Le nouveau président iranien face à des défis colossaux

(VOVWORLD) - Le président élu iranien, Massoud Pezeshkian, a prêté serment devant le Parlement ce mardi 30 juillet. Politicien relativement progressiste, le nouveau président devrait introduire de nombreux changements positifs dans le pays. Toutefois, Massoud Pezeshkian est confronté à d'importants défis, tant au niveau national qu'international.

Le nouveau président iranien face à des défis colossaux - ảnh 1Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. Photo: THX/TTXVN

Âgé de 69 ans, Massoud Pezeshkian a remporté le deuxième tour de la présidentielle iranienne le 5 juillet dernier. Ce mardi 30 juillet, il a officiellement pris ses fonctions en remplacement d'Ebrahim Raisi, décédé dans un accident d'avion le 19 mai.

Des défis internes pressants

La priorité absolue du nouveau président sera de redresser l'économie. Depuis des décennies, Téhéran endure des difficultés économiques exacerbées par de multiples embargos et sanctions occidentaux, en réponse à ses programmes nucléaires et de missiles balistiques. Bien qu'en 2023, la croissance du produit intérieur brut (PIB) ait atteint 5,3% selon le Fonds monétaire international (FMI) et 5,7% selon le Centre de statistiques iranien (SCI), d'autres indicateurs économiques sont moins optimistes. L'inflation, qui perdure depuis plus de vingt ans, complique la vie des citoyens et provoque de vastes troubles sociaux. Selon les données publiées le 29 juillet par le SCI, le taux d'inflation en juillet s'élève à 32,2%, entraînant une rapide diminution du pouvoir d'achat. En réponse, immédiatement après son élection, Massoud Pezeshkian a affirmé que la lutte contre l'inflation était une priorité et a annoncé que la mesure la plus rapide serait l'augmentation des subventions énergétiques pour les ménages pauvres, les plus touchés par l'inflation.

Bien qu'il possède l'une des plus grandes réserves de pétrole au monde, l'Iran risque de perdre d'importantes sources de revenus pétroliers en raison des sanctions. Privé de ces ressources, Téhéran ne peut pas moderniser ses infrastructures, améliorer son système de sécurité sociale, accéder aux sources financières et technologiques, ni adopter les compétences administratives avancées d'autres pays. Conscient de ces difficultés, Massoud Pezeshkian a déclaré, lors de sa campagne électorale, que le nouveau gouvernement iranien devait adopter des politiques économiques réalistes et adaptées au contexte actuel.

"De nombreuses années après la Révolution islamique, nous avons pris le relais et fait des promesses que nous n’avons pas tenues par la suite. C’est notre plus gros problème. Moi, je ne fais pas de promesses creuses. Je ne dis pas des choses que je ne peux pas faire après", dit-il

Le nouveau chef de l'État iranien doit également accélérer la réforme de l'appareil d'État, visant à éliminer la corruption interne, rendre la gouvernance publique plus efficace et mettre en œuvre efficacement les politiques économiques. Pour ce faire, Massoud Pezeshkian a créé un nouveau Conseil politique, composé de nombreux politiciens et experts réformateurs, dirigé par Mohammad Reza Aref, ancien vice-président de l'Iran (2001-2005), pour promouvoir les réformes dans des domaines clés. De plus, il a annoncé une liste de 18 critères nécessaires pour nommer les ministres, mettant l'accent sur les connaissances professionnelles, le courage et l'honnêteté.

Un environnement externe de plus en plus complexe

Au-delà des défis immédiats, le nouveau président doit également faire face à une longue liste de questions politiques et économiques à moyen et long terme, dont certaines concernent les relations extérieures de l'Iran. La possibilité de reprendre les négociations sur l'accord nucléaire iranien de 2015 entre l'Iran et les États-Unis, permettant à l'Iran d'assouplir ses sanctions économiques, semble improbable. Le 9 juillet, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, a déclaré que l'administration américaine n'avait actuellement aucune intention de revenir à la table des négociations sur l'accord nucléaire avec l'Iran, citant le soutien continu de l'Iran aux forces anti-américaines et anti-israéliennes dans la région.

Le nouveau président iranien face à des défis colossaux - ảnh 2Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, a été adoubé le 28 juillet par le guide suprême, Ali Khamenei. Photo: WANA/Reuters

Selon Alex Vatanka, directeur du programme sur l'Iran à l'Institut du Moyen-Orient basé à Washington, dans un monde en pleine mutation, il est difficile d'espérer des avancées dans la politique étrangère iranienne sous la présidence de Massoud Pezeshkian. De plus, dans le système politique iranien, ce sont le guide suprême Ali Khamenei et le Corps des gardiens de la révolution islamique qui détiennent l'entière autorité décisionnelle sur toutes les questions majeures du pays.

"Concernant les sujets majeurs tels que les relations avec les États-Unis, la position vis-à-vis d'Israël, les programmes nucléaires et balistiques, et les actions de l'Iran dans la région, Massoud Pezeshkian a clairement indiqué que la décision sur ces sujets nécessitera la participation de nombreuses parties", explique-t-il. 

Selon les observateurs, dans ses premières déclarations après son élection, Massoud Pezeshkian a exprimé des points de vue similaires à ceux de son prédécesseur Ebrahim Raisi, notamment sur le conflit actuel entre Israël et le Hamas à Gaza, ainsi que sur le risque d’un conflit à grande échelle entre Israël et les forces du Hezbollah au Liban. Quant à l'espoir de relancer l'accord sur le nucléaire iranien, Alex Vatanka estime que le temps presse pour l'Iran, car cet accord expirera en octobre 2025, et Téhéran ne peut guère espérer sortir de l'impasse avant la fin de l'élection présidentielle américaine en novembre prochain.

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