(VOVWORLD) - «Aride»… Il y a gros à parier que c’est cet adjectif qui ressort le plus souvent lorsqu’il s’agit de décrire le plateau calcaire de Dông Van, à l’extrémité Nord du Vietnam. Et pourtant… Les Môngs qui peuplent la contrée - agriculteurs de l’extrême s’il en est - ont démontré qu’il était possible d’y faire pousser des plantes.
Photo congthuong.vn
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Si le gris rocheux n’est pas l’unique couleur du plateau calcaire de Dông Van, c’est parce que les Mông en ont amendé les sols. Il n’est pas rare de les voir avec des hottes remplies de terre. Cette terre, ils la déversent sur les surfaces rocheuses et y font pousser les plantes dont ils se nourrissent. À en croire l’ethnologue Trân Huu Son, cette technique d’amendement des sols leur aura été vitale.
«Par rapport à d’autres communautés ethniques, les Môngs sont arrivés plutôt tardivement, au Vietnam. Toutes les terres fertiles étaient déjà occupées par d’autres ethnies, il ne leur restait que ces hautes montagnes arides», nous explique-t-il. «Dans ces endroits, le climat est particulièrement rude et ils n’auraient pas pu vivre uniquement de chasse et de cueillette. Il leur a fallu inventer une technique bien spécifique pour cultiver sur un terrain aussi rocheux.»
Après la culture sur brûlis, la culture sur rochers!... Il faut dire qu’à Dông Van, ce n’est pas ce qui manque, loin s’en faut!
«Ici, le climat est rude et les terres arables manquent, alors pour notre survie, nous n’avons d’autre choix que de cultiver le maïs entre les rochers», nous dit Giàng Thi Ly, une Mông de la région.
Les Mông choisissent des espaces de 10 cm à un demi-mètre carré. Après avoir ceinturé ces minuscules parcelles de petits talus de pierres, ils les remplissent de terre. Cette terre, ils la prennent en bas de la montagne. Tous les jours, ils la transportent à dos d’homme, ce qui représente une belle performance sportive, surtout s’y l’on songe à l’extraordinaire raideur des pentes… Mais une fois arrivés en haut, ils ne sont pas au bout de leurs peines. Cette terre, ils doivent en effet l’enrichir avant de pouvoir y cultiver quoi que ce soit. Eu égard à sa vitalité, le maïs est la plante la plus en vogue, mais les Mông en cultivent d’autres, notamment la courge cireuse et le haricot vert. Dans cette région, il fait chaud en journée et froid la nuit, ce qui est dur à supporter pour les humains mais qui, en revanche, crée une humidité propice à la croissance des plantes.
Photo Hung Cuong
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Le printemps est le moment idéal pour préparer la terre. Les Mông arrachent les herbes sauvages et clôturent leurs parcelles. Si par chance, ils trouvent des terrains plats, ils les labourent, mais la plupart du temps, il leur faut constituer des espaces cultivables entre les rochers, comme nous le confirme Sùng Kinh Du, un Mông du plateau de Dông Van.
«On remplit les interstices entre les rochers de terre qu’on fertilise avec des feuilles mortes et des déchets organiques», précise-t-il. «C’est un travail quotidien: il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne crapahute sur les rochers».
Le plateau calcaire de Dông Van a été reconnu parc géologique mondial par l’UNESCO. Mais quid de cette technique aratoire originale des Mông? Le musée de la province de Hà Giang élabore en ce moment un dossier qu’il soumettra au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme en vue de voir classé ce savoir-faire au patrimoine culturel immatériel national.