(VOVWORLD) - Direction Phac Chè, un village du district de Binh Liêu, dans la province septentrionale de Quang Ninh.
La maison culturelle du village accueille, tous les lundi et vendredi soirs, des villageois, pour la plupart âgés et membres de minorités ethniques, qui viennent apprendre à lire et à écrire.
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Apprendre à lire et à écrire est déjà difficile pour les personnes âgées. Le faire dans une langue qu’on ne parle pas est a fortiori extrêmement difficile… Or il se trouve que les seniors qui fréquentent ces cours du soir à Phac Chè ne parlent que la langue de leur ethnie, et pas le vietnamien… Que font alors les enseignants? Ils restent aux côtés de leurs élèves toute la journée, mangent, vivent et travaillent avec eux. C’est le cas de Nông Thi Lan, qui est issue de l’ethnie Tày.
«Je suis Tày et beaucoup de mes élèves sont des Dao et des San Chi, alors j’ai dû apprendre leurs langues pour faciliter la conversation. Mais bon, ici, on se contente d’apprendre des mots très simples», nous confie-elle.
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En effet, la quasi-totalité des élèves sont des Dao et des San Chi âgés de 28 à 60 ans. Certains sont déjà grands-parents. Principale main d’œuvre de leurs familles, ils sont occupés toute la journée par les travaux champêtres, par les enfants ou le ménage. Ce n’est que les lundi et vendredi soirs qu’ils peuvent apprendre à lire et à écrire. Après 9 mois, s’ils passent les examens, ils obtiendront un certificat. Duong A Chiu et sa femme Trân Thi Chau sont des San Chi, ils ont 3 enfants, et ils sont déterminés à sortir de l’analphabétisme.
«On ne sait pas lire et lorsqu’on compte de l’argent, on peut seulement compter par milliers, pas encore par millions. On ne sait pas non plus signer. Chaque fois qu’on va au comité populaire, on ne peut que donner son empreinte digitale», nous dit le mari.
«Avec mon mari, on a décidé d’aller apprendre ce que nos enfants savent déjà. Quand on saura lire, on saura quels cars partiront à Binh Liêu, Mong Cai ou à Tiên Yên. C’est très dur mais on est super motivés», nous dit la femme.
Dans la province de Quang Ninh, Binh Liêu est le district ayant le taux d’analphabétisme le plus élevé chez les membres de minorités ethniques âgés de 15 à 60 ans. Depuis 2014, ce district frontalier avec la Chine a organisé 96 classes d’alphabétisation, et remis des certificats à 1625 personnes. 410 d’entre elles ont un niveau équivalent à celui des élèves de la dernière année du primaire, se félicite Hoàng Ngoc Ngo, vice-président du comité populaire du district.
«Après avoir suivi nos classes, les villageois savent lire et écrire à un niveau suffisant pour pouvoir utiliser leur téléphone portable. Certains souhaitent apprendre plus pour pouvoir consulter des documents sur les techniques de culture et d’élevage. C’est un réel défi car parler vietnamien est déjà difficile pour eux. Ceux qui veulent réussir doivent consentir d’énormes efforts», constate-t-il.
Pour les autorités locales, apprendre à lire et à écrire aux minorités ethniques est un travail permanent et de longue haleine, qui est essentiel pour les aider à améliorer leurs conditions de vie.