Photos : sovhtt.hanoi.gov.vn
Sans micro ni amplificateur, l’artiste du peuple Xuan Hoach joue des mélodies agréables avec sa viole aux cordes de soie, comme on a pu l’apprécier à Hanoi récemment. C’était à l’occasion du vernissage de l’exposition des instruments de musique traditionnelle, qui vient d’avoir lieu au Centre d’échanges culturels de l’ancien quartier.
Selon le compositeur Vu Nhat Tan, chef de l’ensemble « Dong Kinh co nhac », la soie naturelle a longtemps été le matériau principal pour les cordes des instruments orientaux. Mais au Vietnam, par exemple, les vicissitudes de l’histoire ou bien l’importation de la culture occidentale ont mis fin à cette tradition. Heureusement, des artistes ont lutté bec et ongles pour la faire renaitre avec les valeurs attachées à l’emploi de la fibre textile. Vu Nhat Tan :
« Notre ambition est de restaurer toutes les antiquités associées à la musique, à commencer par les instruments. Ceux de nos aïeuls étaient en bois ou en bambou, avec des cordes en soie, et on a joué avec eux durant des siècles. On en trouve encore, aujourd’hui, mais beaucoup ont perdu de leur authenticité car ils sont fabriqués mécaniquement, équipés d’amplificateur et munis de cordes en fer. Nous souhaitons fabriquer des instruments à la manière de nos prédécesseurs. »
Le premier choix, pour ces efforts de restauration, a donc porté sur les fils de soie. Mais cela a exigé de contourner un obstacle, le fait qu’aucun village spécialisé dans cet artisanat ne façonne plus ce matériau pour la production de sons. Les artistes, notamment Xuan Hoach, ont cherché partout, dans les livres, dans les vieilles gravures sur bois, des informations à ce sujet. Ils se sont également inspirés des rares instruments d’époque ayant survécu jusqu’à nos jours. Xuan Hoach :
« Tresser les fils de soie était un travail extrêmement délicat, et au début, ils cassaient à tous les coups. On s’est posé la question du minimum de solidité qu’une corde doit avoir pour supporter le touché du musicien. Il nous a fallu un an pour résoudre ce problème, voire même deux pour parvenir à la solution idéale, à la manière de nos prédécesseurs. Les cordes en soie obtenues donnent des sons bien plus beaux qu’avec celles en métal, et plus graves aussi. Les spectateurs, tout comme mes amis, m’ont confié qu’elles sont difficilement comparables, effectivement. »
Jusqu’à présent, l’équipe du « Dong Kinh co nhac » a donc réussi à restaurer 16 instruments. Le projet se poursuit car ces artistes mettent un point d’honneur à préserver et à valoriser le patrimoine musical du pays, en ces temps de mondialisation uniformisante.