Une tâche qui n’a rien d’aisée…

(VOVWORLD) - Enseigner en français au Vietnam n’a rien d’une tâche aisée, même si on est, pour ce faire, secondé par un assistant, qui fait bien souvent office d’interprète. C’est néanmoins ce que s’efforcent de faire les enseignants coordinateurs qui sont nommés par la direction de tel ou tel établissement selon un contrat spécifique, écrit et renouvelable. Cette semaine, Anh Tuan nous invite à faire connaissance avec Olivier Kassi, coordinateur du master en droit de la coopération économique et des affaires internationales.
Une tâche qui n’a rien d’aisée… - ảnh 1Olivier Kassi  

 

VOV5 : Pouvez-vous nous expliquer en détail votre fonction, votre rôle au Vietnam?

Olivier Kassi : Je suis en poste à Hanoi depuis à peu près 8 mois. J'ai progressivement pris les choses en main. Nous venons il y a quelques jours de terminer l'année universitaire en proclamant des résultats définitifs qui ont été précédés des soutenances de mémoires, des grands oraux, des épreuves écrites... Et justement nous avons une excellente promotion. Du point de vu administratif, le travail consiste, après le recrutement des candidats aux différentes promotions, à les recevoir en début d'année et à faciliter leurs démarches administratives au Vietnam. Comme les professeurs l’ont indiqué, les enseignants viennent du Vietnam c'est vrai, mais nous en avons qui viennent également du Cambodge, du Laos, de France. On en avait même un l'an dernier qui venait du Sénégal. Et parmi des candidats, il y en a qui viennent du Congo, du Burkina-Faso.... Donc il faut faire en sorte que dans cet univers nouveau qui est le Vietnam, et plus précisément Hanoi, ces étudiants puissent avoir des repères, des indications. Il faut leur dire clairement comment fonctionnent les choses du point de vue tous les jours, mais aussi comment faire en sorte que l'année universitaire soit à la fois enrichissante d'un point de vue personnel, mais surtout d'un point de vue intellectuel. Toutes les semaines nous avons deux cours, un cours qui est réservé aux étudiants vietnamiens, cambodgiens et laotiens, c'est-à-dire les étudiants asiatiques et les étudiants non juristes de formation, de sorte à leur fournir l'accompagnement méthodologique nécessaire pour qu'ils puissent maitriser des concepts de droit qui ne sont pas forcement facile à saisir. Puis nous avons une autre séance avec l'ensemble du groupe qui permet justement de traiter chaque semaine un problème de droit sur les différentes matières qui sont enseignées dans le master. Et puis en fin d'année le rôle qui est le mien, c'est aussi de relire les mémoires, d'accompagner la rédaction des mémoires de sorte que les étudiants puissent justement produire un travail d'excellence qualité.

VOV5 : Le droit est une matière difficile même pour les Français. Vous ne pensez pas que cela pose des problèmes de l’enseigner en français?

Olivier Kassi : Enseigner le droit est une chose, enseigner le français en est une autre. Le droit est une matière avec sa part de complexité, c'est une discipline qui est technique, qui a son langage, qui a ses codes, qui a sa méthode. Et le français est aussi une langue qui a ses charmes mais une langue complexe, avec ses règles, qui ne se laisse pas forcement saisir au premier abord… Mais il est évident que c'est un choix que nous avons fait. Comme l'ont dit mes prédécesseurs, il ne s'agit pas d'imposer une langue mais de faire en sorte que notre langue qui est le français puisse se maintenir, de faire en sorte qu'elle puisse offrir des perspectives beaucoup plus vaste aux étudiants vietnamiens parce que la plupart sont capable de parler vietnamiens évidemment, mais aussi anglais et français. Ça fait justement une plus value sur un CV. Effectivement, il est difficile d'enseigner le droit en français à des non Français natifs. Mais il n’en reste pas moins que la plupart des étudiants que l'on reçoit dans notre master ont un niveau de français suffisamment intéressant pour leur permettre de saisir les différents cours qui leur sont transmit, qui leur permettent de comprendre la méthode que nous souhaitons les voir intérioriser durant l'année. Et justement les résultats qu'on a pu observer reflètent leurs capacités à faire des progrès entre le début et la fin de l'année. Ils avaient certainement un bon niveau en français, c'est surement cela qui justifie le fait qu'ils soient recrutés pour la promotion, mais au sortir de cette promotion, ils ont pu améliorer leur niveau de français, d'une part, mais aussi améliorer leur niveau de connaissance juridique puisque nous avons au sein du master un cours de français juridique intensif qui leur permet de développer des notions avec précision et clarté pour que les cours soient plus compréhensibles.                

VOV5 : Dans l'avenir, est ce que vous penserez qui y aura d’autres cursus similaires ou des cours de droit en anglais?

Olivier Kassi : Selon les besoins justement qui vont possiblement apparaître et qui sont liés à des facteurs sociologiques, des facteurs politiques et des facteurs économiques, les universitaires français seront parfaitement au rendez-vous, justement pour proposer leur savoir-faire, leur expertise, leur vision du monde, et pour accompagner ces jeunes universitaire ou ces jeunes étudiants vietnamiens justement à trouver des voix intéressants d'insertion pour l'avenir. Il serait intéressant de monter par exemple un master en droit de la santé, ou un master en droit de l'environnement sur des matières émergentes dont le Vietnam pourrait avoir besoin à l' avenir.      

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