Nos bons vieux cyclo-pousses

(VOVWORLD) - Le dring dring du tramway qui passait à côté du lac de l’Epée restituée, les cris des vendeurs ambulants dans la rue, le crissement des cyclo-pousses… Autant de souvenirs qui restent gravés dans la mémoire auditive des Hanoiens. Les cyclo-pousses, notamment, sont une carte postale à eux seuls. Mais depuis quelques années, ces «trois roues» subissent de plein fouet la concurrence. Ils doivent désormais se partager le pavé, et surtout le touriste, avec des bus à impériale, qui bien évidemment, sont plus modernes.
L’avenir des cyclo-pousses est il menacé à Hanoi?
Nos bons vieux cyclo-pousses   - ảnh 1Photo Phat Trien Du Lich

Nous sommes aujourd’hui sur un cyclo-pousse pour faire un tour de Hanoi. Qu’est-ce qu’un cyclo-pousse, allez-vous me dire? Eh bien c’est un véhicule à propulsion humaine, avec une banquette à l'avant pour les passagers et le conducteur qui pédale derrière. Son ancêtre? Le pousse-pousse, moyen de transport très répandu à l’époque coloniale, mais qui réduisait les pauvres conducteurs à n’être que des bêtes de somme… C’est pour redonner un semblant de dignité à ces derniers qu’un ingénieur français a eu l’idée de créer un véhicule à mi-chemin entre le vélo et le pousse-pousse.

Nos bons vieux cyclo-pousses   - ảnh 2L'ancien cyclo-pousse - Photo 2saigon.vn

Le premier cyclo-pousse a ainsi fait son apparition à Hanoi en 1939 et s’est rapidement imposé comme un  moyen de transport populaire, comme en témoigne Nguyên Van Dai, né en 1955, qui a conduit des cyclo-pousses pendant plus de 25 ans.

«Je ne sais pas quand sont apparus les cyclo-pousses au Vietnam, mais j’en ai toujours vu», nous raconte-t-il. «Autrefois, les cyclo-pousses étaient peints en noir et tout petits. On les utilisait comme moyen de transport, pour les hommes comme pour les marchandises. Il n’y avait de place que pour une seule personne. Maintenant, c’est différent, il y a des cyclo-pousses qui peuvent transporter jusqu’à deux personnes».

Nos bons vieux cyclo-pousses   - ảnh 3 Photo An Ninh Thu Do

Oui, seulement, le problème, c’est que les Vietnamiens ont nettement tendance à bouder les cyclo-pousses, et que seuls les touristes étrangers les empruntent encore. Et pour ne rien arranger, voilà que les bus à impériale et les voitures électriques s’en mêlent… Autant dire que la concurrence est rude et que les cyclo-pousses n’ont plus forcément la cote.

«Je gagne en moyenne de 3 à 4 millions de dôngs par mois», nous explique Trân Nhât Hung, un autre conducteur de cyclo-pousse. «Ce n'est pas suffisant pour nourrir ma famille, surtout que maintenant, suite à une hémorragie cérébrale, ma femme est clouée au lit… Avant, ça allait mieux, quand il y avait plus de touristes…»

Nos bons vieux cyclo-pousses   - ảnh 4Les cyclo-pousses de la société «Sans-souci»

Même son de cloche chez Nguyên Thi Hang, directrice-adjointe de la société «Sans-souci», qui propose des tours de Hanoi à cyclo-pousse. Et bien les apparences sont trompeuses car du souci, elle s’est fait, et elle n’a pas forcément tort…    

«Ma société a bien fonctionné depuis plus de 19 ans et durant toutes ces années, tous mes employés ont eu une vie stable. Mais maintenant, on vivote. On est passé de 160 à 100 cyclo-pousses et aujourd'hui, je n’ai plus que 60 employés. Tous les autres sont rentrés chez eux. Soit ils ont changé de métier, soit ils continuent à conduire des cyclo-pousses, mais pour leur propre compte», nous dit-elle.     

Ça ne va pas fort, on l’aura compris, mais pour autant, les cyclo-pousses n’ont pas désertés les rues des grandes villes. Et leur rareté les rend même précieux, maintenant.  Nguyên Van Dai, encore une fois:

«Avec le cyclo-pousse, je peux aller là où mes clients me le demandent», nous explique Nguyên Van Dai. «Avec le bus, par contre, les arrêts sont fixés une bonne fois pour toute, et les clients ne choisissent pas leur point d’arrêt. Et puis je trouve qu’en circulant à cyclo-pousse, on peut vraiment découvrir la ville, avec ses couleurs, ses odeurs, ses bruits… Chose qu’on ne pourrait pas faire en voiture…»

Nos bons vieux cyclo-pousses   - ảnh 5 Photo Anh Tuan/VOV

Irish est une touriste israélienne. Pour elle, pas de doute: rien de tel qu’une petite balade en cyclo-pousse pour découvrir Hanoi.   

«C'est la première fois que je prends un cyclo-pousse», nous confie-t-elle. «C'est mon agence de voyage qui me l'a conseillé en m’expliquant que c’est le meilleur moyen de découvrir la ville. Et en plus, le conducteur est vraiment très gentil!...»       

Est-ce pour cette raison que nos bons vieux cyclo-pousses servent si souvent d’enseigne aux restaurants vietnamiens que l’on trouve à l’étranger, que ce soit à Paris, à Londres, à Munich, à Rome ou à Tokyo? Peut-être. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont un symbole du Vietnam aux yeux des étrangers, au même titre que l’ao dài ou le phở.

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