(VOVWORLD) - Malgré les mises en garde de la communauté internationale, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi qu’il reconnaissait désormais Jérusalem comme capitale d’Israël et qu’il comptait y déplacer l’ambassade des Etats-Unis. Par cette décision, il rompt brutalement avec la politique de ses prédécesseurs, au risque de susciter des troubles dans une région qui n’en a pourtant pas besoin.
La ville de Jérusalem - Photo AFP/TTXVN |
Le président américain a revendiqué lors d'une allocution solennelle à la Maison Blanche «une nouvelle approche» sur le conflit israélo-palestinien.
Sa décision a suscité une vive émotion au sein de la communauté internationale, qui s’inquiète des répercussions que cette reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne pourrait avoir sur les perspectives de paix au Moyen-Orient.
Le statut de Jérusalem, l’une des questions les plus épineuses
Pourquoi cette décision est potentiellement lourde de conséquences? Il faut retourner en arrière pour glaner quelques éléments de réponse, et plus précisément à 1947, année du plan de partage de la Palestine qui prévoyait d’accorder à Jérusalem le statut de corpus separatum, faisant ainsi de la ville sainte une ville ne relevant d’aucune souveraineté, ni israélienne, ni palestinienne. C’était sans compter sur la guerre des six jours qui allait permettre à Israël d’occuper la partie est de Jérusalem dès 1967, ni sur la «loi fondamentale» de 1980, rédigée pour tenter d’entériner cette annexion, laquelle n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.
Jusqu’à présent, c’est à Tel-Aviv que sont installées toutes les ambassades et aucun pays ne s’est jamais risqué à reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, à l’exception donc des Etats-Unis, qui ont ainsi brisé un véritable tabou. Jérusalem est en effet l’une, sinon la principale pomme de discorde de ce conflit israélo-palestinien qui n’en finit plus d’embraser le Moyen-Orient. Les Israéliens considèrent la ville sainte comme leur capitale historique, aussi bien pour des raisons religieuses que pour des motifs politiques. Quant aux Palestiniens, qui représentent environ le tiers de sa population, ils revendiquent également Jérusalem, pour en faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
La bombe a été lâchée
D’après les analystes, en agissant comme il vient de le faire, Donald Trump devrait raviver les tensions au Moyen-Orient.
Le Hamas avait déjà appelé à une nouvelle Intifada si le président américain reconnaissait Jérusalem comme capitale d’Israël. Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a de son côté, estimé que les Etats-Unis perdaient toute crédibilité en tant que médiateur.
Aussitôt après l’annonce de Donald Trump, les Israéliens ont musclé leurs effectifs sécuritaires, notamment dans les territoires occupés. En Palestine, le Fatah de Mahmoud Abbas a appelé à «trois jours de colère» et les islamistes du Hamas à la confrontation avec «l’occupant» après la prière du vendredi.
Il est prévu que le Conseil de sécurité se réunisse en urgence dès vendredi matin, mais force est de constater que la bombe a été lâchée et bien lâchée. Reste à en évaluer les dégâts.