Prolonger l’initiative céréalière de la mer Noire pour éviter une crise alimentaire mondiale

(VOVWORLD) - La réunion des ministres de l’Agriculture du groupe des 7 pays les plus industrialisés du monde (G7) s’est achevée dimanche dans la ville japonaise de Miyazaki, après 2 jours de travail.  Dans une déclaration commune publiée à l'issue de cette réunion, les ministres ont appelé à la prolongation, à la mise en œuvre intégrale et à l'expansion d'un accord crucial pour l'exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Entre-temps, le secrétaire général de l’ONU a présenté une «voie à suivre» pour permettre la prolongation de cet accord important pour la sécurité alimentaire mondiale.

Prolonger l’initiative céréalière de la mer Noire pour éviter une crise alimentaire mondiale    - ảnh 1Photo: The Yomiuri Shimbun

Un accord crucial…

L'Initiative céréalière de la mer Noire a été signée en juillet 2022 à Istanbul par l'Ukraine et la Russie, avec la médiation de l'ONU et de la Turquie. L'objectif était de permettre l'ouverture d'un corridor maritime sûr pour l'exportation de céréales et d'atténuer la crise alimentaire mondiale. Initialement prévu pour durer jusqu'en novembre 2022, l'accord a été prolongé trois fois, deux fois de 120 jours et une troisième fois, de 60 jours, à partir du 18 mars dernier.

Avant le conflit, la Russie et l'Ukraine étaient parmi les principaux fournisseurs mondiaux de denrées alimentaires et d'engrais. Ensemble, ils représentaient 28% des exportations mondiales de blé et 75% pour l'huile de tournesol. Auparavant, leurs produits agricoles étaient exportés principalement via les ports en mer Noire. Lorsque le conflit russo-ukrainien a éclaté, les ports ukrainiens en mer Noire ont été bloqués par la Russie.
L'Initiative céréalière de la mer Noire a donc été mise en place pour permettre à l'Ukraine d'exporter des céréales via un certain nombre de ports maritimes désignés en mer Noire, tout en facilitant l'exportation de denrées alimentaires et d'engrais de Russie. Cependant, en réalité, les exportations de céréales des deux pays dans le cadre de cet accord sont encore limitées. Jusqu'à présent, 27 millions de tonnes de céréales ont été exportées via trois ports ukrainiens en mer Noire, soit une baisse de près de moitié par rapport au volume d'exportation précédent de 40,6 millions de tonnes. Le port de Mykolaïv, l'un des ports les plus importants de l'Ukraine, est bloqué depuis le début du conflit.
L'Ukraine a dû renforcer l'exportation de céréales par voie terrestre et via les petits ports du Danube. La route reliant le nord de l'Ukraine et la Biélorussie a également été presque entièrement fermée, obligeant l'Ukraine à transporter de grandes quantités de céréales via les pays d'Europe de l'Est.
Quant à la Russie, elle a affirmé à plusieurs reprises que ses exportations de céréales et d’engrais étaient affectées par les sanctions occidentales, en particulier la déconnexion de la banque agricole russe Rosselkhozbank du système bancaire international SWIFT. Arkady Zlochevsky, directeur de l'Union russe des céréales, a indiqué le 24 avril que l’Initiative céréalière de la mer Noire n’avait apporté aucun intérêt à la Russie et ne permettait pas non plus de stimuler l’approvisionnement de produits agricoles sur le marché mondial. Moscou se retirera de cet accord le 18 mai prochain si les mesures restrictives imposées par les Occidentaux pour empêcher l’exportation de produits agricoles et d’engrais russes ne sont pas levées, a-t-il averti.

… qui nécessite des moyens pour être vraiment efficace

Le 24 avril, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a discuté à New York avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, de l’Initiative céréalière. Auparavant, il avait adressé une lettre au président russe Vladimir Poutine et aux autres signataires de l'accord, l'Ukraine et la Turquie, dans laquelle il proposait des solutions pour rendre cette initiative plus efficace. Mi-avril, Moscou avait menacé de suspendre l'Initiative de la mer Noire le 18 mai, si ses exigences n'étaient pas satisfaites, notamment la fin des entraves aux exportations agricoles et la reconnexion de la banque agricole russe Rosselkhozbank au système bancaire international SWIFT.

Face à la menace de la pénurie d’offre, les ministres de l’Agriculture du G7 ont appelé le 23 avril à la prolongation, à la mise en œuvre intégrale et à l'expansion de l’accord crucial pour l'exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire. Cet appel intervient au moment où les organisations internationales, dont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le Programme alimentaire mondial ont mis en garde contre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale. Des dizaines de pays ont enregistré une inflation à deux chiffres, tandis que 349 millions de personnes dans 79 pays sont confrontées à une grave insécurité alimentaire, qui a parfois atteint le niveau de famine dans certains pays d’Afrique.

Il y a urgence, car un éventuel effondrement de l'Initiative céréalière de la mer Noire signifierait le blocage de plusieurs millions de tonnes de céréales, ce qui aggraverait la crise alimentaire mondiale en cours. Il est donc crucial que toutes les parties prenantes agissent rapidement pour atténuer leurs différends et maintenir cet accord crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial. 

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