoa à Quy Nhon Dông, dans la province de Gia Lai, vivait de la pêche en haute mer. Mais son navire ne répond plus aux exigences techniques. Comme 423 autres propriétaires de bateaux de la province, il a dû arrêter d’opérer. Il comprend que sortir en mer illégalement nuirait non seulement à lui-même, mais aussi aux efforts de la province pour lever le «carton jaune».

«Mon moteur ne peut plus être certifié, donc je ne peux plus pêcher. Je me conforme aux règles: j’ai ramené le bateau à quai et j’ai arrêté l’activité», déclare An.

Les gardes-frontières du Poste frontalier Nhon Ly, Commandement des gardes-frontières de Gia Lai, incitent les pêcheurs à signer un engagement à ne pas sortir en mer sans conditions requises. Photo: Nguyên Thao / VOV–Tây Nguyên

Depuis le début de l’année, les postes de garde-frontière ont renforcé les contrôles, supervisent étroitement les navires et envoient des officiers spécialisés à chaque commune côtière pour coordonner les actions contre la pêche INN.

Ils refusent catégoriquement d’autoriser le départ des navires dits «trois sans»: sans enregistrement, sans certification, sans licence de pêche.

"Nous demandons aux propriétaires et capitaines de signer des engagements. Pour les navires non conformes, aucun départ n’est autorisé. Grâce à cela, aucune infraction INN n’a été constatée dans notre zone récemment", affirme le lieutenant-colonel Nguyên Quôc Hiêp, commissaire politique du poste de garde-frontière de Nhon Ly.

Au-delà de l’action des forces publiques, les pêcheurs eux-mêmes jouent désormais un rôle essentiel de vigilance collective. À Dê Gi, Huynh Minh Kiêm et ses collègues se rappellent mutuellement de respecter les règles afin de préserver une pêche durable.

«Nous ne franchissons pas les frontières. Nous n’avons pas le droit de pêcher illégalement. Le poisson pris à l’étranger ne peut pas être exporté. C’est très mauvais pour l’image du pays. Ici, nous respectons strictement les règles INN. Personne n’ose aller pêcher en eaux étrangères», déclare-t-il.

Les gardes-frontières de Gia Lai mènent une campagne intensive de sensibilisation des pêcheurs contre la pêche INN. Photo: Thanh Binh / VOV–Tây Nguyên

Sur de nombreux champs de pêches, les pêcheurs maintiennent la balise VMS allumée 24 heures sur 24, surveillent la frontière maritime, mettent à jour les nouvelles règles et suivent les instructions de la Garde-frontière, de la Garde-côtes et de la Surveillance des ressources halieutiques. Ils constatent aussi les avantages concrets du respect des règles: plus de sécurité en mer, assistance rapide en cas d’incident, et facilitation de la vente grâce à la traçabilité.

Progressivement, la prise de conscience devient action: un socle indispensable pour lever le «carton jaune», et pour construire une pêche responsable, moderne et durable.

Interview du colonel Dào Ba Viêt, chef adjoint de l’état-major de la Garde-côtes vietnamienne

Colonel Dào Ba Viêt, chef adjoint de l’état-major de la Garde-cotiere vietnamienne. Photo: baohatinh.vn

Les progrès dans la conscience des pêcheurs doivent beaucoup au travail acharné des forces de défense – Marine, Garde-côtes, Garde-frontière et Surveillance des ressources halieutiques. Pour mieux comprendre leur rôle, nous avons interviewé le colonel Dào Ba Viêt, chef adjoint de l’état-major de la Garde-côtes vietnamienne.

VOV5: Colonel Dào Ba Viêt, l’un des facteurs clés pour résoudre le problème de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est de changer la perception des pêcheurs. Comment la Garde-côtes du Vietnam mène-t-elle cette sensibilisation?

Colonel Dào Ba Viêt: En tant que force centrale dans la lutte contre la pêche INN, nous collaborons avec l’ensemble des organismes et unités des forces armées pour appliquer strictement les directives et décisions du Premier ministre, du ministère de la Défense et du Commandement de la Garde-côtes. Nous renforçons la coordination entre la Garde-côtes et les autres forces, et travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales et les médias pour informer et éduquer la population, en particulier les communautés de pêcheurs côtiers, sur les zones de pêche légale, les réglementations contre la pêche INN, ainsi que les sanctions prévues par la loi. Cela permet de mieux sensibiliser les pêcheurs à la législation.

