(VOVWORLD) - Sur la bande centrale du Vietnam, fouettée par le vent et inondée de soleil, vit une communauté qui apporte à la culture vietnamienne toute sa richesse de couleurs: le peuple Cham. Au pied des tours millénaires, au son profond des tambours Paranung et des hautbois Saranai, ses fêtes traditionnelles comme le rituel Duong Gian Sat et le festival Katê ne sont pas que de simples rendez-vous spirituels. Elles sont des instants où le sacré rencontre l’humain, où les hommes renouent avec les dieux, la nature et entre eux...
Le festival Katê fait partie de l’identité cham. Photo: Đoàn Sĩ/VOV |
Le Duong Gian Sat est un rituel ancien, transmis de génération en génération. Organisée chaque année dans l’enceinte des tours Cham, cette cérémonie vise à chasser les impuretés et les mauvais esprits, pour ouvrir la voie à la paix et à des récoltes fertiles.
Paseh Man, membre du clergé cham, en souligne l’importance.
«Le rituel Duong Gian Sat, organisé à la pleine lune du 4e mois lunaire, est indispensable. On y sacrifie poulets et chèvres pour les offrir aux divinités, en priant pour la pluie, le beau temps, et pour que les paysans aient de l’eau et de bonnes récoltes», souligne Paseh Man, membre du clergé cham.
Dans une atmosphère solennelle, les Cham présentent les offrandes, dansent et prient. Les gestes lents et gracieux des danseurs, accompagnés par les sonorités envoûtantes des instruments, composent une scène à la fois mystique et familière.
Si le Duong Gian Sat purifie, le festival Katê est le sommet du calendrier cham. Chaque année, au début du 7e mois du calendrier traditionnel, qui correspond à septembre ou octobre selon le calendrier grégorien, les Cham honorent leurs divinités, leurs anciens rois et leurs ancêtres.
Autour de la tour Pô Klong Garai, les familles déposent des offrandes pour remercier le ciel, la terre, les divinités et les ancêtres. Photo: Đoàn Sĩ/VOV |
En ces jours de liesse, les tours de Po Klong Garai, de Po Rome et d’autres sanctuaires s’illuminent de couleurs. Des cortèges en habits traditionnels convergent vers les temples. Les femmes, éclatantes dans leurs tenues cham, et les hommes, dignes sous leurs turbans blancs, se mêlent dans un flot vibrant de ferveur, comme nous l’explique Bông Tu, qui officie à cette occasion.
«Cette fête est très grande, elle n’a lieu qu’une fois l’an. Le peuple cham ne peut s’en passer, elle existe depuis toujours. Elle rassemble cinq officiants. Le plus important, appelé Bông, mène la danse principale, accompagné d’un prêtre pour les offrandes, de deux tambourinaires et d’un joueur de Saranai», précise-t-il.
Les offrandes principales comprennent une chèvre, trois poulets pour purifier la tour, cinq plateaux de riz et de soupe de chèvre, un plateau de riz au sésame salé, trois gâteaux de riz soufflé et des fruits. À cela s’ajoutent alcool, œufs, pâte de riz gluant sucrée, noix de bétel… Tandis que ces présents sont déposés dans les tours, des centaines d’autres, préparés avec ferveur par les familles, emplissent les abords.
Pour Huynh Co, qui en est un, cette fête fait partie de l’identité cham.
«Pour un Cham, ignorer le festival Katê, c’est être incomplet. C’est un trésor culturel qui doit être largement valorisé, pour que beaucoup puissent le connaître et le partager», souligne-t-il.
Après la partie rituelle, la fête se prolonge dans les villages cham. Jeux traditionnels, danses et chants populaires donnent à l’ensemble un parfum de convivialité et de fierté. Quand résonnent les tambours Paranung et les hautbois Saranai, les jeunes filles cham, en robes traditionnelles, entonnent des chants simples et purs, capables de captiver n’importe quel visiteur.
Pour Lê Kiêu Thuy, qui découvrait la fête pour la première fois, l’émotion est intense.
«Ce festival m’a vraiment impressionnée. J’ai pu admirer l’architecture des tours Cham et plonger dans une atmosphère sacrée, pleine de couleurs. C’est une expérience que je n’oublierai jamais», partage-t-elle.
Dans le vaste patrimoine culturel du Vietnam, les fêtes cham brillent comme des joyaux. Le rituel Duong Gian Sat et le festival Katê ne sont pas seulement la fierté d’une communauté, ils enrichissent l’héritage commun des Vietnamiens.