(VOVWORLD) - Les Cao Lan sont une communauté ethnique vivant dans les provinces montagneuses du Nord. Ils ont réussi à préserver de nombreuses traditions ancestrales, dont leurs rites nuptiaux très originaux que nous découvrons aujourd’hui.
Photo vanhoasondong
|
Direction Yên Thê, un district de la province de Bac Giang.
Lorsqu’un couple veut se marier, la première chose qu’il doit faire est de trouver l’entremetteur qui, selon la tradition, deviendra une sorte de père adoptif pour eux. Après le mariage, celui-ci recevra chaque année des cadeaux offerts par le couple, qui devra aussi porter son deuil après sa mort. Alors pourquoi cet entremetteur est-il aussi important? C’est parce que c’est lui qui s’occupera de tout, depuis la demande de la main jusqu’à l’accueil de la mariée. Pour mériter ce rôle important, il doit être vertueux, maîtriser les codes culturels et avoir le verbe facile. Mais surtout avoir une famille heureuse avec sa femme et ses enfants, explique Trân Van Ngo, un local:
«C’est la famille du futur marié qui doit rechercher un entremetteur. Celui-ci doit avoir au moins 30 ans, être marié et vivre avec sa femme.»
Toutefois, l’entremetteur n’acceptera pas nécessairement la demande, fait remarquer Ninh Quang Nghiêp, un autre habitant du district.
«Quand on va chez le présumé entremetteur, il faut lui apporter un poulet et une bouteille d’alcool. La réception de ces cadeaux signifie l’acceptation du rôle d’entremetteur. Mais il peut aussi refuser en s’excusant. En général, on ne veut pas servir d’entremetteur aux gens qui nous sont trop proches, par peur de partialité en cas de problèmes conjugaux.»
Mais l’entremetteur n’est pas la seule personne extérieure à jouer un rôle important dans un mariage Cao Lan. Il faut encore trouver un guide qui sera chargé, avec l’entremetteur, d’aller chercher la mariée chez elle et de répondre à sa famille. Il s’agit sans doute de la partie la plus originale du mariage. La coutume veut que le cortège de la famille du marié soit bloqué près de sa destination. La famille de la mariée barre la route avec des troncs de bambou ou des bandes de tissu et pose de multiples questions aux proches du marié. La voie ne s’ouvrira que si les réponses données sont pertinentes, indique Ninh Quang Nghiêp.
«La famille de la mariée posera des devinettes, et si les réponses sont bonnes, elle lèvera les barrières. Sinon, elle va retenir le cortège jusqu’à la dernière minute avant l’heure fixée pour la cérémonie d’accueil de la mariée.»
Photo vanhoasondong
|
La personne qui peut «sauver» la délégation du marié n’est autre que le guide qui se trouve souvent être l’un de ses oncles, qui doit parfaitement connaître les traditions. Ses connaissances sont très importantes car s’il ne répond pas correctement aux questions posées par la famille de la mariée, celle-ci l’obligera à boire de l’alcool, encore et encore, et à patienter le plus longtemps possible avant de pouvoir, enfin, entrer dans la maison.
Avant le mariage proprement dit, les Cao Lan organisent à l’instar d’autres peuples du Vietnam, la cérémonie de demande de la main. La famille de l’homme apporte deux coqs castrés, deux boisseaux de riz, deux bouteilles d’alcool, des noix d’arec et des feuilles de bétel.
Le jour du mariage, c’est la famille du marié qui prend en charge la totalité du festin. La nuit blanche qui suivra chez la mariée sera rythmée par les chants alternés et les félicitations réciproques.
Le lendemain, la mariée se rend chez son mari. Elle sera accueillie par un chaman qui effectuera les gestes destinés à empêcher les mauvais esprits d’affecter sa vie de couple. L’entremetteur reliera symboliquement les deux jeunes gens, leur souhaitant un bonheur éternel.
Après le mariage, la femme reste chez son mari quelques jours, puis le couple revient chez elle, où il vivra au moins jusqu’à la naissance du premier enfant.