Récession européenne : nouvel avertissement

(VOVworld)- Le vieux continent est à nouveau plongé dans la crise de la dette publique. Alors qu’en France, la course à l’Elysée devient de plus en plus rude, aux Pays-Bas, le Premier ministre Mark Rutte vient de démissionner suite à l’échec des négociations sur un pacte d’austérité destiné à sauver le pays de la crise. Son départ pèse comme un fardeau sur le pays des tulipes, mais aussi sur l’ensemble de la zone euro.

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Suite à la démission du Premier ministre Mark Rutte, les Pays-Bas se préparent désormais à des élections générales anticipées. Ce vendredi, le gouvernement sortant devrait arrêter la date du scrutin, vraisemblablement le 12 septembre prochain. Mardi, la reine Béatrix avait demandé la dissolution du parlement, une décision qui, aux dires de nombreux analystes, risque de compromettre le plan de relance économique néerlandais.

La situation économique des Pays-Bas se dégrade depuis fin 2011. Le taux de chômage est passé à 6%. Pour répondre aux exigences de l’Union Européenne et maintenir sa crédibilité en termes de crédit, le gouvernement néerlandais se doit, cette année, de réduire son déficit budgétaire de 9 milliards d’euros, soit 1,5% du PIB. Mais le pacte d’austérité nécessaire à la réalisation de cette tâche n’a pu être trouvé, malgré sept semaines de négociations entre les trois partis politiques principaux, à savoir le parti Liberté et Démocratie (VVD), le parti Démocrate Chrétien (CDA) et le parti pour la Liberté (PVV), en raison du refus de ce dernier. Cela signifie que le gouvernement de coalition CDA-VVD n’obtiendra pas le soutien du parlement pour son pacte d’austérité d’une valeur de 16 milliards d’euros. Or, pour le Premier Ministre Mark Rutte, ce soutien est primordial pour empêcher une flambée du déficit budgétaire, qui pourrait s’élever à 4,7% du PIB, soit 28 milliards d’euros, l’année prochaine.

Il faut savoir que bien que Mark Rutte dirige un gouvernement de coalition depuis deux ans, sa coalition ne dispose pas de la majorité absolue au parlement. Du coup, il a besoin du soutien du PVV pour faire passer ses décisions. Sans celui-ci, il sera évidemment impossible de ramener le taux de déficit néerlandais à 3% en 2013, comme l’exige l’Union Européenne. Autre casse-tête pour le gouvernement de Mark Rutte : il devrait soumettre son plan budgétaire à l’Union Européenne avant lundi prochain.

Et pour rien arranger, l’effondrement de ce gouvernement intervient au moment où l’économie nationale présente des signes inquiétants. Sans compter une dette publique qui représente déjà 66% du PIB, l’implosion du marché immobilier ruine de nombreux ménages. Le total des dettes privées dans le domaine immobilier représente désormais 249% du PIB, soit le taux le plus élevé dans la zone euro.

Force est de constater qu’après la chute des gouvernements d’une série de pays ayant une faible santé économique, en l’occurrence le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne, la crise aux Pays-Bas ne pourra qu’attiser l’angoisse des dirigeants de la zone euro. La dette des 17 pays de la zone euro a désormais dépassé les 87% du PIB régional. Du jamais vu depuis l’introduction de la monnaie commune en 1999 ! En plus des emprunts pour compenser leur déficit budgétaire, plusieurs pays de la zone doivent supporter également le pacte d’aide de 386 milliards d’euros pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Les perspectives ne sont guère plus optimistes : les troisième et quatrième économies régionales, respectivement l’Italie et l’Espagne, ne vont pas bien non plus.

Pour le moment, en ce qui concerne la note de crédit, les Pays-Bas restent toujours l’un des trois pays de la zone euro, avec l’Allemagne et le Luxembourg, à maintenir son fameux triple A. Mais plusieurs économistes estiment que seule l’Allemagne est digne de cette note “d’or”. En tout cas pour le gouvernement néerlandais, il est indispensable d’obtenir le feu vert de l’opposition à des coupes budgétaires. Au cas contraire, ce pays pourrait perdre son triple A, comme ça a été le cas de la France. La crise politique néerlandaise n’est pas qu’une affaire interne à ce pays, elle affecte l’ensemble de la zone euro.

Actuellement, avec une tendance au changement politique qui semble se confirmer en France suite au premier tour de l’élection présidentielle, la démission du Premier ministre néerlandais ne fait que compliquer davantage le règlement de la crise de la dette régionale. Mardi, sur le marché asiatique, l’euro a continué de chuter par rapport aux autres devises. Un nouvel avertissement pour les 17 pays de la zone euro qui risquent de faire face à une récession plus longue que prévue.


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