Il ne s’agit pas seulement d’une action stricte au niveau des autorités. Les pêcheurs doivent surtout comprendre que c’est une question de survie. Ce n’est pas simplement pour se préparer à une inspection de la Commission européenne. Lever le «carton jaune» INN est une étape essentielle pour développer une pêche durable au Vietnam.

VOV5: Vous avez évoqué une inspection imminente de la Commission européenne. Pourriez-vous nous en dire plus?

Colonel Dào Ba Viêt: L’inspection de la CE est un moment crucial et décisif pour une possible levée du carton jaune. Le Vietnam a travaillé intensivement pour appliquer les recommandations de la CE: perfectionner le cadre juridique sur la pêche, prendre des mesures strictes pour empêcher les navires de pêcher illégalement dans les eaux étrangères, assurer la traçabilité des produits de la mer, réprimer les infractions INN, renforcer la sensibilisation et la coordination entre les forces.

Avec l’ensemble du système politique, la Garde-côtes continue de jouer un rôle central, avec responsabilité et détermination. Nous avons mis en place plusieurs mesures coordonnées et efficaces:

Premièrement, sur le plan de la sensibilisation et de l’éducation, nous informons les pêcheurs sur les dangers de la pêche INN et la nécessité de lutter contre ces pratiques, ainsi que sur les sanctions prévues par la loi.

Deuxièmement, nous nous efforçons de renforcer les capacités et la coordination. Il s’agit d’améliorer la collaboration entre autorités locales, médias et forces compétentes pour créer un système complet de suivi et de contrôle des navires, de la côte à la mer, garantissant que tous les navires soient surveillés.

Troisièmement, en ce qui concerne les patrouilles et la surveillance en mer, nous faisons en sorte de maintenir des contrôles stricts, de détecter les navires déconnectés des systèmes de suivi et de sanctionner rigoureusement les violations INN, tout en empêchant les incursions dans les eaux étrangères.

Quatrièmement, nous renforçons le contrôle des ports et des voies navigables: surveiller l’entrée et la sortie des navires, en particulier ceux sans immatriculation, sans certification et sans licence de pêche, ainsi que les navires absents du port d’attache depuis longtemps. Toutes les activités liées à la pêche INN sont sévèrement sanctionnées.

Cinquièmement, nous veillons à une bonne coordination à l’échelle nationale. Les campagnes intensives de lutte contre la pêche INN sont menées conjointement avec toutes les unités et autorités locales.

Sixièmement, nous avons lancé un mouvement d’émulation au sein de la Garde-côtes pour mettre un terme définitif à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

VOV5: Quelles technologies utilisez-vous pour suivre les navires et prévenir la pêche INN?

Colonel Dào Ba Viêt: Aujourd’hui, nous appliquons des technologies de surveillance modernes et d’analyse intelligente des données, installées sur les navires et dans les centres de commandement, pour suivre, surveiller et intervenir rapidement contre les violations INN.

Les centres de commandement intègrent diverses sources de données, analysent et identifient les groupes de navires présentant un risque élevé. Ces informations sont transmises aux patrouilles en mer pour vérification et intervention immédiate.

Nous utilisons des radars longue portée pour détecter et localiser les navires de jour comme de nuit, même par mauvais temps, des caméras infrarouges pour suivre les activités en temps réel, et des systèmes IOS pour identifier et suivre les navires environnants. Grâce à ces équipements, nos patrouilles peuvent évaluer rapidement la situation et intervenir directement.

À l’avenir, nous prévoyons de moderniser les systèmes de reconnaissance électronique, de renforcer l’infrastructure d’analyse des «big data», et d’utiliser satellites, drones et intelligence artificielle pour améliorer la surveillance et l’identification des violations INN. Cela permettra de protéger la souveraineté maritime, d’assurer la sécurité sur nos eaux et de développer durablement la pêche au Vietnam.

VOV5: Merci, Colonel!

