(VOVworld)- Giong est l’un des 4 immortels de la croyance populaire vietnamienne. Consacré « Phù Đổng, le roi venu du Ciel », il est vénéré dans différentes régions du pays. Mais c’est sans doute à Phù Đổng, un petit village du district de Gia Lam, en banlieue de Hanoï, que la fête qui lui est dédiée annuellement mérite le plus le détour. C’est une «fête guerrière» qui traduit à la fois l’héroïsme des Vietnamiens devant les agresseurs et leur aspiration à la paix et à la sérénité.
La fête de Giong qui a lieu à Phù Đổng du 6ème au 12ème jour du 4ème mois lunaire est l’une des plus importantes de tout le delta du fleuve Rouge: 7 jours de festivités dont le point d’orgue arrive au milieu, c’est-à-dire au 9ème jour du 4ème mois lunaire. Selon la légende, c’est le jour d’anniversaire de la victoire de Giong sur les envahisseurs Ân.
5 villages participent à la fête. Ils sont tous liés à cette légende: Phù Dực est l’endroit où Giong est né, Phù Đổng est le lieu où il a réuni son armée, Đổng Viên est le village natal de sa mère, Đổng Xuyên est un village où sa mère a vécu et enfin Hội Xá est le lieu d’où sont partis les jeunes pâtres qui participaient à l’armée de Giong.
C’est donc une fête guerrière, mais chose originale, il n’y a pas d’armes: ni sabre ni épée. Tout est fait de symboles: une énorme scène de théâtre folklorique avec des centaines d’acteurs et de figurants qui suivent un scénario conçu et légué par les ancêtres, depuis des générations et des générations. Phan Xuân Chính, un patriarche du village nous confie:
Les habitants sont toujours motivés pour mettre en valeur ce patrimoine ancestral. Tout le monde est reconnaissant envers le génie Giong qui a eu le mérite de chasser les envahisseurs An. Tout le monde veut participer à la fête en son honneur. Il nous est arrivé de devoir sélectionner les participants par le tir au sort. Or, il faut savoir que ça a quand même un coût. Quand on est sélectionné pour participer à la fête, on doit inviter des amis et des proches.
Tous les ans, des milliers de personnes participent à la fête de Giong et plusieurs dizaines de milliers d’autres y assistent. Surtout depuis son inscription, par l’UNESCO, dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, en 2010, l’affluence augmente d’année en année. Du côté des organisateurs, cela implique de plus en plus d’efforts et de minutie dans le choix des acteurs. Phan Xuân Chính nous explique:
Il faut un général qui a la fonction de chef d’état major. Celui-ci doit attendre 3 coups de tambour pour tirer son cheval dans la procession au drapeau. Il faut un autre général qui porte le drapeau, un autre qui s’occupe du tambour et un autre encore, du gong. Deux autres hommes nommés «petits tigres», âgés d’entre 18 et 50 ans, beaux et bien portants, sont au service des généraux. Il y a encore des femmes généraux. La tradition veut qu’elles aient entre 10 et 13 ans.
La tradition veut aussi que ceux qui assument les rôles de généraux apportent un grand honneur à leur famille et soient respectueusement appelés «généraux» jusqu’à la fin de leur vie par les villageois. Nguyễn Mạnh Tường, qui incarne le général portant le drapeau, confie: Nous nous sommes entraînés pendant deux semaines. Avec ma famille, on a dépensé plusieurs dizaines de millions de dongs pour acheter des costumes et des accessoires nécessaires à la procession. Mais la préservation des traditions locales n’ayant pas de prix, nous en sommes honorés. Pour sa part, Ngô Văn Nhịp fait partie de la troupe Ải Lao, l’armée de Giong:
Je participe tous les ans à la fête. Il n’y a pas de fête sans la troupe Ải Lao. Selon la légende, c’est une armée hétéroclite, essentiellement paysanne. Mon père a maintes fois assumé le rôle de chef de troupe et maintenant je lui emboîte le pas. Participer à la fête, c’est attirer la chance pour toute sa famille, un climat clément et la paix pour le pays.
De toutes les originalités de la fête de Giong, on retient le rôle décisif de la communauté villageoise. Ce sont en effet les villageois qui créent leur fête, en préservant les traditions, sans se soumettre à aucune «théâtralisation» moderne. Quoi de plus efficace pour mettre en valeur l’authenticité du patrimoine, la solidarité entre les habitants et leur ferveur patriotique?
Lan Anh