(VOVWORLD) - Mercredi soir à Hanoï, le public a retrouvé un invité de marque: le cinéaste et artiste sonore français Vincent Moon, de retour au Vietnam douze ans après son premier passage. Entre conférence et projection de films à Chula, il a partagé sa démarche artistique singulière, empreinte d’humilité et de passion, et retrouvé un public conquis par son énergie contagieuse.
Photo: Thùy Linh |
La rencontre, organisée par The Onion Cellar, s’est tenue à Chula, au bord du lac de l’Ouest. Au programme: une conférence et la projection de plusieurs films, dont Hanoise, portrait vibrant de la scène musicale expérimentale de la capitale.
Fidèle à sa démarche, Vincent Moon filme caméra à l’épaule, au plus près des corps, des sons et des lieux, pour saisir l’énergie brute de la musique dans son environnement naturel. Avec lui, chaque projet devient une exploration intime, spontanée, entre documentaire et performance.
«En fait, je refuse un peu l’idée d’être directeur. Je n’écris pas mes films, je les vis. Je les accueille, comme je peux accueillir une musique ou une rencontre. Les films se font parce que je suis là, mais ils me dépassent. Et j’aime beaucoup être dépassé par ma propre création», a-t-il partagé.
Photo: Thùy Linh |
Un regard humble, mais profondément passionné, qui traverse une œuvre déjà prolifique: plus de 1.300 films réalisés dans le cadre du projet Petites Planètes, documentant musiques populaires, rituels sacrés ou encore expérimentations sonores, toujours partagés en libre accès sur Internet, sous licence Creative Commons.
La projection du film Hanoise, d’une durée de 37 minutes, a été l’un des moments forts de la soirée. Tourné à Hanoï, le film mêle images documentaires, improvisations musicales et instants de vie pour capter l’âme sonore de la capitale vietnamienne. Entre tradition et expérimentation, il esquisse un portrait sensible de la ville à travers le dialogue intime entre caméra et musique.
«C’est une sorte de portrait de la ville, de sa scène expérimentale et d’une certaine radicalité de l’approche musicale. C’est un film que j’aime beaucoup», nous a confié le cinéaste.
Photo: Thùy Linh |
Les œuvres de Vincent Moon n’ont rien d’une archive figée. Elles sont vivantes, mouvantes, en constante évolution. Elles questionnent nos façons d’écouter, de regarder, et peut-être même de partager. Le public, lui, a répondu avec enthousiasme et admiration…
«Je ne connaissais pas encore Vincent Moon, je suis venue à l’événement avec un esprit très ouvert et surtout l’envie de découvrir de la musique. Je dois dire que j’ai été très surprise par sa pratique artistique, notamment le cinéma en direct. C’est une forme d’art particulière, en constante évolution. Quand Vincent Moon explore une ville ou un sujet, il a toujours une approche unique, et je ne me sens pas prisonnière des clichés», a témoigné une jeune cinéphile.
«Très impressionnant. Le style de Vincent Moon est très différent de ce que j’ai appris à l’école. Chacune de ses œuvres est riche en émotions, jusque dans la manière de déplacer la caméra. En tant qu’étudiant, j’apprends beaucoup de lui», a salué un étudiant en cinéma.
Photo: Thùy Linh |
«C’est mon troisième séjour à Hanoï et je ne savais pas à quoi m’attendre ce soir. Mais Vincent m’est déjà familier. Sa passion est contagieuse. Il est un peu fou, et ça donne envie de sortir écouter de la musique, de se rappeler de ce qui existe et de sa valeur. Cette soirée m’inspire pour mon propre travail, mes voyages et ma créativité», a dit un spectateur étranger, photographe de voyage.
Né en 1979, Vincent Moon s’est fait connaître en cofondant, avec La Blogothèque, la série musicale Take Away Shows, devenue culte auprès des amateurs de musique indépendante. Mais c’est avec ses voyages à travers le monde qu’il a façonné une œuvre singulière, mêlant ethnographie musicale, poésie visuelle et questionnement sur nos façons d’écouter et de partager.
Son retour à Hanoï, douze ans après un premier séjour marqué par des souvenirs de rencontres et de films tournés dans des lieux devenus emblématiques comme Zone 9 ou Manzi, avait un parfum particulier. Celui d’un voyageur qui retrouve une ville chère, prête à lui offrir de nouvelles musiques et de nouvelles histoires: «Au Vietnam, j’ai réalisé des films que j’aime énormément. C’est un pays où il reste encore tant à explorer»...