(VOVWORLD) - Créée
en 1993, la compagnie de ca trù de Haiphong a pris de nombreuses initiatives
pour attirer l’attention du public sur cet art musical classé au patrimoine
culturel de l’Unesco, avec une certaine efficacité. Une nouvelle génération de
pratiquants a vu le jour dans cette ville portuaire.
Une dizaine d’enfants âgés de 10
ans interprètent avec passion des chants classiques du ca trù. Ils font partie
de la quatrième promotion du club de ca trù de l’école primaire Nguyên Công
Tru. Depuis mai, ils sont encadrés par des artistes de la compagnie de ca trù
de Hai Phong. Ce club est devenu pour eux leur lieu de rendez-vous favori,
comme nous confient deux de ces enfants.
«J’attends
avec impatience le mardi et le vendredi pour revoir mes amis et mes professeurs
de ca trù. J’adore cet art musical. A la maison, je travaille le rythme avec
deux crayons sur la table».
«Je suis
fière de pouvoir chanter le ca trù et de le faire connaître à autant de monde que
possible».
Le club de l’école primaire Nguyên
Công Tru est l’un des cinq clubs formés par la compagnie de ca trù de Hai
Phong. Depuis 2015, celle-ci a déjà formé quatre promotions d’élèves.
Mais les jeunes ne sont pas les
seuls à s’intéresser au ca trù. Les clubs spécialisés de la ville comptent
aussi, parmi leurs membres, des enseignants, des médecins ou encore des
fonctionnaires. Dans ces clubs, les femmes apprennent à chanter en
s’accompagnant de percussions ressemblant à des claves, tandis que les hommes
apprennent à jouer du tambour et du dàn day, un luth à trois cordes typique de
ce genre musical. Le tambourineur Bùi Dinh Thao, membre de la compagnie de ca
trù de Hai Phong, explique la spécificité de son instrument:
«Certains
des enfants que nous formons sont très motivés sans doute parce que fiers de la
reconnaissance par l’Unesco des valeurs exceptionnelles de cette tradition
musicale. Au bout d’un an, plusieurs maîtrisent le rythme. Pour bien jouer du tambour,
il faut avoir une bonne oreille de façon à s’adapter au rythme de la chanteuse
et du joueur de dàn day.»
Créée il y a 25 ans, la compagnie
de ca trù de Hai Phong a réussi à redonner vie à cet art ancien. Parmi ses
membres, neuf ont reçu des titres honorifiques remis par l’État. La compagnie a
également décroché dix médailles d’or et de nombreux satisfecit lors de
festivals nationaux de ca trù. Mais pour son président, Dô Quyên, la grande
satisfaction vient de la naissance d’une nouvelle génération de pratiquants:
«Moi,
j’ai appris le ca trù de grands maîtres et j’ai transmis mon savoir à des
élèves qui sont devenus formateurs à leur tour et ainsi de suite. Cette
continuité est indispensable à la préservation du ca trù.»
A Hai Phong, les nouveaux pratiquants
de ca trù sont aujourd’hui capables de se produire sur scène. La nouvelle étape
consistera à sensibiliser le grand public sur la valeur de cet art ancien,
l’objectif final étant de sortir le ca trù de la liste du patrimoine culturel
immatériel en danger critique, pour qu’il soit reconnu tout simplement comme un
bijou du trésor mondial.