Nguyên Hoàng Anh qui met de la paillette sur la culture vietnamienne

(VOVWORLD) - Du haut de ses 28 ans, Nguyên Hoàng Anh s’efforce de restituer et de développer une technique de peinture pailletée, dite «hoa kim sa» en vietnamien. En 2020, elle a créé le club Hoa Gâm - «peindre sur du brocart», en vietnamien - qui regroupe de jeunes peintres désireux de mettre en valeur la culture et les arts traditionnels du Vietnam.

Nguyên Hoàng Anh qui met de la paillette sur la culture vietnamienne - ảnh 1Nguyên Hoàng Anh présente son travail. Photo: congluan.vn

Née en 1996 à Hanoï, Nguyên Hoàng Anh s’est initiée très tôt à la peinture, qui est rapidement devenue sa deuxième passion, après les arts folkloriques. Il y a sept ans, alors qu’elle était encore étudiante en graphisme à l’Université des Arts et du Design de Hanoï, elle a découvert la beauté des émaux de Huê: une véritable révélation, pour elle… Il s’agit en fait d’émaux incorporés à des pièces d’orfèvrerie, selon une technique développée en France, dans la ville de Limoges. Apparus au Vietnam sous la dynastie des Nguyên (1802-1945), les émaux de Huê ont été à la mode pendant au moins six décennies avant de tomber dans l’oubli.   

Fascinée par le savoir-faire des aïeux, Nguyên Hoàng Anh a fait des recherches intenses pendant trois ans pour reproduire et simplifier cette technique complexe. Les sept grandes étapes d’origine ont été réduites à trois: le façonnage du fil de cuivre, la pose des couleurs et le glaçage, effectué avec de la résine époxy transparente. C’est cette nouvelle technique que Nguyên Hoàng Anh a baptisé «hoa kim sa».... 

«La technique d’origine provient d’Europe. Moi, je l’ai transformée et simplifiée pour aboutir à ce que j’appelle donc ‘hoa kim sa’, qu’on pourrait traduire littéralement par ‘peindre sur métal avec du sable’. J’utilise des paillettes argentées pour créer les traits et du sable de quartz pour créer les pigments», nous explique-t-elle.  

En 2020, Nguyên Hoàng Anh a donc fondé le club Hoa Gâm. Deux ans plus tard, le club ouvrait son premier atelier, où sont fabriqués des produits tels que des coques pour smartphones, des cartes postales, des éventails, des sacs à main et bien sûr des peintures. Lê Chu Nguyêt Ánh, elle, est une cliente fidèle…

«Ce sont des produits qui attirent les jeunes parce qu’ils sont originaux tout en mettant en valeur les arts traditionnels», remarque-t-elle. 

Nguyên Hoàng Anh qui met de la paillette sur la culture vietnamienne - ảnh 2Nguyên Hoàng Anh et une visiteuse à l'exposition «Peintures spirituelles vietnamiennes» au musée de la Femme vietnamienne, en novembre 2023. Photo: congluan.vn

En mars 2023, Hoa Gâm a rendu publique sa version pailletée de la célèbre estampe folklorique de Hàng Trông, Les cinq généraux de tigres. Réalisé pendant plus de 300 heures de travail par dix membres du club, ce tableau capte les yeux par des motifs en relief pigmentés et par des couleurs vivantes. Il s’agit de la toute première œuvre du projet «Hoa linh sac Viêt» ou «Dessiner l’âme et les couleurs vietnamiennes», un projet qui consiste à reproduire des estampes folkloriques de Dông Hô, Hàng Trông, Kim Hoàng et Sình, avec la technique «hoa kim sa». C’est bien sûr Nguyên Hoàng Anh qui est à l’origine du projet, comme nous l’a affirmé Nguyên Ngoc Quynh Anh, chargée de la clientèle de Hoa Gâm.

«C’est mon idole ! Il n’y a pas beaucoup de jeunes aussi talentueux et courageux qu’elle, qui a été capable de restituer un art tombé dans l’oubli depuis longtemps», nous confie-t-elle.

Hoàng Anh n’a pas l’intention de monopoliser cette technique. Elle propose des cours et anime des ateliers permettant à un grand nombre d’apprendre et de pratiquer. Luu Bao Châu, elle, est une apprenante… 

«Je peux créer tout ce que je veux avec les couleurs que j’aime. Je suis ravie de découvrir un art traditionnel du Vietnam», nous dit-elle.

Des ateliers de Nguyên Hoàng Anh se tiennent à Hanoï, mais aussi à Hô Chi Minh-ville.

«Je souhaite créer un village spécialisé dans la peinture ‘hoa kim sa’ pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli comme la technique ‘pháp lam’ de Huê», nous indique-t-elle.

Pratique et adaptée à la vie moderne, la technique développée par Hoàng Anh conserve toujours l’élégance et la sophistication de la ‘pháp lam’ - ainsi appelait-on la technique d’origine.

Actuellement, Nguyên Hoàng Anh et son équipe s’emploient à numériser des œuvres pour les faire circuler sur les réseaux sociaux. L’objectif est d’atteindre le plus grand nombre possible d’amateurs de culture traditionnelle.

 

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