(VOVWORLD) - Les combats entre milices qui ont éclaté dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 août 2022 à Tripoli, la capitale de la Libye, ont fait au moins 23 morts et 140 blessés. Depuis le printemps arabe de 2011, ce pays plonge dans un chaos politique. Deux gouvernements rivaux y disputent le pouvoir. L’ONU et les institutions internationales ont appelé à une cessation immédiate de la violence à Tripoli et exhortent les parties libyennes au dialogue et sortir le pays de l’impasse politique.
Des fumées s'élèvent à Tripoli, le 27 août 2022. Photo: Reuters |
Les violents affrontements
Les combats meurtriers qui ont éclaté à Tripoli et dans plusieurs grandes villes sont le dernier épisode d’une nouvelle saison de la série chaotique libyenne. Cette saison a commencé fin février, lorsque le Parlement nommait Fathi Bachagha au poste de Premier ministre, pour remplacer Abdul Hamid Dbeibah, Premier ministre du gouvernement d’union nationale (GUN) soutenu par l’ONU. Ce dernier a refusé de transférer ses pouvoirs à un autre gouvernement, à l’exception de celui élu par le peuple. Les partisans du GUN ont accusé le Parlement d’avoir porté atteinte au pouvoir légal reconnu par l’ONU.
Quelques semaines avant le début des affrontements, les observateurs ont noté la présence inhabituelle de différents groupes miliciens armés aux alentours de Tripoli. À la mi-août, des échanges de tirs sporadiques ont dégénéré en des affrontements violents. Un calme précaire a été observé les 28 et 29 août, mais la situation reste explosive. Le pays fait face au risque d’une guerre civile dont les conséquences dépasseront largement les frontières. La Libye étant l’un des principaux points de départ des flux migratoires clandestins vers l’Europe via la Méditerranée, toute crise majeure dans ce pays menace la stabilité de l’Égypte, de la Tunisie et de bien d’autres pays…
Fathi Bashagha répond à la presse, le 10 février 2022. Photo: AFP/ TTXVN
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Des efforts diplomatiques
Les appels au dialogue de la part de l’ONU et des dirigeants de gouvernements et d’institutions internationales se sont enchaînés ces derniers jours. La fin de la violence et le retour de la stabilité sont indispensables à la tenue des élections législatives, qui devaient avoir lieu en décembre 2021, mais ont été reportées à plusieurs reprises, pour diverses raisons.
Le 25 août, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stephane Dujarric, a exprimé ses profondes préoccupations. L’ONU suit de près les évolutions inquiétantes en Libye, dont la mobilisation des forces et la menace du recours à la violence à des fins politiques, a-t-il précisé. Il a appelé les protagonistes à la retenue et à prendre en compte les besoins des civils.
Le même jour, la mission d’assistance de l’ONU en Libye (MANUL) a appelé les parties concernées à mettre un terme aux hostilités pour garantir la sécurité des citoyens, et à favoriser les solutions politiques.
L’ambassade des États-Unis en Libye a également appelé les parties à dialoguer pour résoudre leurs différends.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de convoquer une réunion extraordinaire le 30 août pour trouver une solution à cette crise.
La communauté internationale attend la publication d’une résolution exigeant des deux camps qu’ils baissent les armes, et reviennent à table des négociations. Un retour à la normale ne pourra être envisagé que lorsque la Libye aura réussi à organiser des élections démocratiques sous surveillance internationale, et se dotera d’une nouvelle Constitution.