Qui dit drapeau national…

(VOVWORLD) - Le mois de septembre est une période faste, au Vietnam, en termes de célébrations. C’est du reste le 2 septembre qu’a lieu la fête nationale. Et qui dit fête nationale dit drapeau national. Et qui dit drapeau national dit… Tu Vân.

 

Qui dit drapeau national…    - ảnh 1 À Tu Vân, certaines personnes continuent de travailler à l’ancienne, en faisant le pari de la qualité sur la quantité.

Tu Vân, c’est ce village situé à 30 kilomètres au sud de Hanoï, qui a ceci de particulier que l’on y confectionne des drapeaux vietnamiens à la pelle. 
La broderie, le tissage et la couture sont des traditions solidement ancrées à Tu Vân: depuis le 16e siècle, à en croire les seniors, qui assurent à qui veut l’entendre que la renommée artisanale du village dépasse les frontières. Cette renommée, elle est en tout solidement établie dans la capitale, où plusieurs habitants de Tu Vân ont voulu tenter leur chance en ouvrant des boutiques dans les rues Hàng Bông et Hàng Gai.

Mais c’est en août 1945 que les artisans de Tu Vân entrent véritablement dans l’Histoire. Le 19 août 1945, lorsque la Révolution éclate, les rues de la capitale sont pavoisées de drapeaux rouges à étoile jaune, des drapeaux confectionnés par les couturiers de Tu Vân, qui confirment ainsi avec éclat qu’artisanat et patriotisme peuvent faire bon ménage.     

Qu’en est-il soixante-quinze ans plus tard? Sur place, à Tu Vân donc, l’atmosphère est toujours aussi fiévreuse… L’atelier de Vuong Thi Nhung, qui s’étend sur des centaines de mètres carrés, est en pleine effervescence. On n’en attend pas moins d’un endroit où ont été fabriqués les drapeaux qui  ont accompagné les victoires des équipes nationales de football lors du Championnat d’Asie du Sud-Est de 2018 et des 30es Jeux d’Asie du Sud-Est de 2019 (SEA Games 2019).

«Quand il y a de grosses commandes, on est obligé d’embaucher des dizaines de travailleurs qui se relaient jours et nuits», nous explique Vuong Thi Nhung. «On fait de tout, ici: des drapeaux, des banderoles… C’est un métier passionnant, mais assez pénible, même si les machines nous facilitent énormément la tâche.» 

Les machines… Efficacité, rentabilité… Il n’empêche. Certaines personnes continuent de travailler à l’ancienne, en faisant le pari de la qualité sur la quantité.  C’est le cas de Dang Hông Hiêu, qui peut se targuer d’être le dernier des Mohicans et qui ne s’en prive pas. À l’en croire, fabriquer un drapeau à la main n’est pas si simple qu’il n’y parait de prime abord: c’est un travail qui demande de la précision, de la méticulosité et bien évidemment de la passion. Il faut d’abord choisir un beau tissu provenant du village de La Khê, puis le découper soigneusement. Il faut aussi s’assurer que l’étoile est parfaitement centrée. Mais le jeu en vaut la chandelle…   

«Je suis très fier de mes drapeaux brodés car ils sont souvent installés dans les institutions étatiques et utilisés lors des parades militaires», nous dit Dang Hông Hiêu. 

Lê Thi Tinh, 70 ans, est elle aussi une couturière «à l’ancienne».  Elle conçoit son métier comme un héritage à transmettre. 

«Les habitants de Tu Vân restent très attachés à leur métier traditionnel», nous assure-t-elle. «Actuellement, ce sont surtout des personnes âgées qui font des drapeaux. Les jeunes, eux, partent trouver du travail, ailleurs. Mais je suis persuadée que quand ils seront à la retraite, ils reviendront ici pour coudre des drapeaux.» 

Ce souci de la transmission est assez largement partagé. Témoins ces nombreux enfants qui apprennent à confectionner des drapeaux, comme Thu Trang, qui du haut de ses 15 ans, est bien consciente qu’elle contribue ainsi à perpétuer une tradition. 

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«Fabriquer un drapeau à la main, ça prend beaucoup plus de temps que de la fabriquer à la machine. Il faut compter deux ou trois jours. Mais peu importe. C’est une tradition familiale dont je suis fière», nous confie-t-elle. 

Les drapeaux nationaux confectionnés par les artisans de Tu Vân approvisionnent non seulement Hanoï mais aussi les différentes localités du pays. Les villageois en sont fiers, d’autant plus fiers qu’ils ont ainsi le sentiment de défendre l’indépendance et la souveraineté du Vietnam.

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