Nos émissions sont toujours au centre de l’intérêt des amis français, belges, algériens et d’ailleurs, puisque leurs rapports d’écoute nous sont parvenus nombreux cette semaine, notamment de la part de MM. André Biot, Jean-Marie Monplot, Michel Beine et Bezazel Ferhat. Nous en sommes très contents !

A la demande de notre ami fidèle, Michel Beine, nous abordons aujourd’hui la course hippique de Bac Ha. Situé dans la province de Lào Cai, dans le nord du pays, ce district montagneux est célèbre pour ses paysages pittoresques, ses forêts magnifiques, mais aussi pour sa course hippique traditionnelle. Les « cavaliers » issus des ethnies H'Mông, Dao, Tày et Nùng - montent fièrement leurs « destriers »… Mais point de pur-sang ici !

Si la compétition est aujourd’hui si populaire, c’est en raison de l’esprit d’aventure et de combat qu’elle dégage, renforcé par l’amateurisme des jockeys. Cet événement à la fois culturel et sportif a lieu chaque année pendant la « saison des prunes » (une autre spécialité de Bac Hà), en juin. Cette année il tombait les 8 et 9 juin.

Dès lors, le district entre en ébullition. Tout le monde se rue au stade, qui tient lieu d’hippodrome. La course hyppique s’étale sur deux jours : le premier réservé aux éliminatoires, et le second à la finale.

Pour les autochtones, les chevaux, qui ne sont en réalité que de gros poneys, sont considérés comme des « compagnons de route », et font partie intégrante de leur vie quotidienne. Ils prêtent leurs forces aux paysans pour transporter les marchandises en passant par des sentiers sinueux de montagnes. C’est l’un des moyens de « transport » les plus pratiques, et les montagnards l’utilisent volontiers et avec fierté. Le district de Bac Hà compte d'ailleurs un important cheptel de 5 mille têtes, même si les motos ont pris le dessus depuis une décennie.

Les cavaliers représentant leurs villages montent leurs chevaux et sont vêtus de leurs costumes traditionnels, très différents les uns des autres. Leurs "bottes" sont également tout sauf standardisées. Jugez plutôt : chaussures en cuir ou en toile, baskets, sandales en plastique..., sans oublier certains, qui montent carrément pieds-nus ! Un tableau donc bigarré, à l'exception d'une constante : le casque de moto, portés par tous en guise de bombe. Les chevaux sont eux revêtus de leurs plus beaux apparâts : leur cou épais est agrémenté de noeuds de couleurs éclatantes et d'un joli grelot en argent. Pas de harnais ni d'étriers ? Qu'à cela ne tienne… Ces cavaliers montagnards, habiles et braves de nature, ont toujours été habitués à monter à cru.

Divisés en groupes de quatre pour les éliminatoires, les jockeys s'apprètent enfin à en découdre, espérant caracoler en tête du peloton pour se qualifier en finale. La piste, délimitée à l'intérieur du stade, ne comprend pas d'obstacle, mais son tracé difficile reste un challenge pour ces chevaliers amateurs.

Et les récompenses, rehaussées d’année en année, suscitent bien des envies : 20 millions de dôngs pour le premier prix, 10 millions pour le deuxième, et 7 millions pour le troisième.   Dans le passé, la course hippique se déroulait après une dure journée de récolte de maïs, de riz ou de manioc. Au fur et à mesure, pour des raisons inconnues, cet évènement est devenu un rendez-vous annuel.