Experts internationaux : la Chine viole la CNUDM de 1982

(VOVWORLD) - Entrée en vigueur il y a 25 ans, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 (CNUDM III) est souvent considérée comme la « Constitution mondiale des océans ». Partie prenante de ce texte depuis 1996, la Chine a toutefois enfreint à plusieurs reprises ses règlements. Ses derniers agissements en mer Orientale ont suscité un tollé dans le monde. Des explications avec des experts internationaux.

Violations internationales

La Chine a violé la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 en menant différentes activités en mer Orientale, une zone maritime sur laquelle elle ne dispose pourtant aucune souveraineté. Anthony Nelson, directeur chargé de l’Asie de l’Est et du Pacifique auprès du groupe Albright Stonebridge, a dénoncé ses agissements.

« Bien qu’elle ne dispose d’aucun fondement juridique, la Chine continue de revendiquer sa souveraineté sur les îles et les eaux en mer Orientale. Elle ignore la CNUDM de 1982 et les jugements de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye en 2016. Les autorités de Pékin ont mené illégalement des explorations pétrolières sur cette zone maritime. Elles ont également interdit aux pays riverains d’exploiter leurs propres ressources naturelles et les contraignent à se soumettre à son libre arbitre".

Les infractions de Pékin sont intentionnelles et visent deux objectifs principaux, a expliqué Carl Thayer, professeur émérite à l’Académie militaire d’Australie : La Chine entend d’une part s’accaparer les réserves gazo-pétrolières de cette zone illégitimement revendiquée par elle sous l’appellation « ligne en neuf traits » et écarter, d’autre part, les autres puissances mondiales de cette mer stratégique. Pour preuve, le pays a exigé que la coopération économique maritime ne s’effectue qu’entre la Chine et les pays riverains à l’exclusion de tout autre pays.

Experts internationaux : la Chine viole la CNUDM de 1982 - ảnh 1 Stein Tonnesson. Photo: VOV

Stein Tonnesson, professeur à l’Institut de recherches sur la paix d’Oslo (Norvège) partage la même conviction. Il a déclaré :

« La Chine revendique « la ligne en neufs traits » ou « la ligne de langue de bœuf » afin d’imposer son droit en mer Orientale, droit qui n’existe pas en réalité. En vertu de la convention onusienne, la Chine n’a aucune souveraineté sur les ressources naturelles de la zone économique exclusive et sur le plateau continental d’autres pays. Cette fois-ci, ses agissements ne s’arrêtent pas au forage pétrolier. Elle a mis en place de très vastes opérations d’exploration qui ont entravé les projets de même nature menés par certains pays riverains ».

Experts internationaux : la Chine viole la CNUDM de 1982 - ảnh 2Eliot Engel, président de la Commission des relations extérieures de la Chambre des représentants américain. 

 Les agissements de la Chine sont inquiétants car ils bafouent ouvertement le droit international, a dénoncé Eliot Engel, président de la Commission des relations extérieures de la Chambre des représentants américain.

Violations régionales

Les activités illégales menées par la Chine vont à l’encontre des engagements  signés avec ses partenaires régionaux et aggravent les tensions estime Collin Koh, un chercheur singapourien. Pour rappel, en 2002, la Chine a signé avec l’ASEAN la Déclaration sur la conduite des parties en mer Orientale, document  par lequel elle affirme sa volonté de promouvoir un environnement amical et harmonieux pour le renforcement de la paix, de la croissance et de la prospérité de la région et son engagement à ne pas recourir à la force ni menacer d’y recourir en cas de conflits. Les récents agissements de la Chine mettent à mal les efforts déployés en faveur du maintien de la paix par les autres pays.  

Le droit international offre aux États souverains qui le respectent un cadre juridique qui garantit une coopération efficace et la protection des droits individuels. Il est donc d’une importance capitale. Nier son bien fondé risque d’amplifier les zones de tensions et inciter d’autres pays à agir à l’identique. Le pays qui contrevient à ce principe perd sa crédibilité à l’échelle mondiale.

 

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