La diplomatie de défense au service de la réconciliation et de la paix

(VOVWORLD) - Un demi-siècle après la fin de la guerre, le Vietnam mise sur la diplomatie de défense pour tourner une page douloureuse. À travers des projets de décontamination et de déminage menés avec ses partenaires internationaux, dont d’anciens adversaires, le pays construit méthodiquement les fondations de son développement durable.
 
 
La diplomatie de défense au service de la réconciliation et de la paix - ảnh 1Le vice-ministre vietnamien de la Défense, Hoàng Xuân Chiên présente le processus de dépollution à la base aérienne de Biên Hoà. Photo: Duy Phương/VOV

À l’aéroport de Biên Hoa, dans la province de Dông Nai, au sud du pays, les travaux de décontamination de la dioxine se poursuivent. Ce lieu, autrefois l’un des points les plus contaminés du Vietnam, incarne aujourd’hui la volonté partagée de tourner la page du passé.

Le 15 septembre, le vice-ministre vietnamien de la Défense, Hoàng Xuân Chiên, et l’ambassadeur américain Marc Evans Knapper ont participé à une cérémonie marquant la remise de terres décontaminées et la pose de la première pierre d’un nouveau système de traitement thermique de la dioxine.

«Nous voici réunis aujourd’hui à l’aéroport de Biên Hoa pour des cérémonies consacrées à la décontamination environnementale et au traitement de la dioxine. Les résultats obtenus témoignent de la volonté partagée des deux pays de réparer les plaies de la guerre, dans un esprit tourné vers l’avenir plutôt que vers le passé, au service de la paix et du développement durable», a déclaré le vice-ministre vietnamien.

«L’événement d’aujourd’hui va au-delà de la simple poursuite des chantiers en cours. Il nourrit et renforce les liens d’amitié entre les deux nations. C’est aussi la preuve la plus tangible de l’engagement américain aux côtés du Vietnam dans la réparation des séquelles de guerre», a souligné l'ambassadeur américain.

La diplomatie de défense au service de la réconciliation et de la paix - ảnh 2Lancement du projet du système de traitement thermique des sols contaminés. Photo: Duy Phương/VOV

Les États-Unis ont, à cette occasion, annoncé une aide supplémentaire de trente-deux millions de dollars, s’ajoutant aux financements déjà engagés via l’Agence américaine pour le développement international (USAID). Le projet, lancé en 2019, a permis jusqu’à présent de traiter près de la moitié des sols contaminés, désormais rendus à l’usage civil et économique.

Au-delà de Biên Hoa, d’autres localités portent encore les stigmates de la guerre. Dans la province de Quang Tri, ancienne ligne de front, plusieurs organisations internationales collaborent avec le ministère vietnamien de la Défense pour neutraliser les bombes et mines non explosées.

Chaque mètre carré de terre rendu exploitable marque une victoire symbolique: celle du retour à la vie.

«Avant, je n’osais pas cultiver près de ma maison. Aujourd’hui, nous pouvons travailler la terre et élever du bétail sans crainte», raconte une habitante.

Depuis 1993, Washington a versé plus de deux cent trente millions de dollars pour soutenir les programmes vietnamiens de déminage et de décontamination. La République de Corée finance, à travers son agence de coopération KOICA, le projet KVMAP (2018-2024) pour un montant de plus de vingt millions de dollars. Le Japon, la Norvège, l’Allemagne et l’Australie apportent quant à eux un appui technique pour la cartographie des zones polluées. Ces initiatives, qui mêlent aide humanitaire, transfert de technologie et formation, traduisent une forme de diplomatie du concret, où la reconstruction devient un vecteur de confiance.

L’engagement du Vietnam pour la paix ne se limite pas à ses frontières. Depuis plusieurs années, des contingents vietnamiens participent aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment au Soudan du Sud et en République centrafricaine. Les unités médicales et les équipes d’ingénieurs militaires y assurent des missions humanitaires, de soins et de reconstruction.

«C’est une mission en temps de paix, une mission noble et profondément humanitaire. C’est ainsi que nous faisons rayonner l’image de l’armée vietnamienne sur la scène internationale», explique le colonel Nguyên Duy Minh, chef adjoint du Département des relations extérieures relevant du ministère de la Défense.
La diplomatie de défense et la coopération internationale dans le traitement des dommages de la guerre poursuivent un même objectif: bâtir la confiance et consolider la paix.

La diplomatie de défense au service de la réconciliation et de la paix - ảnh 3Remise du certificat de dépollution de 6 hectares à l'aéroport de Biên Hoa. Photo: Duy Phương/VOV

Pour un pays lourdement ravagé par la guerre, la valeur de la paix n’est pas un concept abstrait mais une expérience vécue. Fort de cette mémoire, le Vietnam multiplie les initiatives conjointes avec ses partenaires étrangers: dépollution à la dioxine, déminage, missions humanitaires et participation aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Autant d’actions qui traduisent la volonté d’un État de transformer les cicatrices du passé en leviers de coopération.

«Nous apprécions les compétences et la résilience des contingents vietnamiens, capables d’accomplir leurs missions dans des environnements parmi les plus difficiles et de faire la différence pour les communautés affectées par les conflits», salue Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix.

Sur ces terres longtemps meurtries, la vie reprend peu à peu ses droits. Des cratères de bombes jaillissent désormais des champs verdoyants, et les rires des enfants résonnent là où le silence de la guerre régnait encore.

Par la diplomatie, la coopération et un engagement constant en faveur de l’humanité, le Vietnam s’efforce d’écrire une autre histoire, celle d’une nation réconciliée avec son passé, tournée vers la paix et le développement.

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