(VOVWORLD) - Dans les mariages traditionnels khmers, la musique rythme chaque étape du rituel. Des premières offrandes à la cérémonie de nouage des fils, chaque geste s’accompagne d’un chant ou d’une mélodie qui donne souffle et intensité à la fête.
Un homme et une femme khmers interprètent le Azay. Photo: Thạch Hồng/VOV |
Au cœur de cet univers sonore se trouve le Azay, une forme d’expression populaire où chant, danse, musique et poésie se mêlent dans une performance vibrante. Son origine, expliquent les spécialistes, remonte au Prop-kay, un chant de joutes vocales entre hommes et femmes, marqué par le jeu de répliques et de frappements de mains. De cette pratique est né le Azay dialogué.
À Cân Tho, des tenants de la tradition s’emploient à faire vivre cet héritage. Ly Huyên en fait partie.
«Notre ensemble traditionnel compte deux đàn cò, un đàn khum, un cha pây, un tambour et un pây o. On y ajoute deux disques métalliques qui marquent le rythme. En tout, sept instruments, mais le plus essentiel reste le pây o, suivi du đàn cò. Sans eux, la musique perd de sa force», précise-t-il.
Chanter le Azay relève de la performance artistique. Derrière une apparente simplicité se cache une technique fine. Il faut bien répéter pour réussir à marquer les temps, à transmettre les émotions - la joie, la malice, la colère ou la moquerie - afin de porter tout le sens du récit. Chaque chanson correspond à une étape précise du mariage, comme l’indique Danh Yên, un autre Khmer de Cân Tho.
«Dès la présentation des cadeaux, on joue le Pres rem chon thanal. Puis le Sdach deang accompagne la marche du marié vers la maison de la mariée. Le Bai Khun ouvre la danse pour franchir le portail, avant le Som pon sok thum lors du nouage des fils. Suivent le Kon seng kro hom, le Dom bong dec, à nouveau le Sdach deang pour la présentation des présents, puis le Pres thong et le Lom neang dans la matinée. Enfin, le Kom ping puoi kach conclut le rituel de la coupe du fil, symbole du passage à la vie conjugale», détaille-t-il.
L’art du chant A Day des Khmers. Photo: Thạch Hồng/VOV |
Si les musiques modernes dominent désormais les célébrations, de nombreuses familles khmères restent attachées à leur tradition pentatonique et les ensembles musicaux, comme celui de Danh Yên, semblent retrouver une deuxième jeunesse.
«Nous avons réuni tous les instruments nécessaires, rien ne manque. Les familles khmères reviennent vers la musique traditionnelle. Nous jouons de plus en plus, y compris hors de la province. Mais ce n’est pas un métier lucratif. Si nous fixons des tarifs trop élevés, plus personne ne fera appel à nous, et la musique disparaîtra. Alors nous choisissons de rester accessibles, pour qu’elle continue à vivre», partage-t-il.
Bien plus qu’un divertissement, la musique de mariage khmère transmet des valeurs. Elle enseigne aux jeunes époux la fidélité, la solidarité conjugale, et rappelle aux descendants l’importance de préserver les liens familiaux. Patrimoine immatériel d’une grande richesse, elle incarne l’âme d’une communauté et mérite d’être protégée pour les générations futures.