Lever le carton jaune, développer une pêche durable

Les dirigeants des gardes-frontières de Soc Trang rendent visite aux pêcheurs et les sensibilisent au strict respect des règles contre la pêche INN. Photo: Thach Hong / VOV–Delta du Mékong

Dans les grands ports du pays — Quy Nhon, Cà Mau, Phu Yên, Kiên Giang… — le contrôle des entrées et sorties, des journaux de bord, du système de gestion vidéo VMS, des licences de pêche et de la traçabilité se déroule de manière efficace et fluide.

À l’échelle nationale, près de 99,8 à 99,9% des navires de pêche figurent désormais dans la base de données nationale, qui recense environ 80.000 unités. Environ 96% des 77.000 navires concernés ont reçu une licence de pêche.
De nombreuses provinces ont achevé le marquage de tous leurs bateaux qui ont d’ailleurs obtenu leur licence de pêche.

Le Premier ministre Pham Minh Chinh. Photo: Lai Hoa / VOV

Cet effort collectif est piloté par le Premier ministre Pham Minh Chinh en personne, qui tient chaque semaine une réunion dédiée. Le 13 novembre dernier, il a une nouvelle fois insisté sur l’urgence d’obtenir la levée du carton jaune.

«Les dirigeants des ministères et provinces seront directement responsables en cas de récidive des infractions dans leur zone de compétence. Au cours de ce mois d’action intensive, il faut concentrer tous les efforts pour mettre fin aux violations et construire une pêche responsable et traçable. Cela est indispensable au développement durable de la filière halieutique nationale. Il y va même de l’honneur du pays et de l’avenir de nos pêcheurs», a-t-il souligné.

Le général de corps d’armée Lê Quang Dao, chef d’état-major général adjoint de l’Armee populaire du Vietnam, prenant la parole lors d’une conférence sur la lutte contre la pêche INN, le 15 novembre 2025. Photo: Ha Phuong / VOV

La transformation numérique contribue à rendre le contrôle plus efficace. Le groupe Viettel a mis en place une plateforme reliant données locales et nationales: surveillance des navires en temps réel, alertes de perte de signal ou de risque de franchissement de frontière.

«Viettel, le groupe de télécommunications de l’armée, en collaboration avec la Garde-frontière et le ministère de l’Agriculture et de l’Environnement, a numérisé tous les dossiers des navires. Il travaille aussi avec le ministère de la Sécurité publique pour intégrer les données dans l’application VNeID, ce qui permettra de gérer les entrées et sorties de port totalement par déclaration électronique», affirme Lê Quang Dao, chef d’état-major général adjoint de l’armée.

Le général de corps d’armée Thai Dai Ngoc, chef d’état-major général adjoint de l’armée et chef du comité de pilotage du ministère de la Défense pour la lutte anti-INN. Photo: TTXVN

Le programme «La Garde-côtes accompagne les pêcheurs», qui entre bientôt dans sa neuvième année, a prouvé son efficacité en soutenant directement les communautés et renforçant l’autonomie des pêcheurs en mer.

«Les forces militaires travaillent main dans la main avec les provinces et les autorités compétentes pour sensibiliser capitaines, propriétaires et pêcheurs. Nous mettons sous contrôle strict tous les navires non conformes et empêchons leur activité», explique le général de corps d’armée Thai Dai Ngoc, chef d’état-major général adjoint de l’armée et chef du comité de pilotage du ministère de la Défense pour la lutte anti-INN.

Les provinces côtières agissent aussi: reconversion professionnelle pour les navires non conformes, destruction des navires hors d’usage, nettoyage de la base de données nationale…

La coordination étroite entre forces armées et autorités locales crée une dynamique forte, permettant de réduire drastiquement les infractions et de renforcer la discipline dans l’exploitation des ressources marines. Elle nourrit surtout la confiance des pêcheurs, indispensables à la réussite nationale dans la levée du carton jaune.

La lutte contre la pêche INN ne concerne pas seulement la filière halieutique. Elle touche directement à la sécurité maritime, à la crédibilité du pays et aux moyens de subsistance des pêcheurs.
C’est donc une responsabilité partagée par tout le système politique, dans laquelle l’armée joue un rôle central en garantissant sécurité, souveraineté et discipline en mer.

Grâce à cette mobilisation, les infractions reculent nettement, les ressources sont mieux protégées et les pêcheurs évoluent dans un environnement plus sûr et durable.