(VOVWORLD) - Cap sur la province de Hà Nam, et plus précisément sur Liêm Tuyên, une
commune rattachée au district de Thanh Liêm, qui a ceci de particulier qu’elle
compte en son sein le village de Dâm qui se trouve être l’une des cinq
localités dont la spécialité est le banh chung, les quatre autres étant Lô Khê,
Tranh Khuc, Phu Thuong et Bo Dâu, cette dernière se trouvant dans la province
de Thai Nguyen, contrairement aux trois premières qui sont englobées dans le
grand Hanoï.
Le banh chung
reste la spécialité numéro un du village de Dam-Photo Ngoc Anh/VOV5
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Les habitants de Dâm ont plusieurs cordes à leur arc, mais le banh chung
reste leur spécialité numéro un, celle qui assure leur renommée, une renommée
d’ailleurs bien méritée tant ils sont durs à la tâche.
A ce stade, peut-être est-il utile de rappeler ce qu’est le banh chung. Eh
bien c’est tout simplement un gâteau de riz gluant, de forme carrée, enveloppé
dans des feuilles de phrynium, farci de graines de haricot mungo, de poitrine
de porc et de poivre noir. Mais c’est
surtout un plat emblématique du Nouvel an lunaire traditionnel, période au
cours de laquelle les Vietnamiens en font une consommation effrénée.
On pourrait d’ailleurs être tenté de croire que le banh chung ne se
confectionne qu’à cette occasion bien particulière, mais il n’en est rien. Les
habitants de Dâm le savent bien, eux qui en font toute l’année durant, avec, il
est vrai, un pic d’activité au moment des pleines lunes, des débuts de mois
lunaires et effectivement du Nouvel an.
Les banh chung sont donc carrés, le carré étant le symbole de la Terre,
complémentaire en cela du rond qui est, quant à lui, rattaché au Ciel. Le
gâteau de riz de forme ronde s’appelle banh dày. Les banh chung qui sont faits
à Dâm sont de parfaits pavés, et c’est tout à fait remarquable, dans la mesure
où les villageois n’utilisent pas de moule. Pour le reste, ils possèdent tous
un savoir-faire qui a fait ses preuves, et dont Nguyên Thi Phuong nous révèle
les grandes lignes.
« Pour réussir ses banh chung, il faut bien choisir le riz, les
haricots mungo et le porc », nous explique-t-elle. « Pour le
riz, c’est du « Nêp cai hoa vàng », qui est une variété
particulièrement souple et parfumée. Les haricots mungo, ils doivent avoir une
couleur jaune clair. Quant au porc, il doit avoir à la fois du gras et du
maigre. Pour ce qui est des feuilles de phrynium, elles ne doivent pas être
trop vieilles, ni trop jeunes, de façon à donner cette couleur un peu verdâtre
à la cuisson. »
A Dâm, c’est de l’eau de pluie qui est utilisée pour la cuisson des banh
chung, cuisson qui se fait dans des marmites de fer-blanc. Le résultat ?
Des gâteaux gras, onctueux et parfumés, qui se conservent longtemps. Pham Van
Luân est un spécialiste en la matière, et pour lui, pas de doute : on ne
fait pas le banh chung à Dâm comme on peut le faire ailleurs.
« Moi, je fais à la fois des banh chung et des banh dày », nous
dit-il. « Globalement, la recette est celle qu’on trouve un peu partout,
mais ce qui fait la différence, ici, c’est la préparation des haricots mungo.
Eh oui ! On le cuit comme on cuirait du riz, à la vapeur… Et puis il y a
aussi le fait qu’on utilise de l’eau de pluie et qu’on façonne les gâteaux à la
main, sans utiliser de moule… »
Les banh chung qui sont faits
à Dâm sont de parfaits pavés - Photo Ngoc Anh/VOV5
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Eh oui ! Rien ne vaut un bon tour de main artisanal… Qu’on se le
dise !
Mais comme nous le disions un peu plus haut, les habitants de Dâm ont
plusieurs cordes à leur arc, et notamment la confection des vermicelles, qui
leur garantit des revenus d’autant plus substantiels qu’ils en produisent
environ deux tonnes par jour et qu’ils en exportent au Laos, au Cambodge et en
Thaïlande.
« Les banh chung, ça, c’est vraiment l’artisanat traditionnel par
excellence », nous précise Nguyên Tri Phuong. « Mais on sait faire
d’autres choses : du tofu, des vermicelles, des galettes de riz et des banh
dày. »
« La terre est un gâteau plein de douceur », écrivait Charles
Baudelaire, qui pour le coup, aurait pu faire de nombreux émules à Dâm.