Les Américains pourraient-ils s’entendre sur leur budget?

(VOVworld) - Lundi 2 février, le président américain Barack Obama a proposé un plan budgétaire de 4000 milliards de dollars, prévoyant des dépenses supplémentaires et des réformes fiscales. Une polémique a aussitôt éclaté entre républicains et démocrates, les uns détenant la majorité au Congrès et les autres, à la Maison Blanche. Ce débat promet de rythmer la vie politique américaine tout au long de 2015. Ses résultats montreront aux Américains qui, parmi les candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle, sont vraiment impartiaux et responsables vis-à-vis des intérêts nationaux.

Les Américains pourraient-ils s’entendre sur leur budget? - ảnh 1

Dans son plan budgétaire, le président Obama prévoit des dépenses massives pour les infrastructures, l’armée et la recherche. Il vise néanmoins l’objectif de maintenir à 2,5% du PIB le taux de déficit budgétaire, soit 474 milliards de dollars. La dette gouvernementale, elle, devrait se situer autour de 75% du PIB. Le président Obama propose d’augmenter de 7% par an les dépenses pour la défense et les affaires intérieures, lesquelles font l’objet d’une restriction financière depuis 2011. Si son plan est approuvé, le budget affecté à la défense en 2016 sera de 534 milliards de dollars, destinés en partie à renforcer les effectifs militaires en Asie-Pacifique, à financer les activités contre le groupe autoproclamé Etat islamique, à consolider la cybersécurité et à faire face à des situations d’urgence en Europe de l’Est.

Priorité à la classe moyenne

La classe moyenne continue d’occuper une priorité dans la politique de Barack Obama qui cherche à réduire l’écart de richesse entre les différentes classes sociales. Dans son budget prévisionnel de 2016 (qui devrait être appliqué à partir d’octobre 2015), il a confirmé les priorités de sa campagne électorale qui consistent à imposer plus lourdement les entreprises et les grosses fortunes au profit de la classe moyenne. Concrètement, le taux d’imposition maximal sur les bénéfices nés des capitaux et des investissements devrait passer de 23,8% à 28%. Une banque devrait être créée pour financer les nouvelles constructions d’infrastructures. Le chef de la Maison Blanche espère que ces mesures permettront une croissance et des créations d’emplois, au rythme le plus rapide depuis 1990. Pour cette année 2015, le gouvernement américain souhaite ramener le taux de chômage de 5,6% à 5,4%.

Les parlementaires démocrates voient dans le plan budgétaire du président Obama leur projet de déclaration électorale. C’est pour eux l’occasion de prouver aux Américains que le Parti démocrate œuvre à l’amélioration de la situation économique et à la promotion des politiques de sécurité sociale. Auparavant, dans son discours sur l’état de l’Union de 2015, Barack Obama avait énuméré des chiffres témoignant de la remontée en puissance de l’économie américaine, en soulignant les contributions de la classe moyenne. Mais les républicains ne voient pas du tout les choses de cette façon, eux qui ont toujours mis en avant le rôle des élites.

Les républicains contestent

L’ensemble des républicains au Congrès a désapprouvé le plan budgétaire du président démocrate. Ils n’acceptent pas sa proposition d’imposer, à un taux de 14% par an, les bénéfices que les sociétés américaines laissent pour le moment à l’étranger justement pour fuir l’imposition. Ces bénéfices sont estimés à plus de 2100 milliards de dollars. Grâce à cette nouvelle mesure, le gouvernement devrait récupérer 238 milliards de dollars pour réinvestir dans les travaux de construction, de réparation et de remise en état des autoroutes, des ponts et des nœuds de communication importants.

Cependant, aux yeux des républicains qui contrôlent les deux chambres du Congrès, il ne s’agit que d’une tactique des démocrates pour redorer leur blason avant la présidentielle de 2016. Le président de la commission financière du Sénat, Orrin Hatch, accuse le gouvernement Obama de vouloir augmenter ses dépenses grâce à une augmentation des impôts. D’après lui, cette mesure ne pourra en aucun cas permettre aux Etats-Unis de reconsolider leur système financier.

Le président Obama avait anticipé les réactions des parlementaires. Lors de son discours au département de la Sécurité intérieure, lundi 2 février, il a rappelé sa volonté d’empêcher que la discordance entre démocrates et républicains porte atteinte à la sécurité nationale, tout en mettant en garde le Parti républicain contre tout « jeu politique » avec l’économie et la sécurité nationales. Précédemment, dans son discours sur l’état de l’Union, il avait appelé les législateurs républicains à trouver, avec la Maison Blanche, un consensus au niveau de la réforme fiscale, de la loi sur la cybersécurité, de l’allègement de l’appareil gouvernemental, des coupes budgétaires, de la réforme de l’immigration et des mesures de stimulation économique. Barack Obama n’avait pas non plus oublié d’évoquer son arme exclusive : le droit de véto sur toutes les lois, un droit dont il a rarement usé depuis sa prise de pouvoir.

Les débats qui viennent tout juste de commencer sur le plan budgétaire de 2016 laissent prévoir que celui-ci aura peu de chance d’être voté au Congrès contrôlé par les républicains. Mais il est certain que républicains comme démocrates feront preuve d’une grande prudence pour à la fois protéger leur point de vue et gagner le soutien de l’électorat en vue du prochain scrutin présidentiel./.


 

Sur le même sujet

Commentaires

Autres